La guerre de Vendée est bien une guerre civile
Courrier des lecteurs
L’expression de «génocide franco-français» à propos de la guerre de Vendée est issue du titre d'un livre de Reynald Secher paru en 1986 «Le génocide franco-français : La Vendée vengée» qui a ouvert une polémique qui dure encore aujourd'hui.
Un livre au titre provocateur, dont malheureusement la partialité ne laisse aucun doute sur les préjugés idéologiques de son auteur. Sans parler de la préface de Pierre Chaunu....amalgamant allègrement SS, goulag et Khmers rouges ou d'un site royaliste laudateur dans lequel on peut lire «comment le génocide vendéen a vraiment été l’acte fondateur de tous les totalitarismes modernes et ouvre la voie à Staline et Pol Pot».
Il faut rappeler que le mot de génocide a été «inventé» en 1944 par Raphaël Lemkin (professeur de droit) est a été intégré dans le vocabulaire du droit international en 1951, plus précisément dans la «convention pour la prévention et la répression du crime de génocide» et approuvé par l'assemblée générale de l'ONU.
L'article 2 de cette convention définit les victimes comme faisant partie d'un «groupe national, ethnique, racial ou religieux» ce que n'étaient pas les habitants de ce qu'il est convenu d'appeler la Vendée militaire.
Je me bornerai à citer les propos de l'historien Jean Clément Martin dont le livre «La Vendée et la France» donne une vision beaucoup plus sereine et scientifique de cet épisode important de notre histoire : «Il ne faut pas donner à ce qui reste encore aujourd'hui la dernière et la plus grave des guerres civiles françaises une signification qu'elle n'a pas et en faire un génocide, c'est à dire la destruction systématique d'un groupe humain déterminé. En demandant la destruction de la Vendée, les groupes de révolutionnaires enflammés par Barère ne s'attaquaient pas aux Vendéens en tant qu'habitants d'une région géographique limitée, mais à ceux qu'ils estimaient être des contre-révolutionnaires. Et les Vendéens ont malheureusement pour eux incarnés un moment ce type d'ennemis de la révolution.»
Ce n'est pourtant pas un hasard si une proposition de loi en 2007 non votée, et un amendement plus récemment à l'occasion du vote sur le génocide arménien, ont été déposés par des députés de droite disciples de M. De Villiers pour la reconnaissance du «génocide vendéen», proposition dont la dimension idéologique est évidente. Il s'agit bien évidemment de faire le procès des Lumières, de la révolution «matrice des totalitarismes du XXème siècle» des hommes qui incarnent ce moment important de notre histoire et de tuer toute idée de révolution rompant avec le capitalisme.
Le 8 février 2012
Alain H. - Dordogne