CGT : au CCN des 3 et 4 février 2015, c'est l'orientation de la CGT qui sera en jeu [par Jean LÉVY]
CGT : qu’on ne se trompe pas de cible !
C’est son orientation qui est en jeu !
Par Jean LÉVY
Ancien membre du bureau de la fédération des employés
Ancien Délégué syndical national CGT du Crédit du Nord
Syndiqué à la CGT depuis 70 ans
Le dernier CCN a pris acte de la démission des membres du Bureau confédéral.
Thierry Lepaon n'est plus secrétaire général de la CGT. Il s'est comporté durant son mandat tel un bureaucrate d’autorité, un chef qui juge que sa fonction lui permet d’accéder naturellement à un niveau de vie et aux avantages d’un cadre d’une entreprise privée.
Mais cette conception n’est telle pas tout simplement l’expression de la mentalité du syndicalisme réformiste ?
Et le « problème Lepaon » n’est –il pas plus largement le reflet de l’orientation réformiste donnée à la CGT depuis des décennies ?
S’il ne s’agissait que de distorsions d’ordre éthique, de manquement personnel à la morale syndicale telle que la conçoit dans le syndicalisme de classe, le « cas Lepaon » aurait été vite réglé, ou plutôt, il ne serait jamais posé.
A travers Thierry Lepaon, c’est toute l’orientation de la CGT qui est mise en cause. Celle qui, depuis plusieurs décennie a abandonné le syndicalisme de classe, le syndicalisme de lutte, qui a dévissé progressivement pour prendre le chemin du compromis permanent avec les patrons, devenus des « partenaires sociaux », et le pouvoir en place.
N’est-il pas symptomatique que ce tournant s’est idéologiquement illustré par l’abandon de l’objectif centenaire de la CGT, « la collectivisation des moyens de production et d’échange », exclu de ses statuts ?
N’est-il pas tout aussi démonstratif de cette dérive, la déclaration de Thierry Lepaon faite au Nouvel Economiste, le 14 février 2014 :
« Il n’existe à la CGT aucune opposition de principe face au patronat. L’entreprise est une communauté composée de dirigeants et de salariés – là encore, je regrette que les actionnaires fassent figures d’éternels absents – et ces deux populations doivent pouvoir réfléchir et agir ensemble dans l’intérêt de leur communauté. Sur ce plan, il est évident que le pragmatisme syndical s’impose »…
Cette orientation s’exprime également dans le contenu du manuel d’éducation syndical édité à l’usage des militants CGT par la Confédération, au point de se demander ce qui différencie ce manuel de celui de la CFDT.
Or, Thierry Lepaon, exit de ses responsabilités, n'en a pas moins osé proposer son successeur pour diriger la CGT. Le CCN n'a pas ratifié cette extravagance, mais accepté que celui-ci - le secrétaire de la FD de la Métallurgie - soit chargé de présenter la future équipe confédérale au CCN des 3 et 4 février...Décision prise à la majorité requise compte-tenu du vote de la secrétaire de la FD de la Santé, vote en contradiction avec celui de sa direction fédérale !...
Il appartient donc maintenant au CCN d'approuver ou non l'équipe qui sera présentée par Philippe Martinez...
Mais il ne s'agit pas simplement de noms.
Le choix du CCN devra porter sur l'essentiel : l'orientation de notre Centrale syndicale. Et sur le nécéssaire débat, large et démocratique, au sein des syndicats confédérés qui devra en décider.
Ce qui suppose un congrès avancé en 2015, idée rejetée par la majorité du CCN du 13 janvier.
Mais cette perspective ne peut prendre corps que si ce débat ne reste pas " entre les quatre murs" du CCN, loin des militants, loin des syndicats et des entreprises.
Il est nécessaire que la discussion sur les orientations confédérales s'engage à la base de la CGT, dans ses organisations confédérées. Car les salariés n'adhèrent pas directement au siège rue de Paris, à Montreuil, mais sur le lieu de travail, au syndicat, là où se déroule la lutte de classe, là où l'exploitation s'exprime au quotidien.
Les camarades qui, au CCN défendent cette orientation, doivent être convaincu que le "vase clos" confédéral est porteur d'isolement et de défaite.
Les salariés de notre pays, les privés d'emploi, sont actuellement orphelins d'une organisation syndicale de classe et de masse. Ils mesurent chaque jour ce manque à l'audace agressive du patronat, soutenu par le pouvoir PS, qui mène une contre révolution sociale d'ampleur et de violence inégalées.
Pour y faire face, une CGT de classe et de masse est indispensable.
Il s'agit aujourd'hui de la refonder.
Adressez votre texte individuel ou collectif, en mentionnant votre appartenance à la CGT, et vos responsabilités actuelles ou passées,
au Comité Confédéral National de la CGT 263 rue de Paris (93100) Montreuil
et faites connaître ce texte à Jean LÉVY :