Editorial de « L’ECHO de la Haute-Vienne » : Bricolage
Après avoir multiplié les mesures antisociales, Nicolas Sarkozy fait mine de réinvestir ce terrain ultra-sensible à des fins électoralistes.
L’ex-Monsieur pouvoir d’achat de 2007 redécouvre soudain, notamment dans la perspective de 2012, que la question du niveau de vie est une exigence prioritaire.
Mais face à ce problème réel, son gouvernement bricole une pseudo-réponse sous la forme de primes indexées sur l’accroissement des dividendes versés aux actionnaires. Et fait le forcing en déclarant que la «prime Sarko» sera mise en place d’ici à la fin de l’année, provoquant l’ire des partenaires sociaux qui demandent aux pouvoirs publics de respecter le dialogue social et la négociation collective, au lieu d’imposer cette mesure.
En tentant de focaliser l’attention sur cette initiative qu’il met bruyamment en avant, le gouvernement
espère masquer le côté trompe-l’œil de son opération.
La prime versée n’aura en effet pas de caractère obligatoire et ne concernera que les entreprises de plus de 50 salariés qui distribueront en 2011 plus de bénéfices qu’en 2010. Surtout, ce gadget vise à donner une réponse illusoire aux attentes en matière de pouvoir d’achat. De contourner les vraies solutions qui passent par une augmentation des salaires, du Smic – c’est-à-dire la hausse des rémunérations du travail – en mettant en place une prime subordonnée aux profits des actionnaires.
Au final, seulement une minorité de salariés devrait bénéficier de cette mesure qui ne répond pas aux enjeux pressants d’aujourd’hui, tant sociaux (perte de pouvoir d’achat) qu’économiques (relancer la croissance par la consommation).
Alain Liaigre
Le 28 avril 2011