Les GAUCHES ont rompu avec les COUCHES POPULAIRES, la droite et l’EXTRÊME-DROITE s’envoient en l’air
Toutes les gauches sont en implosion. Que décident-elles ? En dehors des amis de Jean-Luc Mélenchon, qui tentent de construire une organisation de type Podemos à la française avec le M6R (1), tous ont décidé de continuer les mêmes lignes et pratiques politiques perdantes. Pour elles, on ne change pas les équipes qui perdent ! Pire, elles sont persuadées que cette déroute de 2014 n’est due qu’à une mauvaise communication ou une mauvaise pédagogie et qu’en expliquant mieux, tout rentrera dans l’ordre. Les augures des élections de 2015 sont encore plus sombres ? aucune importance, au fond de l’impasse, le mur, alors on accélère pour aller vers un crash spectaculaire !
Jamais ne les effleure l’idée que la majorité des ouvriers et des employés (53 % de la population) a très bien compris et qu’elle a décidé, si les gauches ne changent pas de ligne et de pratique politiques, de ne plus voter pour elles et de s’abstenir ! Sans forcément le savoir, elle applique la célèbre formule d’Albert Einstein : On ne résout pas les problèmes avec le mode de pensée qui les a engendrés !
Ce n’est pas la prolifération des nouveaux Jésus-Christ qui donnera une solution à la crise globale systémique que nous connaissons. Ceux-là proposent de rejeter tous les apports du mouvement ouvrier et de la République sociale par une idée simpliste, une simple mesure qualifiée de bon sens censée régler tous les problèmes de notre temps : suppression de la démocratie représentative et de la démocratie directe au profit d’un tirage au sort, suppression des politiques sociales au profit d’un revenu à vie, etc.
Et malgré le best-seller de feu Stéphane Hessel, ce n’est pas la gauche de l’indignation qui nous mettra seule sur le chemin de l’émancipation. D’autant que cette gauche qui lutte pour la participation au pouvoir des discriminés visibles n’a pas un mot contre l’éradication quasi-totale de la majorité invisible des ouvriers et employés (hommes ou femmes d’ailleurs !) de tous les postes de responsabilités du pouvoir politique et de la plupart des postes de responsabilité des organisations (2).
Voilà qui rend plausible la perspective mortifère d’un deuxième tour de type 2002 en 2017 ! Bien sûr, on nous proposera au dernier moment, sans foi ni loi, l’alliance la plus large pour s’opposer à l’extrême droite : autant dire les quinze années précédentes n’auront servi à rien…
Se ressaisir alors qu’il en est encore temps !
Comprenez qu’il faut débattre, dialoguer, agir avec la majorité du peuple, c’est-à-dire avec les électeurs de gauche potentiels qui font partie des 70 % des ouvriers, des employés, des chômeurs, des jeunes de moins de 35 ans, des couples qui gagnent moins de 20.000 euros par an. Ils s’abstiennent parce qu’ils n’ont plus confiance, que la promesse républicaine de la mobilité sociale n’existe plus, que les préoccupations de la plupart des dirigeants de la gauche ne sont pas les leurs !Ah, ils ne viennent pas aux réunions organisées par la gauche de la gauche ? Mais connaissent-il ses responsables au moins ? Que répondrait alors Lagardère ? « Si tu ne viens pas à Lagardère, c’est Lagardère qui viendra à toi ! »
Eh oui, c’est sans doute la conséquence du fait qu’à aucun moment n’est mis en débat le phénomène de gentrification de la période néolibérale qui rend la majorité du peuple invisible car elle habite de plus en plus loin des militants des couches moyennes supérieures radicalisées qui eux résident dans les villes centres ou en banlieue ! Ces banlieues populaires qui restent à tort dans l’imaginaire de la gauche de la gauche le seul endroit de résidence des couches populaires ! Car le nombre d’ouvriers et d’employés croît dans les zones périurbaines et rurales ! Voilà pourquoi notre partenaire le Réseau Education Populaire (REP) (3) intervient aussi bien en zone urbaine qu’en zone périurbaine et rurale.
