Déclaration de 20 secrétaires fédéraux du Parti Communiste Français
La terrible crise économique et sociale aggravée par le quinquennat Sarkozy, les guerres, les enjeux écologiques de plus en plus forts confèrent aux échéances nationales de 2012 un caractère exceptionnel. A défaut de déstabiliser un clivage droite gauche qui continue de structurer la vie politique française, le regain d’influence du FN orchestré et instrumentalisé par l’UMP favorise le bipartisme. Cette situation fait porter à gauche des responsabilités d’autant plus lourdes qu’après 2012, la réforme territoriale mise en œuvre pour 2014 pourrait redéfinir en profondeur le paysage politique.
Il y a urgence à recréer l’espoir à gauche en contribuant sans ambigüité aux rassemblements nécessaires pour battre la droite et sa politique insupportable pour les salariés et les familles populaires. La force du mouvement pour la défense des retraites où s’est exprimé massivement le besoin de changement politique, le souffle des mouvements sociaux et démocratiques, de Tunis à Madrid, témoignent de potentialités nouvelles.
C’est dans ce contexte national et international en plein bouleversement que, les communistes sont appelés à débattre depuis Janvier de leur offre politique avec le Front de gauche pour ces échéances cruciales. Le conseil national des 8 et 9 Avril a permis de soumettre à la discussion un ensemble d’éléments concrets : Un texte d’orientation politique, les bases d’un Programme populaire partagé, une proposition d’accord pour les législatives, une démarche collective et un Etat des candidatures avancées dans le cadre du Front de Gauche avec Jean-Luc Mélenchon et André Chassaigne ou au titre d’une autre démarche avec Emmanuel Dang Tran et André Gerin.
L’expression du secrétaire national, son évaluation de la situation l’amenant à proposer que Jean-Luc Mélenchon puisse représenter le Front de Gauche à l’élection présidentielle dans le cadre d’un accord global ont été diversement appréciées même si elles ont pu nourrir le débat voire le clarifier. Depuis, les communistes se rencontrent, se réunissent et débattent dans les cellules et sections autour de l’ensemble des éléments soumis à leur décision. Mais nous constatons dans bon nombre de fédérations qu’un malaise persiste et pèse dans le débat des communistes. Nombreux sont celles et ceux qui expriment leur sentiment que le débat ne les concerne pas, qu’il n’y a plus le choix devant une candidature imposée par les médias, présentée comme inévitable et de ce fait le plus souvent défendue à défaut. Cela crée un risque réel de démobilisation des communistes pour la campagne future alors même qu’ils partagent majoritairement une démarche et une ambition pour leur parti et le Front de Gauche. L’urgence est donc à lever deux hypothèques qui pèsent sur les débats :
Un accord cadre clair et validé avec les partenaires avant la conférence nationale tant sur les législatives que sur les lignes essentielles du programme partagé.
La possibilité pour les communistes de disposer d’un choix clair sur le bulletin de vote avec l’ensemble des candidatures. Pouvons-nous imaginer qu’à l’approche d’échéances aussi importantes les communistes, bénéficiant des travaux et du choix de la conférence nationale ne puissent pas librement choisir le candidat, quel qu’il soit, porteur de l’identité et de l’ambition de rassemblement dans laquelle ils se reconnaissent ?
Pouvons-nous envisager qu’une consultation qui ne laisse pas le choix ou un choix par défaut aux communistes puisse permettre de mobiliser les communistes dans les batailles politiques décisives de 2012 ? S’il ne s’agit pas de présager des débats de la conférence nationale ni de leur résultat, nous demandons à ce que chaque candidat, mais surtout chaque communiste soit respecté dans l’expression de sa souveraineté jusque sur le bulletin de vote. C’est en permettant aux communistes de se prononcer sur un choix clair au terme d’un débat transparent que nous pourrons mobiliser l’ensemble des communistes après la consultation des 16, 17 et 18 Juin. Leur participation sera décisive, pour les élections de 2012 comme dans les batailles politiques et sociales pour faire reculer le pouvoir de droite, construire une alternative et obtenir le changement.
