GRÈCE: Le FN et le PCF pour SYRIZA, quel sens donner à cela?
Soyons généreux.
Lorsque nous disons, continuant la ligne du grand PCF alors communiste, que la France doit sortir de l’euro, de l’UE et de l’OTAN pour enclencher un processus révolutionnaire qui aboutisse au socialisme, des cadres, des militants – heureusement pas tous ! – du PCF-PGE nous disent « Vous parlez comme Le Pen ! ». Cela est odieux et malhonnête et imbécile.
En fait nous parlons comme le PCF de Duclos, Waldeck,Marchais qui défendait la nation bien avant le FN, mais avec une vision héritée de la Révolution française qui en faisait le seul cadre dans lequel peut s’exercer la souveraineté populaire.
En fait nous parlons comme Lénine:
« Les États-Unis d’Europe sont également possibles, comme une entente de capitalistes européens… Dans quel but ? Dans le seul but d’étouffer en commun le socialisme en Europe ». Lénine affirmait également qu’une union européenne servirait à « protéger en commun les colonies .» (1)
Ou encore: « Le Conseil de l’Europe sera un tremplin pour intégrer l’Allemagne dans l’Europe occidentale. Cette intégration aboutira à l’abandon de réparations et de la décartellisation de l’Allemagne. […] Le Conseil de l’Europe ne sera aujourd’hui qu’un haut-parleur pour vanter la civilisation occidentale et demain un moyen pour obtenir des pays adhérents la cession d’une part de leur souveraineté. Le but sera la destruction du sentiment national. L’unification de l’Europe est une sainte-alliance des esclavagistes.» (2)
Ou bien Waldeck-Rochet :
« Nous avons mené contre le pouvoir gaulliste des monopoles et nous continuerons de mener contre les tentatives de relève réactionnaire de la politique gaulliste un combat de classe intransigeant et juste. En même temps, nous avons agi et nous continuerons d’agir en faveur d’une politique indépendante de la France, contre la participation de notre pays à l’Alliance atlantique sous direction américaine, contre son intégration à la petite Europe des trusts que représente la Communauté économique européenne, contre l’alliance avec les militaristes ouest-allemands » (3)
Ou du côté syndical Louis Saillant:
« Par le projet de Marché commun européen, les monopoles capitalistes européens, avec l’intervention active des monopoles des États-Unis, tentent de surmonter les contradictions qui les opposent afin d’exploiter en commun les ressources de l’Europe occidentale et de certains pays d’Afrique. L’alignement des politiques économiques et sociales des 6 pays d’Europe intéressés ne peut, dans ces conditions, qu’entraîner un nivellement vers le bas des conditions de vie des masses ouvrières. L’affaiblissement de l’indépendance nationale des pays participants, la domination des monopoles impérialistes allemands et, avec eux, des monopoles américains […] et le surcroît d’exploitation qui doit en résulter dans ces pays, sont contraires aux intérêts des travailleurs » (4)
Enfin Benoît Frachon :
« Il faut faire preuve de beaucoup de naïveté pour croire que dans le Marché commun, dans cette assemblée de rapaces, les monopoles s’embarrasseront des avis des représentants des syndicats. […] Ce n’est pas d’une Commission du Luxembourg dont ils [les syndicats et travailleurs des Six] ont besoin, mais d’une solide unité d’action. […] Nous ne nourrissons pas l’illusion dangereuse de domestiquer cette machine infernale forgée par les monopoles sur l’initiative des impérialistes américains qu’est le Marché commun. L’intérêt des travailleurs de tous les pays du Marché commun est de combattre pour sa destruction et nous ne pensons pas que le fait qu’il ait été voté par les Parlements soit une raison pour que nous abandonnions la lutte pour sa liquidation .» (5)
Voila ce que nous, communistes du PRCF, continuons de dire, car les faits, têtus, ont démontré que les communistes avaient vu juste.
Alors oser nous dire que nous « parlons comme Le Pen »…Par charité évitons les qualificatifs.