Comprenez qu’il faille alors créer du lien social avec ces couches populaires, sans quoi aucun travail culturel et politique ne sera possible ! C’est à la gauche de la gauche de se transformer en gauche de gauche et de créer ainsi des synergies dans les luttes sociales des couches populaires, de monter des actions de solidarité concrète se démarquant des actions de charité de la doctrine sociale des églises !
Comprenez que la petite bourgeoisie intellectuelle, elle, défend les idées vraies et justes, mais pas des gens : intérêt personnel, carriérisme, elle s’y connaît mais se permet de crier ouvertement sur l’élève qui refuse de comprendre. Et quand de plus elle se divise, quand les joueurs se taclent entre eux, les couches populaires savent qu’il y a peu de chances qu’elle marque pour elle, et même qu’elle soit utile en ligne de défense face aux tirs des autres . C’est un dernier espoir qui s’envole, alors elle déserte les tribunes, et les urnes.
Comprenez qu’il faut mobiliser sur les problèmes ressentis par ces couches populaires majoritaires : le chômage, la précarité, les salaires, l’école, la santé et la protection sociale, les services publics, la laïcité, le pacte de responsabilité, les injustices sociales, la remise en cause du programme du Conseil national de la Résistance, les conditions de travail, la crise globale, la croissance des injustices, de la misère, de la pauvreté… et alors remonter aux causes (le capitalisme, l’Union européenne, etc.) pour proposer des alternatives. « Partir de là où en sont les gens », disait Saul Alinsky dont nous vous avons déjà recommandé la lecture (4) de préférence aux derniers gourous à la mode médiatique !
Voilà pourquoi nous espérons que le changement de ligne et de stratégie sera à l’ordre du jour des gauches en 2015 ! Dans l’immédiat, il n’y a rien de mieux à faire que de construire un rassemblement à gauche, aussi large que possible, sur des mots d’ordre anti austérité. Mais une vraie refondation du Front de gauche passera par l’inclusion de la classe ouvrière et employée en son sein, et exige donc de déterminer une ligne et une stratégie pour y parvenir.
Au-delà des échéances électorales, reconnaissons que sans projet alternatif, il n’y a pas de ligne gagnante, et que nulle part dans le monde depuis la fin de l’URSS il n’existe à gauche de projet d’alternative crédible au capitalisme (au sens de système caractérisé par la propriété privée des moyens de production). Travaillons patiemment, dans les luttes et dans les initiatives d’éducation populaire, à définir un tel projet identifiable pour la gauche (5).
Évariste
- Voir http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/lere-du-peuple-selon-jean-luc-melenchon/7387455 [↩]
- Voir http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/limpense-de-toutes-les-gauches-lexclusion-politique-de-la-classe-ouvriere-et-employee/7387274
- Et évitons d’imiter ces équipes militantes de la gauche de la gauche qui ont souhaité mobiliser contre le TAFTA (Trans-Atlantic Free Trade Agreement). Largement gagnés à l’anglicisation transnationale du monde, elles n’ont même pas perçu le niveau de mépris ressenti à la lecture de leur tract par la majorité du peuple français qui ,lui, continue de parler français. « Pacte transatlantique pour le commerce et l’investissement » (PTCI) apparaît sans doute au-dessus de leurs forces !
- Voir http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/que-faire-revolution-ou-revelation-il-va-falloir-choisir/7386564 [↩]
- Quelles que soient les réserves qu’on peut éprouver envers la direction très personnalisée de Podemos et la façon dont J.L Mélenchon s’y réfère, nous avons choisi de vous livrer sans autre commentaire un texte d’entrevue de P. Iglesias car il a le mérite de rappeler que l’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes, qu’il ne suffit pas qu’ils en aient plein le dos de leur vie d’aujourd’hui pour faire la révolution mais qu’il y faut en plus l’espoir d’une vie meilleure demain.