PCF : l’insulte de Patrick Bessac aux communistes : nous étions des moutons…
Ce texte (le rapport de Patrice Bessac au CN du PCF de septembre 2012) est important et doit être lu et discuté par les communistes. Il réaffirme la rupture avec ce qu’était le PCF en proposant une nouvelle force politique dans un contexte de crise profonde du capitalisme, donc en reprenant certains concepts (communisme, lutte de classes...) pour les intégrer dans un idéalisme dont l’expérience communiste a justement démontré l’inefficacité pour l’union du peuple dans un objectif de changement de société.
Cet idéalisme lui fait dire par exemple qu’un cycle de recul de la critique du capitalisme serait fini, et donc que s’ouvrirait un cycle progressiste des idées, ce que l’expérience concrète conduit a minima à interroger devant les succès d’une véritable contre-offensive du capitalisme autant militaire, économique, qu’idéologique...
Il ne fait évidemment aucune analyse concrète des politiques suivies par le PCF depuis des années, critiquant par exemple l’électoralisme sans rien dire des stratégies électorales suivies notamment depuis les régionales de 2004.
Mais c’est bien ce à quoi conduit l’idéalisme : le refus de se confronter collectivement à la pratique, qui suppose de partager la critique de ces pratiques et des orientations qu’elles concrétisaient, et de placer ensuite les choix stratégiques dans la validation collective de l’analyse concrète des situations concrètes...
Il est vrai que Patrice Bessac pense que les communistes, ceux qui ont fait l’histoire de ce parti dont il hérite, étaient des moutons... Je ne vois pas d’autre mot que l’insulte pour caractériser cette affirmation qui n’est pas une erreur de langage. Il avait déjà utilisé cette formule en août pour l’université du PCF (ou du Front de Gauche je ne sais plus...). Des moutons qui résistaient individuellement et collectivement à la pensée dominante, capables de dire NON au colonialisme, de se coucher devant les trains, de refuser la défaite quand tout poussait à la désespérance, de se lever pour dénoncer les injustices quand la répression patronale allait jusqu’au meurtre, quand les officines de la droite qui n’avait pas encore besoin de son extrême, faisaient le coup de poing... Et des moutons capables dans le parti de se confronter au fonds à de multiples occasions, même si la nécessité de la cohérence de l’action du parti conduisait souvent à mettre en œuvre une décision qui avait fait débat, mais cela faisait-il des militants des moutons ? Quand à imaginer que les communistes dont rêve Bessac seraient devenus des chats, on se demande s’il pense au ronronnement bien au chaud dans les salons, à l’individualisme forcené qu’on prête à ces bêtes qui ne sont pas des chiens, ou au plus malin qui joue avec les souris... J’ai envie de reprendre Ferré chantant les poètes provocateurs pour lui aboyer avec colère "nous sommes des chiens !".
PAM
Source : « Faire vivre le PCF »
Le rapport de P.Bessac est ici