OUI ! Les GOODYEAR sont en LEGITIME DEFENSE
OUI ! LES GOODYEAR SONT EN LEGITIME DEFENSE
La lutte des travailleurs de Goodyear Amiens est exemplaire. Depuis plus de cinq ans, ils s’affrontent à la direction de Goodyear, et au pouvoir politique. Avec dignité et fermeté ils disent NON à la casse de leur outil de travail, et OUI à l’emploi industriel en France. Ils ont été les premiers à réagir fermement aux récents propos infâmes du PdG de Titan, l’américain Maurice Taylor qui a osé déclarer « Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs poses et leurs déjeuners, discutent pendant 3 heures et travaillent 3 heures ». Il est fort regrettable que les directions syndicales, toutes tendances confondues, n’aient pas jugé nécessaire de réagir à de tels propos infâmes. La lutte courageuse des travailleurs de Goodyear concerne tous les travailleurs de notre pays. Contrairement à l’image que les médias s’obstinent à présenter ce ne sont pas des voyous, ou des terroristes, ce sont des hommes et des femmes qui agissent en situation de légitime défense. Le pouvoir socialiste -camarade des patrons- craignant que leur combat fasse tâche d’huile participe aussi à cette campagne de dénigrement. En mars dernier COMBAT avait pris position en faveur des GOODYEAR, Aujourd’hui nous pensons utile et nécessaire de rappeler ce que nous écrivions le 11 mars dernier.
LA LEGITIME DEFENSE EST UN DROIT
Guy Poussy ancien membre du comité central du PCF le11 mars 2013
Jeudi 7 mars 2013, les travailleurs de GOODYEAR Amiens étaient venus en délégations à Rueil-Malmaison au Siège de leur entreprise pour accompagner leurs représentants qui se rendaient à la réunion du CCE. Il devait examiner un plan de fermeture de l’entreprise. 1173 emplois sont menacés. Ce sont les CRS, et les gaz lacrymogènes qui ont accueilli les militants de base. Comment s’étonner des affrontements entre travailleurs et CRS qui s’en sont suivi. Depuis 5 ans défendant leur outil de travail, et leur emploi, avec juste raison les travailleurs de GOODYEAR se considéraient en légitime défense.(1) De plus ils défendent l’industrie française, ce qui n’est pas le cas du patronat
Ce qui est insupportable ce sont les propos tenus par le ministre de l’intérieur, premier flic de France » la violence est inacceptable dans une démocratie, c’est un message de fermeté, il y aura des poursuites » 5 salariés ont été blessés, 2 ont des arrêts de travail de 14 jours. Une fois de plus des militants syndicaux sont traités comme des voyous, assimilés à des terroristes. C’est sans doute pour les mêmes raisons que Manuel VALLS s’oppose à la loi d’amnistie sociale votée par le Sénat, sans être contredit par le chef du gouvernement, ou par le président de la République. Après Arcelor Florange, PSA Aulnay, Sanofi, Pétroplus, le gouvernement socialiste choisit son camp, celui du capital. Le ministre de l’intérieur est il en train d’emboiter le pas d’un Jules MOCH ministre de l’intérieur socialiste, qui a du sang sur les mains. En 1948 pour briser la grève des mineurs, en raison d’un retard des salaires sur les prix de 30%, ce ministre mobilisa 60.000 CRS et soldats contre 15.000 grévistes pour lutter contre un prétendu » complot communiste » Il y eu 3.000 licenciements chez les mineurs, 6 morts, de nombreux Blessés(2).
La lutte de classe plus réelle que jamais est une donnée majeure de la société française et du monde dans lequel nous vivons. Pour le pouvoir politique et économique la classe ouvrière reste le danger principal puisqu’elle aspire à une autre société. De gré ou de force il faut donc la soumettre, la plier à la loi du profit maximum. L’austérité, les sacrifices demandés au monde du travail ne touchent pas les grandes fortunes. Les médias ne parlent jamais du coût du capital. Ainsi en France la distribution des dividendes, fruit des richesses crées par le travail, est passée de 92 milliards en 1999, à 237 en 2011. Aujourd’hui il n’y a jamais eu autant de milliardaires. La politique d’austérité imposée par les instances de l’union Européenne se traduit en Europe par 80 millions de personnes (16,4%) vivant sous le seuil de pauvreté. La loi de régression sociale (ANI) made in MEDEF qui en avril sera présentée au vote des députés et sénateurs loin d’améliorer la situation de l’emploi l’aggravera. Elle permettra au patronat d’exercer un énorme chantage au monde du travail pour accroitre son exploitation. Comment ne pas relever qu’une fois encore le gouvernement socialiste se conduit en gérant loyal du capital, celui des actionnaires et de l’obscénité des richesses, et de la rente.
La tournure prise par les évènements amène à reparler de la résistance à l’oppression. Cette donnée fait partie de l’histoire de France, elle fut le 35ème article de la constitution de 1793. Il déclare : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs » Il s’agit de novations apportées à la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. L’expérience que vit le monde du travail et de la création atteste que la priorité des priorités est la réalisation de l’union à la base, les luttes collectives et leurs convergences pour aboutir à un vaste mouvement populaire dans lequel se retrouvera le monde du travail et de la création, la jeunesse, les privés d’emploi, les sans papier. Dans l’immédiat cette force peut imposer le rejet de la loi Made-in MEDEF. Cette victoire emblématique donnerait du souffle aux luttes populaires, le peuple redécouvrirait qu’il est assez fort pour vaincre les forces du capital, faire prévaloir ses droits à l’intérieur comme à l’extérieur des entreprises, décider de son avenir. L’espoir est de ce coté
Guy Poussy
ancien membre du comité central du PCF
Le 11 mars 2013
(1)En 1986 à Ivry les syndicalistes soutenus par la population réoccupèrent l’usine SKF qui était investie par les CRS.
(2) En 2011 une cour d’appel a reconnu l’illégalité de ces licenciements pour faits de grève. 17 mineurs survivants de la grande grève de 1947 ont perçu une indemnité de 30.000 euros