La France n'est plus indépendante, ni souveraine... (Tribune libre)
La France n'est plus indépendante,
ni souveraine...
par Jean Lévy
« Le Monde » daté du 31 mai 2012 titre en « Une» sur quatre colonnes :
« Bruxelles appelle (le gouvernement français) à des réformes structurelles sous peine de sanctions »
C'est ce que « Le Monde » nomme, sans sourciller « les leçons de rigueur de Bruxelles à la France »
Et pour être plus explicite, le quotidien du soir précise que « tout comme les déficits, les déséquilibres macroéconomiques devront être réglés par le biais de réformes structurelles (...) dans le sens de la libération du marché du travail ».
Une fois de plus, nous voici prévenus. Utilisant à dessein un vocabulaire volontairement abscons, nos maîtres européens, applaudis par leurs valets de plume, annoncent la couleur : pour être encore plus « compétitifs ».
En d'autres termes, les salariés, davantage pressurés et tondus, créeront de la plus-value supplémentaire au bénéfice des patrons. Pour ce faire, les employeurs seront « libérés » des contraintes légales, qui limitent encore trop, à leurs yeux, l'ampleur de l'exploitation qu'ils font subir à leur personnel. Pouvoir licencier à leur guise, être exonérés des obligations découlant des conventions collectives, ne plus être contraints d'appliquer le Code du travail, imposer sans restriction la loi patronale, tels sont énoncées quelques mesures concrétisant leur appétit de « compétitivité » accrue, en clair, de profits encore plus étendus pour les actionnaires.
Tel est « le Programme commun » du MEDEF, de son homologue européen, le Business Europe, et des dirigeants de l'Union européenne, justement mise en place pour appliquer les objectifs du Capital.
Le gouvernement français, qu'il soit de « gauche » ou de droite, dans le cadre des traités européens qui le lient, n'a pas d'autre choix que d'appliquer ce programme.
Les ministres ou le nouveau président devront s'arrêter aux feux rouges, (Bruxelles n'a pas encore décidé en la matière).
C'est une des seules « libertés » qui leur est laissée.
Mais pas celle de légiférer en faveur des travailleurs et des couches populaires.
Sauf si ceux-ci se mettent en travers de la route et décident que les oukases européens ne franchiront plus nos frontières.
Pour bénéficier du « Changement, c'est maintenant ! »,
C’est la seule voie possible à explorer.
J.L.