La Résistance d’hier … et la nécessaire résistance d’aujourd’hui
TRIBUNE LIBRE
Lettre ouverte
Léon Landini
Grand Mutilé de Guerre.
Officier de la Légion d’Honneur.
Médaillé de la Résistance.
Décoré par l’Union Soviétique.
Ancien officier des FTP-MOI des bataillons Carmagnole-Liberté.
Le 8 mai dernier, au cours de la cérémonie commémorative qui a eut lieu à Bagneux devant le monument érigé en hommage à la Résistance, notre camarade Léon Landini a prononcé, au nom de l’Amicale des Anciens FTP-MOI des bataillons Carmagnole et Liberté, une allocution qui a été interrompu, par monsieur Napoléone, conseiller municipal de Bagneux et responsable de l’UMP de cette ville, qui a crié « Hors sujet ! » au moment où Landini dénonçait la politique gouvernementale, qui détruit chaque jour un peu plus, les acquis du Conseil National de la Résistance.
Après son intervention, deux autres personnes, beaucoup plus cordialement certes que monsieur Napoléone, sont également venus lui dire : « la deuxième partie du discours était trop politique et que ce n’était pas le lieu de parler de ces problèmes ».
Trop politique dites-vous ? Mais en 1940 entrer en Résistance n’était-ce pas un choix politique ?
A ce moment là, il s’agissait de choisir entre la résignation et la soumission devant la terreur que faisait régner l’occupant, ou bien la résistance et le combat, en risquant sa vie pour chasser l’envahisseur nazi et pour rendre aux français, la liberté et le droit de déterminer par eux-mêmes le devenir de leur pays.
Pas le lieu de parler de ces problèmes ? Mais où est donc le lieu où un résistant pourrait le mieux évoquer les combats, les sacrifices et les raisons qui le motivèrent lui et ses frères d’armes, si ce n’est devant le monument aux morts érigé spécialement pour leur rendre hommage ?
Ce qui serait intolérable, c’est que la commémoration du 8 mai 1945, ne se résume qu’à un simple dépôt de gerbes et à quelques phrases banales, creuses et sans consistances.
Faire une manifestation qui ne mettrait pas en évidence les raisons profondes qui motivèrent les Résistants, ce serait participer à la banalisation de leurs combats et trahir leurs nobles idéaux.
Ce serait également donner raison à ceux qui depuis longtemps calomnient la Résistance et cherchent à détruire tous les acquis du programme du Conseil National de la Résistance (CNR)
Ce programme fut adopté à l’unanimité par les 16 organisations membres du CNR :
- Huit mouvements de Résistance intérieure.
- Deux grandes confédérations syndicales.
- Et six représentants des principaux partis politiques.
Le CNR représentait alors le large prisme politique de la résistance : gaullistes, communistes, socialistes, royalistes, droite chrétienne.
Tiens, le CNR aussi était politique ?
Le programme du CNR ne se limitait pas à la coordination d’actions militaires, mais établissait un véritable programme de gouvernement.
Les lignes ci-dessous donnent un aperçu de quelques une des mesures préconisées, par le CNR et qui permirent une grande avancée démocratique.
- La pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression, la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent et des influences étrangères.
- L’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie
- Un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’Etat.
Avouez qu’il ne reste vraiment plus grand-chose de cela et qu’il est logique que des anciens résistants soient en colère et qu’ils dénoncent avec force la destruction de ce qui fut la raison de leur engagement.
Les mesures qui furent prises dès la Libération, apportèrent un indiscutable mieux être à la population de notre pays.
Ces mesures appliquées pour rendre à la France son statut de grande Nation et pour améliorer les conditions de vie de la population, sont depuis longtemps l’objet d’attaques insidieuses, attaques destinées à détruire tout ce qui avait été acquis à ce moment-là.
Aujourd’hui, nous constatons avec amertume qu’aucune des grandes conquêtes d’après la libération n’est épargnée et que la volonté de faire disparaître le peu qu’il en reste s’affiche au grand jour.
La preuve ? et bien, dans un article paru dans la revue « Challenges » le sieur Denis Kessler, ancien N° 2 du MEDEF, administrateur, (entre-autres) de BNP PARIBAS – Bolloré- investissement - Dassault aviation etc.… et surtout ami personnel du Président de la République, ne cache pas la volonté de tout détruire.
Il a osé écrire :
- « Le modèle social français est le pur produit du Conseil National de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer et legouvernement s’y emploi …. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ».
Une pareille déclaration relève de l’offense et de la provocation au moment où la vie des gens devient de plus en plus difficile.
Au moment, où les grandes entreprises, qui après avoir touché des milliards d’euros par notre gouvernement, licencient des dizaines et des dizaines de milliers de leurs employés, en même temps qu’elles distribuent des dizaines de millions d’euros à leurs dirigeants et à leurs actionnaires.
Au moment, où nous assistons à la disparition de tous nos services publics, que notre pouvoir d’achat fond à vue d’œil, que les grandes entreprises, décentralisent laissant sur le bord de la route, ceux qui ont fait leur fortune, voici que comme dans les années 1940, nous assistons à la mise en cause et à l’arrestation de responsables syndicaux parce qu’ils défendent les intérêts des travailleurs.
Pire encore ! Une chose qui nous rappelle les tristes années de guerre, voici que la police se permet d’entrer dans des classes d’enfants pour les fouiller à corps, allant même jusqu’à arrêter des gosses de six et dix ans.
Dernière nouvelle, voici que le Président de la République demande à la police de fouiller les cartables des enfants avant d’entrer à l’école.
(Probablement avec l’espoir d’arrêter quelques dangereux terroristes!)
Ceci dit, vous voudriez interdire à un résistant de condamner ces ignominies et de défendre publiquement les acquis payés par le sang de ses meilleurs compagnons ?
Allons monsieur Napoléone, soyez sérieux et ne venez pas donner des leçons de patriotisme à un homme dont lui et toute sa famille ont payé très cher la libération de notre pays.
Section de Bagneux
du Pôle de Renaissance Communiste en France
(Hauts-de-Seine)
Le secrétariat