Manifestations contre la xénophobie : des réticences…et un rappel historique
Samedi dernier, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes ont manifesté dans notre pays contre la dérive xénophobe du gouvernement. Néanmoins, certains militants progressistes ont, à cette l’occasion, fait part de leurs réticences à participer à ces mobilisations à l’appel de toute la gauche. Vous lirez, ci-dessous, à ce sujet, le point de vue de mon ami Jean Lévy.
Je comprends les réticences … à participer à la manifestation du 4 septembre contre la politique xénophobe du pouvoir. La présence bruyante du PS et des Verts montrent bien la volonté de récupération politique d'une "gauche", qui utilise un noble sentiment de rejet du racisme pour camoufler l'accord de fond existant entre le PS et l'UMP sur l'essentiel : la soumission à "l'économie de marché" et à sa structure politique, l'Union européenne. Ce qui conditionne l'ensemble de la politique de contre révolution sociale qui frappe le monde du travail, en France et en Europe, politique menée tant pair la droite que par la sociale démocratie
Cependant, il faut savoir distinguer entre les manoeuvres d'une fausse gauche et le sentiment profond antiraciste des Français qui manifestent.
Rappelons-nous l'histoire de notre pays : En 1938, le gouvernement Daladier, ayant rompu avec le front populaire, décrète une législation de répression contre "les étrangers indésirables", les antifascistes d'Allemagne et d'Europe de l'Est fuyant le fascisme. Daladier institue les premiers camps de concentration en France visant ces "étrangers indésirables" dont les premiers sont "concentrés" à Rieucros, en Lozère en janvier 39, quelques semaines avant que les Espagnols "rouges", en retraite face aux fascistes de Franco, ne soient internés dans les camps d'Argelès et autres. Cette répression anti-immigrés, menée par un gouvernement présidé par un leader radical, avec comme ministres Georges Bonnet, l'homme de Munich, et Paul Reynaud, l'homme de "finie la semaine des deux dimanches", gouvernement soutenu par le Parti socialiste, est allée de pair avec la répression anti ouvrière du 30 novembre 1938 et la lutte anticommuniste, aboutira à la mise hors la loi du PCF et des syndicats CGT de lutte de classe en septembre 39.
Tout se tient.
Si en 1938-1939, des dizaines de milliers de Français avaient manifesté dans la rue contre les décrets anti immigrés, peut-être cela aurait-il permis d'organiser une "résistance" de masse dès avant l'Occupation ...
Malheureusement, il n'y eu pas de telles manifestations en France en 1938-39...
Aujourd'hui, il faut en tirer les leçons et faire converger toutes les colères, sociale et politique, pas seulement contre Sarkozy et son équipe, mais contre TOUS ceux qui soutiennent la mise en résidence forcée de la France et des Français au sein de l'Union européenne, de tous ceux qui s'opposent au marché, à la concurrence, mais aussi ceux qui luttent contre la xénophobie et du racisme, car ces deux fléaux sont les armes du Capital pour diviser les travailleurs entre eux.
Jean LEVY