Elections en Egypte : "Premiers pas"
Depuis hier, les Egyptiens choisissent un successeur au président déchu Hosni Moubarak. Le pays des pharaons est traversé par l’impatience et la crainte pour ces élections libres, une première depuis plus de 80 ans.
Tout est possible quant au résultat final puisque la seule certitude est qu’il y aura des surprises. Treize candidats, plus de cinquante millions d’électeurs et une soif de démocratie qui sera difficile à étancher.
Depuis la chute du dictateur, le pays souffre. C’est pourtant celui qui a le plus de ressources: phosphate, or, pétrole, jeunesse, tourisme, production électrique et surtout de l’eau. A contrario, c’est l’un des pays les plus pauvres de la planète. Les paradoxes sont légions sur les bords du Nil. Ainsi, le manque d’éducation qui a permis au dictateur de faire tirer son armée sur la population se heurte à un niveau d’éducation inégalé par la plupart des autres pays arabes.
Pays des contrastes donc où l’empreinte des pyramides fait encore la fierté de tout un peuple. Si on ne connaîtra les résultats de l’élection présidentielle que dimanche soir, déjà les longues files d’attente devant les bureaux de vote témoignent d’une maturité démocratique naissante. Avec appétit on parle politique à tous les coins de rue et la liberté de parole s’ancre dans le paysage.
L’Occident s’inquiète du résultat des élections et craint la montée des intégristes qui pourraient bénéficier de leur implication au plus près des populations. C’est aux Egyptiens de faire leur choix et quel qu’il soit, puisque issu des urnes, il sera légitime. La démocratie peut être une course avec obstacles que seuls le temps et l’expérience effaceront.
La première victoire, plus d’un an après la révolution, est que, pour la première fois, le résultat n’est pas connu par avance.
Thierry SPRIET
Editorial de L'ECHO
Jeudi, 24 Mai, 2012