Des symboles aux actes
La parité hommes-femmes dans le gouvernement Ayrault, c’est très bien. Trente pour cent de réduction des rémunérations ministérielles, c’est symboliquement sympathique. Un code déontologique pour que ne soient pas confondus intérêts personnels et publics, qui pourrait y trouver à redire ? La sobriété dans la gestuelle officielle, le respect des feux rouges en prime, rien de choquant bien au contraire... Côté affichage et communication, l’installation du premier gouvernement de la présidence de l’ex-député de la Corrèze, est sans doute à la hauteur de l’effet d’image recherché. Une fois cette page d’entrée en matière tournée, il convient de mettre désormais au diapason les symboles ostentatoires avec les actes effectifs de gouvernance.
La première des avancées réclamées par le principe de parité concerne l’égalité salariale entre hommes et femmes : une loi s’impose, sur laquelle prendront appui des dispositifs réglementaires et fiscaux contraignant à l’application de la décision parlementaire. La justice en matière d’écart de rémunération exige quant à elle la signature immédiate d’un décret instaurant une augmentation significative du Smic, base pour l’accroissement de l’ensemble des salaires petits et moyens. Pour ce qui concerne la sobriété et la déontologie, l’opinion est en droit d’attendre une démocratisation des grands médias, afin que cesse de leur part la promotion quasi exclusive des forces dominantes, et que soient promus la rigueur professionnelle dans l’information et le respect de la pluralité des opinions citoyennes et de leurs traductions politiques.
En bref, l’exemplarité que souhaite démontrer la nouvelle équipe ne pourra prendre son essor réel que sur une trajectoire de rupture fondamentale avec le sarkozysme, au travers de choix et d’actes sociaux et économiques radicalement à gauche. A rebours des rideaux de fumée qui font le «charme» du centre-gauche.
Christian AUDOUIN
Editorial de L’ECHO
Vendredi 18 Mai 2012