Nous commencions cet article en disant soyons généreux car nous, nous ne dirons pas au PCF-PGE qu’il parle comme Le Pen quand il souhaite la victoire de Syriza en Grèce. Ce serait odieux et malhonnête et imbécile.
En revanche analysons cette convergence.
Notons que le PCF ne soutient pas le PCG (KKE). Étrange comportement pour un parti se prétendant communiste que de ne pas soutenir un parti frère…à moins que les dits partis ne soient plus frères, que l’un soit resté communiste et l’autre devenu un ectoplasme satellisé au PS.
Allons plus loin. Le Pen soutient Syriza, certes c’est une grossière mystification, l’extrême-droite adore semer la confusion. Mais imagine-t-on le FN soutenir même tactiquement un parti communiste ?
Évidement pas.
Syriza c’est la social-démocratie « new-look », qui n’est qu’une version ripolinée du PASOK. En refusant la sortie de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et de la dynamique que de telles décisions pourrait enclencher vers le socialisme, Syriza se condamne à être « le gérant loyal du capitalisme »selon la formule franche, une fois n’est pas coutume, de Blum.
Évidement le peuple grec ne l’entendra peut-être pas de cette oreille….mais cela c’est une autre histoire qui commencera le 25 janvier au soir.
Ce qui est certain c’est qu’il existe en Grèce un parti qui prône les 4 sorties et ce parti c’est le KKE. Et nous, communistes de France, c’est ce parti-là, n’en déplaise à Laurent ou Le Pen, que nous soutenons.Un peu de clarté dans ce début d’année obscure.
A.M.
(1)Lénine, « Du mot d’ordre des États-Unis d’Europe », 1916 dans Œuvres choisies en deux volumes, tome I, deuxième partie, Moscou, Éditions en langues étrangères, 1953, p. 413-417.
(2) Madeleine Braun 1949 députée du PCF.
(3)Conférence internationale des partis communistes et ouvriers. Moscou, 1969, Prague, Paix et socialisme, 1969, p. 115.
(4)« Rapport sur l’activité syndicale dans le monde et le développement des liens fraternels et de l’unité du mouvement syndical international pour l’élévation du niveau de vie des travailleurs, pour leurs droits économiques, sociaux et démocratiques, pour le désarmement, la paix et l’indépendance nationale », IVe Congrès FSM. Compte rendu des travaux. Leipzig, les 4-15 octobre 1957, p. 34-35.
(5) Ibid., p. 486-487
Le Secrétaire général du KKE, Dimitris Koutsoubas, dans une interview pour «Έθνος της Κυριακής» a déclaré que les députés communistes pourraient soutenir ce qu’il nomme les «petites victoires» pour les travailleurs. Il explique que le KKE soutiendra les initiatives législatives du gouvernement de SYRIZA si elles sont positives pour les travailleurs, et si elles remettent en cause toutes les pertes subies au nom de l’Union Européenne, de la dette et de la rentabilité capitaliste.
« Bien sûr, si les circonstances le permettent et que le gouvernement porte une loi pour casser les régressions, nous voterons pour. Par contre le gouvernement de SYRIZA votera t-il les lois populaires déposées le KKE à la Chambre? »
Le KKE mobilisera le peuple pour conquérir de nouveaux droits
Interrogé sur la question d’un éventuel soutien à M. Tsipras, le Secrétaire général du KKE a déclaré que le président de SYRIZA « n’est pas naïf, il ne veut pas des voix gênante du Parti communiste contre un gouvernement qui va (selon le KKE) continuer sur la même voie que les gouvernements précédents, et qui aura les mêmes conséquences tragiques pour le peuple ».
« Si le Parti communiste se montre ouvert à un tel gouvernement, le peuple ne fera plus confiance au KKE, nous couperions tous les liens avec lui, comme d’autres Partis communistes qui ont soutenus des gouvernements » ajoute t-il.
Le Parti communiste entend mobiliser la rue après l’élection, M. Koutsoubas déclare que « c’est le seul moyen pour que le peuple arrache des conquêtes et des droits, pour contrer les mesures impopulaires, et pour ouvrir une perspective de jours meilleurs pour nous et nos enfants »
source : initiative communiste