Exemplaire, le social-libéralisme
Pauvreté, inégalités
Nous avons connu Tony Blair, le souriant maître d’œuvre de la troisième voie. Nous connaissons la suite, la chute lourde, le succès financier du personnage Blair et les souffrances infligées au peuple britannique et aux peuples européens.
En effet, Tony Blair a fait des émules. Le plus vigoureux, Gerhard Schröder, avec ses réformes structurelles, la réforme du marché du travail dite «Harz IV», l’ex-directeur du personnel de Volkswagen, disparu pour cause de corruption de syndicalistes. «Harz IV», c’est l’explosion des inégalités, et de la pauvreté dans la riche et dominatrice Allemagne. Puis Papandréou…
La pauvreté, Schröder ne la connaît pas ; après une défaite historique du SPD avec 23% des voix, le camarade des patrons est devenu le riche patron de Gazprom, dont il avait fait financer par l’Allemagne une partie du gazoduc de la baltique, le grand ami, le modèle des patrons fait aussi des ménages comme son compère Tony Blair. Bref tout va bien pour lui.
Notre pays avait été en partie épargné, mais voilà, François Hollande -après une campagne sociale démocrate et parfois socialiste- n’a rien eu de plus pressé une fois arrivé au pouvoir que de nommer le pâle Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, et de confier l’économie au social libéral Moscovici et les finances à Jérôme Cahuzac, l’exemplaire social libéral.
Au départ, un social libéral est un homme de gauche, attiré par le pouvoir, vite conquis par l’attrait de l’argent. Puis il veut l’argent et le pouvoir, bref il veut être un dominant sans en avoir l’air.
Alors, par glissements successifs, en confondant marché et économie, il se rallie à la raison économique dominante comme le cercle des économistes animé par son ami JH Lorenzi.
A fréquenter les dominants sans retenue, le social libéral s’éloigne de son électorat : les salariés et les petites PME, les artisans, pour n’entendre que les dominants et leur cupidité sans limite, leur sens des relations publiques en manifestant de la compassion, en donnant à leurs bonnes œuvres.
Le social libéral ne travaille pas pour l’intérêt général, pour les intérêts dominants. Il préfère le MEDEF aux syndicats de salariés, sauf ceux qui se soumettent et sont récompensés, Nicole Notat hier, Chérèque aujourd’hui. Le social libéral répond par le mépris aux revendications du peuple, par la compassion et la communication, il ne peut faire autrement, ces réformes «douloureuses mais nécessaires» sont «pour notre bien».
Le social libéral est bien élevé, souriant, détendu, cynique et content de lui. Fortune faite, il sait où la placer. Son impopularité est le signe de reconnaissance, la preuve de son bon choix ; de toute façon, après le pouvoir, il y aura les ménages à 500 000 euros.
La douleur sera vite oubliée...Tout ça pour s’entendre dire par le Medef et G. Schröder, le porte-parole du patronat européen, qu’il faut plus de flexibilité, d’austérité, moins d’Etat. Plus de pauvres, plus d’inégalités, mais cela personne n’en parle.
La politique menée fut annoncée par l’augmentation du SMIC après cinq ans de vaches maigres, le rattrapage est limité à 0.6% ! Mieux au 1er janvier, ce fut 3 centimes d’euros de l’heure. Tout cela pour ne pas asphyxier le Medef.
La réforme fiscale fut différée, en dehors de mesurettes symboliques : la taxation des1 million de revenus à 75%, après les reculs successifs justifiés par J. Cahuzac, s’est limitée aux salaires, et au lieu de concerner 250 000 personnes touchent 3 500 contribuables.
Mieux, dès juillet, au nom de la relance du dialogue social et sans doute de la lutte contre les inégalités, la table ronde se voit attribuer un thème, la compétitivité.
Mieux, après avoir confié à Louis Gallois une mission sur la compétitivité des entreprises françaises, différentes rumeurs parlent de coût du travail, d’autre de compétitivité hors coût du travail, pour finir par un cadeau fiscal de 20 milliards aux grandes entreprises et à leur porte-parole, le Medef.
Dernier avatar, la réforme du marché du travail et son leitmotiv, la flexibilité dissimulée sous le nom de flexisecurité. Pour mettre bas un siècle de conquêtes sociales, et assurer la sécurité du capital.
Enfin, notre ennemie, la finance, se voit dotée d’une réforme qui renonce à toute volonté d’affaiblir le monde financier : exit la séparation banques de marché/banques d’affaires et banques commerciales. La finance, l’ennemi numéro un de François Hollande candidat, est mieux traitée par le tandem Hollande-Moscovici -dit de gauche, que la finance britannique par le gouvernement conservateur Cameron !
Exemplaire, ce social-libéralisme qui se cache derrière le mot social-démocrate, qui confie le budget à un député maire, dirigeant propriétaire d’une clinique esthétique, d’un cabinet conseil du lobby pharmaceutique et qui comme le monde où il évolue, a son compte en Suisse.
Le social libéralisme est illustré à la perfection par J. Cahuzac, JP Jouyet, H. Lavenir, Moscovici et leurs amis Villeroy de Gallot, H. de Castries, Jean Hervé Lorenzi... du monde financier !
Jean Bachèlerie