On ne nous dit pas tout...: le rapport secret de l’Inspection Générale des Finances...
Budget : le rapport secret de l’IGF
C’est un nouveau signal d’alarme pour les finances publiques, le dernier avertissement sur une liste déjà longue. Cette fois, le signal est lancé par l’Inspection générale des finances, la très sérieuse IGF de Bercy. C’est un rapport jusqu’ici confidentiel que s’est procuré mon confrère des "Echos" Etienne Lefebvre. Il porte sur les moyens de revenir à l’équilibre des finances publiques et de maîtriser les dépenses de l’Etat.
Allons à l’essentiel : il répète la même chose que les rapports Pébereau en 2005 et Attali en 2010, et tous ceux de la Cour des comptes. Disons-le aussi : inutile d’accuser ses auteurs d’ultralibéralisme pour les discréditer. Le principal, Jean-Michel Charpin, a commencé sa carrière au cabinet du ministre socialiste Jean Le Garrec et Lionel Jospin l’avait fait travailler sur les retraites en 1999.
Alors, que dit-il de nouveau, ce document de 122 pages dont chaque exemplaire est nominatif pour éviter les « fuites ». Là c’est raté !
La première conclusion est que les périodes de vaches grasses ont été gaspillées : période Rocard, période Jospin, et période Villepin et début de Sarkozy.
La deuxième conclusion est que des économies dans les dépenses sont inévitables pour ramener les déficits à 3% du PIB, puis 0% - ce qu’a confirmé François Hollande et tant mieux. Même le relèvement des impôts ne suffira pas - sauf à mettre en danger la compétitivité. L’Irlande, le Portugal, la Grèce, l’Espagne montrent que la situation est grave. Il ne s’agit plus de fonctionnaires gris qui s’ennuient dans leur bureau de Bercy.
La troisième conclusion est que redresser la situation est possible - en tout cas pour l’Etat. Ça, c’est plutôt rassurant, à condition de prendre des décisions.
Concrètement, il y a une liste de propositions dans laquelle le gouvernement est invité à piocher – ce qui veut dire : ne pas tout prendre, mais ne pas tout écarter non plus. L’IGF plaide pour la poursuite de la baisse du nombre des fonctionnaires, elle évoque 30.000 par an ; elle cite la poursuite du gel du point de la fonction publique mais aussi des mesures catégorielles. En clair, le « un sur deux » de Sarkozy n’a pas rapporté assez puisqu’il y a eu des hausses de salaires en contrepartie ; l’IGF évoque une baisse de 5% des primes de agents de catégorie A et B ou même des évolutions de carrière ; elle parle encore d’un gel des pensions des fonctionnaires. Les prestations sociales ou pas, sont citées enfin : il faudrait les geler et sans doute en remettre en cause. Bref, ça fait mal.
Que peut en tirer François Hollande ? Il a déjà privilégié une hausse de certains impôts. Côté dépenses, Jean-Marc Ayrault a envoyé ce week-end à tous ses ministres un courrier sur le budget 2013 pour rappeler que les créations de postes (éducation, police) seront compensées par des suppressions ailleurs et que toute nouvelle dépense devra être gagée par une économie équivalente. Très bien. Mais ce que dit le rapport de l’IGF est simple : cela ne suffira pas.
Dominique Seux
Journaliste au quotidien "Les Echos"
et chroniqueur à " France Inter"