« C’EST NOUS LES AFRICAINS QUI REVENONS DE LOIN » ou la mémoire déblanchie du DEBARQUEMENT en PROVENCE et des combattants des troupes coloniales.
Le 15 août 1944, 350 000 hommes étaient engagés dans le débarquement de Provence mais ce n’est que le 16 août que les 225.000 combattants issus des colonies françaises: 130 000 Africains du Nord, 50 000 africains subsahariens, et 45 000 venus d’Indochine, des Antilles et du Pacifique, étaient engagés dans la bataille contre les 250 000 nazis présents dans cette région... Après la terrible bataille de Monte Cassino, les troupes « coloniale » allaient montrer une nouvelle fois leur efficacité et leur courage... et pourtant !
Ce quatrième front, après celui d’URSS, de Normandie et de Calabre, a longtemps été oublié, comme s’il fallait « blanchir » cette guerre et sa mémoire, après la chute de l’empire colonial français il y a 50 ans. Mais la montée de la xénophobie et du racisme alimentée par les pouvoirs politiques, la tendance du repli identitaire dans cette période de crise et de concurrence internationale, et le film « Indigènes » en 2006... ont ressorti cette mémoire des oubliettes de l’histoire.
Il y a aussi le fait du centenaire du déclenchement de la 1ère guerre mondiale, où des centaines de milliers de « colonisés » ont été les victimes de cette boucherie. Aussi, pour la présidence et le gouvernement, engagés militairement en Afrique, il était impossible de faire une croix sur la mémoire des troupes coloniales venues en France pour libérer la terre colonisée de ceux qui les colonisaient, autant en 14-18 qu’en 39-45.
Il est bien difficile de comprendre les raisons qui font qu’aucune troupe coloniale n’ai participé au débarquement de Normandie, mais nous pouvons penser que De Gaulle ne pouvait pas imaginer voire même ne pas tolérer, que la capitale soit libérée par des hommes des troupes coloniales magrébines et noires, lesquelles étaient toujours considérées comme des « français » de « seconde catégorie ». Et nous en déduisons que la progression de ces troupes coloniales dans le couloir de l’Est français n’est pas une question de hasard dans une stratégie globale de guerre.
Aussi, nous verrons comment seront abordés dans quelques mois, les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata en Algérie, le 8 mai 1945, ou comment sera abordée la tuerie de Thiaroye au Sénégal où en novembre 1944, l’armée tira sur ordre d’un officier supérieur contre des Tirailleurs démobilisés venus demander le paiement de leurs soldes et pensions, bilan 74 morts, autant de blessés, et 35 arrestations suivies de peines de 10 années de prison (graciés en 1947)
Déjà dans les média, on entend que ces combattants auraient rallié l’appel de De Gaulle, comme s’ils avaient été mis en réserve. Mais pourquoi donc ne pas rappeler que dès 1939, les troupes coloniales avaient été mobilisées ? D’ailleurs, 80 000 furent faits prisonniers et internés dans des stalags réservés afin de les séparer des blancs, et la moitié ne sont jamais revenus, morts de faim, de froid, des maladies ou des conditions de travail dans les usines d’armement nazies.
Oubliées, alors qu’elles ont à leur actif des faits d’arme héroïques comme près de Lyon où les Tirailleurs Sénégalais du 25ème régiment ont tenu en échec l’armée nazie, à 1 contre 100 pendant deux jours, les 19 et 20 juin 1940, pour retarder l’entrée des nazis dans Lyon. Le Tata de Chasselay a été construit pour rappeler que 194 d’entre eux ont été massacrés à la mitrailleuse ou écrasés vivants et attachés les uns aux autres par les chars de la 3e Panzerdivision SS Totenkopf.
Aussi rappelons cette note de l’Etat-Major français du 27 juin 1940 : « L'infanterie de la 8ème DIC n'a jamais été battue. Tous ses mouvements de repli, imposés par la situation générale ont été exécutés sur ordre. Malgré les fatigues, les privations, le manque de sommeil, l'étendue des fronts, l'adversaire a toujours trouvé devant lui une barrière s'opposant à sa progression. Quand il a voulu la forcer, il a dû renoncer à sa tentative et a subi des pertes élevées. Le RIC du Maroc et le 26ème RTS ont rempli leur devoir, tout leur devoir. Leur honneur militaire sort grandi de l'épreuve. Maintenant que les combats ont cessé, ils restent dans la tradition des troupes coloniales, en donnant l'exemple d'une force digne, cohérente, disciplinée, attirant le respect dû à ceux qui ont bien servi la patrie. »
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