Goodyear Amiens, la lutte continue
Près de 3000 personnes se sont retrouvées le 12 février à Rueil-Malmaison devant le siège social Goodyear / Dunlop où une réunion extraordinaire du CCE (Comité Central d’Entreprise) était convoquée par la direction.
750 Goodyear d’Amiens Nord ( sur 1265 salariés) étaient présents devant le siège social, 13 cars partis d’Amiens à 6 heures du matin (à la sortie de l’équipe de nuit) remplis de salariés très motivés pour dire que le combat pour l’emploi continue après plus de 72 mois de luttes. Ils sont venus dire non à la fermeture de « leur usine » en criant bien fort que leur combat depuis presque 7 ans est celui de l’emploi, qu’ils n’étaient pas venus chercher un chèque de départ.
Etaient présents les Goodyear de Montluçon et Riom venus avec plusieurs bus. Etaient aussi présents des délégations de salariés de PSA, Renault, Sanofi, Arcelor Mittal, Pétro plus, 3 Suisses, Lipton, Samsonite etc… venus crier bien fort que leur combat pour l’emploi n’était pas négociable, qu’ils ne lâcheraient rien sur le fond et que leur seule volonté était de vivre dignement de leur travail.
La direction, toujours aussi mauvaise, que se soit dans la gestion de l’entreprise ou dans ses rapports sociaux s’est livrée à des provocations envers les salariés et leurs élus : siège social vidé de ses salariés, vigiles, RG, huissiers à tous les étages, même dans des endroits que l’on voudrait plus intime !!!
Le valet du Gouvernement Valls avait mis à disposition des maffieux américains un service d’ordre en bleu que le contribuable français paie.
Plus de 100 cars de CRS et gardes mobiles étaient présents avec les moyens adéquats de répression prouvant une fois de plus « la volonté de dialogue social » de « responsabilité » prônés par la direction et le gouvernement qui mentent sans vergogne pour dénigrer le syndicat CGT majoritaire dans l’entreprise et qu’ils qualifient de jusqu’auboutisme !!!
Les nombreux médias sur place attendaient du sensationnel, des affrontements afin de faire passer les salariés pour des voyous. Seuls quelques individus étrangers au site d’Amiens ont jeté des projectiles sur les forces de l’ordre et le syndicat CGT soupçonne la direction Goodyear d’avoir organisé ces provocations Les voyous sont ceux qui veulent fermer les usines au nom de la « compétitivité » en tirant toujours plus de profits pour les actionnaires. Cette réunion de CCE n’était qu’une mascarade comme à l’accoutumée.
Le groupe Goodyear annonce que les résultats du 4ème trimestre 2012 étaient exceptionnels, largement supérieurs aux attentes et que l’année 2013 va voir le groupe réaliser un bénéfice net après impôts de 1,5 milliards de dollars !!!
Goodyear et Montebourg (le ministre du dégraissement productif) ne trompent personne, surtout pas les salariés de l’entreprise en déclarant que TITAN renonce à la reprise du secteur FARM (pneus agricoles). TITAN n’était que le prétexte pour licencier à l’origine les 850 salariés du « tourisme », conserver la marque et à moyen terme fermer complètement l’usine d’Amiens.
La délégation du Comité National et des camarades d’Amiens de « Communistes » venus soutenir les salariés et discuter avec eux ont pu constater la détermination et la rage qui animent ceux-ci dans le combat mené actuellement.
Face au bradage économique et social organisé par le MEDEF et le Gouvernement à ses bottes, les Goodyear ainsi que tous les salariés en lutte dans les entreprises ouvrent la voix pour des luttes d’envergure, seules capables de contrer la politique de casse industrielle.
Lors d’une discussion à bâtons rompus dans le bus du retour un salarié nous confiait : « je travaille au dépôt (800 000 pneus) en 3 X 8, j’ai encore 15 ans à travailler avant la retraite et si l’usine ferme je ne retrouverai rien sur Amiens ; J’ai eu un accident il y a quelques années avec une année d’arrêt (chevilles écrasées par un chariot élévateur) et mon fils de 22 ans qui est mécanicien automobile vient de se faire licencier. Il est venu avec moi à la manif car il n’est pas pensable que je perde mon boulot, ma maison n’est pas finie d’être payée et le coût de la vie ne fait qu’augmenter. Il faut que le plus grand nombre de salariés comprennent que ce sont eux qui par leur travail font la fortune de quelques-uns qui les exploitent et que cela ne doit pas durer indéfiniment. Je viendrais également le 7 mars à Rueil à la 2ème réunion de CCE et ce n’est pas le « bonus » de 20 000 euros hors convention que je viendrais chercher comme l’on fait malheureusement les copains de Continental, je serais là pour dire avec mes collègues cette entreprise est à nous et on ne laissera pas fermer.
La lutte des Goodyear continue.