La retraite en danger
Le 23 janvier 2013, le Conseil d’orientation des retraites (COR) doit remettre son rapport au Président de la République.
Ce conseil oriente à partir de la situation financière des retraites et projette les évolutions nécessaires tenant compte de la démographie et de l’espérance de vie et de l’évolution à court, moyen et long terme de la croissance du Produit intérieur brut (PIB).
Il projette alors des scénarios selon les évolutions de la croissance, de l’emploi et des salaires.
A chaque fois, les gouvernements de droite ont utilisé cet organisme en prenant le scénario le plus noir pour faire admettre la réduction des droits à la retraite des salariés.
Il semble que ce sera encore une fois cette démarche-là qui sera choisie par le gouvernement Ayrault.
Le but avoué étant de réduire le déficit constaté provenant essentiellement de cette réduction du coût du travail qui assèche en partie les rentrées de cotisations sociales provenant des entreprises et des salariés.
Jamais n’est avancé l’idée que c’est le coût du capital qui pèse sur les recettes en cotisation, ne serait-ce par le fait de l’abaissement des salaires et de la précarité de l’emploi et du chômage massif.
Jusqu’à présent, les gouvernements qui se succèdent depuis 2002, ont tablé sur l’allongement de la durée de cotisation en la portant de 37ans et demi à 41,5 années pour contrebalancer le tarissement des cotisations sociales et pour couronner le tout, ils ont porté l’âge de départ à la retraite à 62 ans à taux plein pour ceux qui ont cotisé au total durant leur carrière professionnelle 164 trimestres (41,5). Pour ceux qui ne l’atteignent pas à 62 ans, cela peut courir jusque 67 ans maximum y compris pour la retraite complémentaire.
Un article du journal patronal « Challenges » nous apprend cette semaine que le gouvernement planche actuellement sur le choix qu’il fera face au déficit que le « COR » va annoncer le 23 janvier 2013 avec de nouveaux scénarios plus ou moins sombres. Ce journal, bien informé, indique carrément ce que le gouvernement fera, je le cite : « pour éviter la faillite du système, le gouvernement doit choisir entre allonger la durée de cotisations, faire payer davantage les actifs ou geler les pensions ».
Ce journal poursuit sa réflexion en dévoilant ce que le Président pense, je cite à nouveau : « le président de la République a admis que l’allongement de la durée de cotisation pour bénéficier d’un taux plein de 41 ans en 2012 et à 41,75 ans en 2020, est insuffisante pour maintenir l'équilibre du système de financement.
Voilà, les dés sont jetés, il faudrait se résoudre à de nouveaux sacrifices puisque les précédents n’ont pas suffi et ces sacrifices qui le subiront sinon que le travailleur et surtout pas le capital.
D’ailleurs la dame Parisot du MEDEF, compte bien, après avoir réussi à convaincre le gouvernement de mettre en place la flexibilité du travail, à ce que le même scénario débouche concernant la retraite.
D’ailleurs, elle ne se prive pas de pousser les feux vers des décisions drastiques et elle a demandé à ses mandants qui siègent dans les retraites complémentaires Arcoo et Agirc à être à l’avant-garde en mettant sous le nez des négociateurs syndicaux, un projet qui prévoit une évolution des pensions pour 2013 au niveau de l’inflation moins 1,5 point, puis de 2014 à 2017 au niveau de l’inflation moins 1 point. Ce qui veut dire que chaque année le pouvoir d’achat des retraités serait réduit de ces pourcentages ce qui peut faire une perte considérable si cette mesure viendrait à s’appliquer et qui, surement, deviendrait par la suite automatique par reconduction pour un temps plus long.
Cette mesure pourrait alors s’appliquer outre les retraites complémentaires au régime général de la Sécurité sociale.
Cette mesure permettrait de réaliser une économie substantielle. La Fondation IFRAP a ainsi chiffrée qu’une sous-indexation (inflation moins un point) appliquée aux retraites de base (CNAV) permettrait de regagner entre 2 et 5 milliards d’euros (selon qu’on l’applique sur 2 ou 4 ans).
A cela se rajoute la pression de Madame Parisot pour que l’âge de la retraite passe à 65 ans voir 67 ans.
Le gouvernement par la voix de Cahuzac, semble pencher pour la solution envisagée pour les retraites complémentaires de - 1% par rapport à l’inflation chaque année.
Ce même gouvernement, qui avait manifesté en 2010 (Sauf Hollande), ce qui augure mal d’une éventuelle négociation des dits partenaires sociaux, semble avoir déjà arrêté sa position et il lui faut seulement trouver un aval syndical que la CFDT, à nouveau, est disposée à lui apporter sur un plateau du donnant perdant comme une sorte de sado-masochisme.
Comme on le voit, le financement des retraites est un enjeu, d’un coté il y a ceux qui préconisent de réduire le niveau des retraites actuelles et futures avec y compris un nouveau recul de l’âge de la retraite et de l’autre coté la position de la CGT de procéder à une augmentation de la cotisation salariale et entreprise et pour celle-ci en la modulant selon l’importance de l’entreprise et de la place qu’elle accorde au développement de l’emploi et des salaires.
Ce qui se prépare est manifestement la baisse du niveau des retraites pour les retraités actuels mais aussi pour les futurs retraités que sont les actifs actuels qui, d’ailleurs, subiront une sérieuse baisse du niveau de leurs retraites futures à travers la multiplication des emplois précaires, des blocages et réductions de salaires programmés pour deux ans dans l’accord que vient de signer, sous les auspices du gouvernement, les organisations syndicales minoritaires CGC-CFTC-CFDT avec le Medef.
Le gouvernement va proposer une concertation avec les syndicats au printemps concernant le financement de la retraite : un nouveau marché de dupe s’annonce et le patronat compte bien ramasser la mise.
Ces manigances ont assez duré : la lutte s’impose sans attendre et il importe que rapidement les travailleurs et les retraités sortent dans les rues pour s’opposer à un nouvel accord scélérat.
Bernard LAMIRAND