La lutte de classe a pris un caractère national, une tribune libre de Claude Beaulieu, président du « Comité Valmy »
Le Capital n’a pas de patrie.
La voie du peuple : c’est la Nation républicaine laïque, démocratique et sociale
Lorsque Cohn-Bendit, Négri, Strauss-Kahn, Rocard, Giscard et les autres fédéralistes européens expriment leur haine de la nation, c’est en réalité une haine du peuple et de la République qu’ils manifestent. C’est une haine de classe au service de l’Europe supranationale, qui n’est qu’un instrument destiné à pérenniser la dictature d’une globalisation capitaliste, menée par la finance mondialisée. Une haine de classe car de nos jours, l’oligarchie financière n’ayant plus de patrie, les Etats-Nations sont devenus, au service de la classe ouvrière et des peuples, les principaux obstacles à la domination de cette tyrannie sous hégémonie germano-américaine, qui entend bien les détruire.
Pourtant, la réalité nationale est bien vivante. En France, avec la République, la laïcité et la question sociale, desquelles elle est indissociable, elle reste au cœur du combat populaire pour la liberté, la paix, la démocratie, le progrès et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Longtemps, le PCF a défendu une stratégie politique qui était naturellement à la fois internationaliste et nationale. Le rôle éminemment patriotique des communistes, notamment dans la Résistance et, un peu plus tard, contre la CED, en témoigne.
En septembre 1952, lors d’une réunion du Comité Central à Montreuil, Jacques Duclos lançait même un appel "Pour un puissant Front National Uni" contre la CED, projet d’Europe supranationale de la « Défense » et relais déjà, de la menace américaine et atlantiste.
Cette permanence de la soumission de cette Europe supranationale à l’impérialisme américain et à sa politique d’agression et de guerre, n’a jamais été démentie. Elle se trouvait encore confirmée, dans le projet fédéraliste de « Constitution européenne », ultra-libéral, totalitaire et toujours atlantiste. Il serait utile d’étudier cela d’un point de vue historique...
A une autre époque, pour ces mêmes raisons, Georges Marchais et d’autres responsables du PCF furent tentés par un changement d’alliance et de stratégie, symbolisée par le mot d’ordre d’Union du peuple de France. Je suis de ceux qui pensent que si cette ligne politique n’était pas restée velléitaire, si elle avait été développée, elle seule aurait pu permettre de résister efficacement et, à la mobilisation populaire, d’avancer sur des objectifs conformes à la réalité concrète.
C’est le contraire qui s’est produit en conséquence de la stratégie délétère d’"union de la gauche" qui a placé les forces populaires sous la direction des dirigeants atlantistes d’un parti socialiste, social libéral, antinational et maastrichtien.
Cette stratégie inspirée de la Résistance, tentée par Jacques Duclos en 1952 et envisagée plus tard par Georges Marchais, reste aujourd’hui pertinente. Elle seule peut ouvrir le chemin d’un rassemblement populaire majoritaire.
Pendant longtemps sur des positions de principe, lorsque les partisans du nihilisme national insistaient sur la phrase tronquée de Marx "les prolétaires n’ont pas de patrie", les communistes répliquaient que la classe ouvrière n’était pas hostile à la nation, mais qu’elle devait avoir pour objectif d’y conquérir le pouvoir politique accaparé par la bourgeoisie dominante. Marx et Engels prévoyaient lucidement que le moment viendrait où la classe ouvrière devrait s’ériger en classe nationalement dirigeante, « devenir elle-même la nation. »
Aujourd’hui, prenons-en conscience, en Europe particulièrement, ce sont les capitalistes financiers qui n’ont plus de patrie.
Les dirigeants américains, tout en étant eux-mêmes des nationalistes bellicistes, entendent détruire les Etats-Nations, qui sont pour les peuples les bases de leur résistance et deviennent le cadre privilégié du combat démocratique.
La lutte de classe a pris un caractère national.
Le peuple laborieux, dans le combat actuel, doit s’unir et reconquérir la souveraineté populaire et nationale, rétablir la République et la démocratie. C’est le seul chemin vers le progrès social et l’émancipation.
Par opposition aux pratiques de soumission de la social-démocratie maastrichtienne, le moment est venu d’une rupture franche. Celui de la construction d’une alternative populaire, démocratique, anti-impérialiste, patriotique, républicaine et sociale. L’internationalisme passe par la résistance populaire des nations et des peuples, par leur alliance.
Toute Europe supranationale est incompatible avec le progrès social comme avec le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Un rassemblement pluraliste, du type de celui de la Résistance, est à l’ordre du jour.
Claude Beaulieu, militant communiste,
président du Comité Valmy. début 2006
Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par-là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot. ...Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme, et vous abolirez l’exploitation d’une nation par une autre nation. Du jour où tombe l’antagonisme des classes à l’intérieur de la nation, tombe également l’hostilité des nations entre elles (Marx et Engels, le Manifeste du Parti communiste.)