François Hollande élu président de la République
Lu sur le blog de Frédéric Delorca :
Monsieur François Hollande, candidat du parti socialiste, vient d'être élu président de la République française. Ce faisant il met fin à cinq années de sarkozysme, cinq années qui furent parmi les plus noires de l'histoire de notre pays parce qu'elles furent notamment caractérisées par le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN, son alignement systématique sur les thèses des néoconservateurs américains, la ratification du traité de Lisbonne contre le peuple, un haut niveau de corruption politique et morale au sein du gouvernement de notre pays avec une surenchère dans la démagogie populiste (entre autre la xénophobie, mais pas seulement) et le mépris de la chose publique.
La fin du sarkozysme va assainir l'ambiance, car elle place au pouvoir un homme plus modeste, sans doute plus honnête, bien que son entourage soit loin de l'être toujours, et qui ne fera sans doute pas de l'entourloupe, et de méthodes marketing abjectes, une forme légitime d'exercice du pouvoir. Mais évidemment nous savons que le Parti socialiste reste un parti européiste, atlantiste et néolibéral. Bien qu'il soit relativement plus à gauche que ses homologues européens, ses dirigeants ne sont pas en mesure à eux seul d'impulser une politique de résistance à la droite européenne, ni de défense de la relance économique.
Il va falloir que des forces politiques se structurent en France pour obliger M. Hollande à refuser le mécanisme européen de stabilité et imposer une logique de résistance au système bancaire.
Selon moi, le Front de Gauche peut être un facteur important de réorientation de la politique européenne. La bonne campagne de M. Mélenchon a arraché la gauche noniste à la logique de la fragmentation et rallié à la politique de nouvelles franges d'électeurs grâce à une revitalisation de l'imaginaire républicain. Mais le score électoral de cette coalition au premier tour ne peut suffire à peser sur le nouveau président, ni sans doute à créer un effet d'entraînement en Allemagne comme JL Mélenchon l'espérait. Une augmentation du nombre de députés Front de Gauche serait sans doute un atout supplémentaire à l'issue des élections législatives, mais cela ne peut remplacer l'absence de stratégie qui continue malgré tout à caractériser le Front de Gauche face aux institutions européennes, tout comme face au système financier et militaire occidental (on a trop vu pendant cette campagne M. Mélenchon improviser d'une semaine sur l'autre, et parfois d'une façon contradictoire, ses positions sur de nombreux dossiers, comme celui de la politique à l'égard de la Syrie).
Il faut que soit au sein du Front de Gauche (mais est-ce possible ?), soit en dehors de lui, se structure une force politique plus claire dans ses orientations stratégiques, qui, éventuellement en partenariat avec lui, pèse sur le nouveau président de la République pour exiger de lui la rupture nécessaire avec la logique mortifère du système financier, de l'Union européenne, et de l'OTAN.
Pour ce faire, il faudrait que la mouvance souverainiste républicaine (MPEP, DLR, UPR) rompe avec la logique groupusculaire et sectaire qui l'inspire depuis plusieurs années, définisse un programme unitaire, et présente des candidatures communes aux prochaines élections législatives sans attendre les élections européennes qui n'auront aucun impact sur la vie politique nationale. Le pourra-t-elle à un mois de l'élection des députés ? On peut en douter, et cependant la France ne pourra pas durablement infléchir le cours des événements planétaires sans cet effort de fédération des forces antisystémiques.
Frédéric DELORCA