Présidentielle 2012 : Au lendemain du premier tour, de nouvelles réflexions de Jean Lévy
Nicolas Sarkozy, pour être élu au second tour, doit récupérer au –delà de son propre score, plus de 23% des électeurs du premier tour. Pratiquement autant de voix que celles recueillies au total par Marine Le Pen et François Bayrou.
Or, deux raisons s’opposent à un tel scénario.
D’abord, une large partie des 6 millions de voix, qui se sont portées sur la candidate du Front national, en particulier dans les centres ouvriers du Nord et de l’Est, exprime une forme du rejet radical du président sortant, rejetant sa politique économique et sociale.
Pourquoi, au second tour, ces opposants à Nicolas Sarkozy, le feraient élire ?
Ensuite, analysant la situation, Martine le Pen bâtit son avenir sur l’échec du Président de la République et se voit le futur « chef de l’opposition » à François Hollande.
Ainsi, devrait demeurer hors de propos toute campagne « remake » du second tour de 2002, amplifiant le « danger Sarkozy » pour donner à François Hollande l’assise électorale la plus large possible.
Or, si la défaite de Nicolas Sarkozy est un impératif, il faut se rappeler que l’orientation du Parti socialiste en matière de politique européenne ne diffère en rien de celle de Nicolas Sarkozy.
L’élimination de ce dernier a-t-elle pour fin de substituer une « austérité rose » à « l’austérité bleue » ?
Nous ne le pensons pas.
La soumission à la dictature des marchés, édictée à Bruxelles, n’est ni plus « républicaine », ni plus « à gauche », quand elle est mise en œuvre par un socialiste à la place d’un homme de droite.
Papandréou, en Grèce, Socrates au Portugal, Zapatero en Espagne sont là pour en témoigner. La dynamique Mélenchon, c’est-à-dire un mouvement populaire de renouveau pour une politique de progrès social et anticapitaliste, a subi, depuis des semaines, la pression du PS pour « le vote utile » en faveur de François Hollande. On mesure l’ampleur des dégâts au soir du premier tour.
Si Jean-Luc Mélenchon avait, sans cela, recueilli 17 ou 18% des suffrages, pouvant ainsi passer devant Marine Le Pen, l’horizon, aujourd’hui, serait totalement différent.
Certes, les « ambiguïtés » du leader du Front de Gauche en matière de politique européenne, ont largement contribué à laisser au Front national le bénéfice d’un vote sanction vis-à-vis de l’asservissement de la France par l’Union Européenne.
D’où l’impérieuse nécessité de bien réfléchir avant de s’engager dans une voie sans issue pour notre peuple.