Alain BACHE (Landes), William BURIAS (Cantal), Alain BOLLA (Var), Michel CERRUTI (Lot & Garonne), Cyril CINEUX (Puy de Dôme), Sylvain DALLA ROSA (Ardennes), Philippe DENIS (Maine & Loire), François DIOT (Nièvre), Aurélien GUILLOT (Mayenne), Patrick HATZIG (Meurthe & Moselle), Brahim JLALJI (Charente Maritime), Christian JUTEL (Eure), Pierre LACAZE (Haute Garonne), Cédric LATTUADA (Marne), Joël LEFEBRE (Allier), Wilfrid LUNEL (Ille & Vilaine), Jacky NICOLAS (Meuse), Aline PARMENTIER (Haut-Rhin), Hervé POLY (Pas de Calais), Aymeric SEASSAU (Loire-Atlantique)
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Le commentaire de mon ami Jean Lévy :
Certes, la consultation interne au sein du PCF demeure l’apanage des membres de ce parti.
Cependant, nombre de communistes de cœur et d’idéal se situent en dehors. Et l’avenir de la rude bataille politique et sociale, qui s’annonce à l’occasion des "Présidentielles", les concerne également.
En effet, l’accélération du saccage des conquêtes de la Libération, la mise en coupe réglée de la France, de ses richesses, de son peuple par une oligarchie réduite à quelques centaines de familles, exige une prompte réaction de la part de TOUS les communistes, de tous les progressistes, de tous les citoyens attachés aux valeurs d’une République sociale.
Or, tout programme de rupture avec la classe, qui opprime notre nation, se trouve en contradiction directe et brutale avec l’ensemble des traités européens. Ceux-ci ont rayé d’un trait de plume notre souveraineté nationale et populaire. La politique de la France se décide à Bruxelles. C’est le Medef européen, Business Europe, qui dicte sa loi - ses "directives" - aux 27 Etats membres de l’Union européenne, quelle que soit la "couleur" de ces gouvernements, sociaux-démocrates ou conservateurs.
NE PAS RAPPELER CETTE REALITE,
NE PAS CRIER CETTE EVIDENCE,
N’AIDE PAS A FAIRE LA CLARTE SUR LA SITUATION REELLE DE NOTRE PAYS ET DES POSSIBILITES CONCRETES DE RUPTURE AVEC LA DICTATURE DU CAPITAL
LA CONSULTATION DES COMMUNISTES AU SEIN DU PCF POUVAIT DONNER L’OCCASION DE DEVELOPPER CES IDEES FONDAMENTALES AUPRES DES ADHERENTS, ET D’ECLAIRER CEUX-CI DES VRAIS CHOIX, A TRAVERS LES DIVERSES CANDIDATURES DEPOSEES.
Or, selon les textes en discussion, et la présente déclaration de secrétaires fédéraux, seule la question de l’appartenance ou non au PCF, reste le seul enjeu du vote interne de ce parti. Le choix offert par les protagonistes, ne semble pas reposer sur une différenciation de l’analyse politique des uns ou des autres.
Pourtant, des prises de position d’André Gerin sur l’Europe, l’Euro, la nécessaire défense de la Nation et de la souveraineté populaire, auraient pu laisser penser que, sur ces bases, le choix des militants pourrait s’exercer.
Il semble qu’il n’en est rien, la question "fondamentale" reste "Mélenchon" ou un membre du PCF comme candidat, et question subsidiaire, qui parmi ces derniers.
C’est dommage.
Une bataille idéologique sur le fond aurait pu mobiliser l’ensemble des adhérents du PCF, et faire avancer les idées.
D’autant plus, que des millions de français, qui, s’abstenant massivement aux élections, rejettent l’ensemble de la classe politique, du NPA au FN, pourraient se reconnaître dans un programme de rupture totale avec le capitalisme, avec son support européen, l’UE et l’Euro, la recouvrance de la souveraineté populaire et de l’indépendance nationale.
Est-il trop tard pour engager le combat ?
Jean LEVY
Retrouvez Jean Lévy sur son blog : « çà n’empêche pas Nicolas ! »