Election partielle de Corbeil-Essonnes: une sacrée leçon !
Comment dans une ville sans doute l’une des plus gangrénées par les systèmes maffieux du clientélisme à la "Dassault", comment dans une période où le capitalisme en crise est rejeté par plus de 70% de nos concitoyens, comment se fait-il que la gauche se ramasse une claque monumentale aux élections municipales partielles à Corbeil-Essonnes qui de surcroît avait lieu pour cause d’annulation suite aux tricheries reconnues de la droite? Avec 53,71 % des voix le candidat de Serge Dassault bat l’élu PCF, Bruno Piriou, vice-président du Conseil Général qui conduisait une liste unitaire de toute la gauche rassemblant y compris Europe-Ecologie les verts et le PS.
La mobilisation à gauche n’a pas eu lieu, on peut dire même qu’il y a eu désertion d’une partie importante de l’électorat populaire qui n’est pas allé voter. Si la déception est grande chez de nombreux militants de gauche, je ne suis aucunement surpris par ce résultat. Le PCF avec sa stratégie du Front de gauche n’offre aucune visibilité pour l’avenir puisqu’il s’inscrit encore dans des actions qui privilégient des alliances politiciennes y compris dans ses relations avec le parti socialiste. Il reste totalement enfermé dans une vision du passé en s’inscrivant dans le cadre institutionnel actuel alors que tout appelle à le dépasser. Cette élection montre aussi que beaucoup de citoyens sont las de toutes ces combinaisons et qu’ils n’ont pas l’intention d’aller voter pour des partis ou des équipes qui n’offrent comme perspective que d’attendre une élection présidentielle qui elle-même est présentée par la gauche institutionnelle comme le moment qui permettra de chasser Sarkozy mais sans aucunement définir le but et les moyens de transformer de fond en comble cette société inhumaine.
Ces dirigeants politiques sont totalement sourds à ce qui se meut en profondeur dans la société : il y a une énorme exigence d’humanité, de solidarité, de fraternité, de justice qui à force de n’être pas entendue va bientôt exploser. Il y a une très grande volonté de refuser les destructions capitalistes qui à force de ne pas trouver de riposte politique conséquente va se radicaliser. C’est là le champ immense que cette gauche politique est incapable d’investir, tout simplement parce qu’elle ne le veut pas. Elle vit encore sur l’illusion qu’elle peut encore composer avec le système. La participation déclarée aux élections présidentielles de tous ces partis en apporte encore la preuve puisqu’il s’agit de l’élection la plus anti-démocratique qui soit, donnant un pouvoir quasi-monarchique à une seule personne, qui elle-même pour se porter candidate et mener campagne doit déjà disposer de moyens financiers considérables et du soutien des milieux d’affaires. Bien entendu l’extrême-droite est aux aguets prête à utiliser le désarroi, la misère et à détourner la colère des véritables responsables et il ne faut pas la sous-estimer ; la droite et l’extrême droite pourraient continuer de gagner des points si le peuple ne s’armait pas de l’indispensable théorie et organisation de transformation que la situation exige.
Je reste persuadé que de nombreux militants communistes ont compris dans quelle impasse les dirigeants du PCF se sont engouffrés. Qu’ils s’y engouffrent seuls ! Il faut que les citoyens qui aspirent à une véritable transformation gagnent en autonomie vis à vis de ces directions et des organisations qui ne les considèrent que comme des masses de manoeuvres.
Nous sommes des centaines de milliers de citoyens qui ont été ou sont communistes, ceux que l’on dénomme le plus grand parti communiste de France : celui des "ex du PCF". Il s’agit de se rassembler, mais pas seulement, il s’agit d’agir avec tous ceux qui ont de plus en plus conscience que le capitalisme est en train de détruire leur vie et la civilisation, d’agir avec toux ceux qui, désillusionnés de la "classe politique", aspirent, non pas à un changement de gouvernement, mais à un changement de société.
Il s’agit d’organiser la lutte pour renverser le système et pour commencer à s’apprêter à saisir toutes les occasions de l’affaiblir. Ce combat a pour nom la lutte de classes, il nécessite de débarrasser le pays des pratiques tordues et pourries à tous les niveaux d’élus de droite comme d’élus de gauche qui même si ils sont parfois condamnés en viennent à s’auto-amnistier ou à justifier l’injustifiable. Il s’agit d’avoir le courage de s’en prendre aux maffias du capital même si cela peut coûter d’être menacé, d’être licencié, d’être victime de la répression : le prix de la liberté a toujours été à ces conditions.
Alors si ce courage de combattre sans compromission les forces capitalistes, si ce courage se transforme aussi en stratégie consciente de conquête du pouvoir pour briser le système de la dictature de la finance, je suis convaincu que des millions de citoyens des quartiers populaires, des entreprises, des millions de salariés, des centaines de milliers d’artisans, de commerçants et de petits et moyens entrepreneurs se soulèveront pour chasser la clique des politiciens qui quelque soient leurs étiquettes de droite ou de gauche se disputent le pouvoir depuis plusieurs décennies pour préserver le grand capital.
Le combat ne fait que commencer, il sera âpre, nos adversaires utilisent et utiliseront tous les moyens, de l’intimidation à la corruption en passant par la violence, car ils savent que nous ne leur laisserons rien, nous prendrons tout : il s’agit d’une révolution !
Jean-Paul Legrand
militant communiste (Colère et Espoir-Oise)
maire-adjoint de Creil