Le Parti communiste de la fédération de Russie dénonce la collaboration du gouvernement russe à l’ONU lors du vote qui ouvrant la voie à l’intervention en Libye
Déclaration de Guennadi Ziouganov, président du Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF) :
Le 18 mars, le Conseil de sécurité de l’ONU, sur initiative des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et du Liban a approuvé la résolution 1973 qui oblige les troupes gouvernementales Libyennes et l’opposition à cesser immédiatement le feu. Le document formulé de façon ambiguë a obtenu dix voix pour (neuf étaient nécessaires).
La Russie, la Chine, l’Inde et l’Allemagne se sont abstenues. La liste même de ces pays, dont la population représente la majorité des habitants de la planète, laisse aux promoteurs de la résolution la possibilité de parler au nom de toute la communauté mondiale.
La résolution exclut une intervention militaire directe en Libye. Mais elle n’empêche pas que l’on puisse lui infliger des coupes. A partir de maintenant, l’espace aérien de la Libye sera considéré comme fermé. Mais dans la résolution, il n’y a pas de réponses concrètes et absolument légales par rapport à la façon dont sera mise en place la zone d’exclusion aérienne, quelles seront les règles et les limites de l’usage de la force.
Toutefois, la France et l’Angleterre ont déjà déclaré leur prédisposition à bombarder la Libye, ce qui signifie le début de la guerre de l’OTAN contre un autre Etat souverain. Le gouvernement de la Libye a annoncé qu’il fera appel de la décision. Le danger de guerre pourrait impliquer l’ensemble de la Méditerranée méridionale.
A Tripoli, le document a été considéré comme une menace à l’unité du pays. Il semble que l’Occident cherche, par le biais du Conseil de sécurité de l’ONU, de mettre en œuvre le plan qu’il cultive depuis longtemps : provoquer un « changement de régime » en Libye, installer à la place de l’actuel gouvernement légal ses vassaux, diviser le pays.
C’est le modèle classique de la politique coloniale du « diviser et régner ». Car nous savons tous que justement la Libye aspire à l’unité des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, pour résister au néo-colonialisme et à la mondialisation à l’américaine.
Au cours de la votation, ont été constatées des violations sans précédents de la procédure établie. Dans le projet de document convenu juste avant le vote ont été introduits des amendements qui ont créé une sorte de subterfuge pour une intervention terrestre de grande envergure. On fournit ainsi les bases de l’arbitraire de l’Amérique et de ses alliés.
Il est déplorable que la Russie n’ait pas utilisé le droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU, pour empêcher l’adoption du document, qui aggravera considérablement la situation en Afrique du nord, laissant les mains libres à l’OTAN pour la prochaine opération punitive, qui menace sérieusement les intérêts stratégiques de la Russie dans cette région.
De cette façon, la Russie se transforme en partenaire des opérations pour la création du « Grand Moyen-Orient », contrôlées par l’Amérique. C’est la poursuite de la dangereuse politique qui a mené au bombardement des villes pacifiques de Yougoslavie, à l’intervention sanguinaire en Irak et à l’émergence en Afghanistan comme centre du narcotrafic mondial sous l’égide des Etats-Unis.
Il est nécessaire de prendre en considération également le fait que, dans les derniers jours, la pression s’est considérablement intensifié sur la Syrie, allié fiable de la Russie au Moyen-Orient. Les Etats-Unis et l’Union européenne cherchent à déstabiliser la situation dans ce pays. Il est clair que les mesures légales du gouvernement de Syrie pour éviter que les désordres provoqués par l’extérieur mènent à des tentatives de chantage similaires à celles exercées sur la Libye.
De cette façon, le vote sans convictions et myope de la Fédération de Russie au Conseil de sécurité de l’ONU sur la résolution anti-libyenne crée un très dangereux précédent, qui menace la paix et la stabilité au Moyen-Orient, les intérêts à long terme de notre pays.
Le KPRF demande au gouvernement de la Fédération russe d’interrompre cette politique de concessions à l’Occident et de soutenir celle de la défense des intérêts nationaux de la Russie.