Présidentielle 2012 : François Bayrou : les illusions perdues ou « primaires réactionnaires » ? (le point de vue de l’URCF)
Confrontée à une base sociale d’appui somme toute fragile, la bourgeoisie monopoliste a, depuis le début du XXe siècle, cherché à construire un consensus autour de sa domination.
Cela s’est accompagné d’une série de « théories » et d’études pour trouver comment vider le Suffrage Universel de tout danger pour la bourgeoisie. Il est significatif que ce soient les États-Unis, où la lutte des classes révolutionnaire a toujours été faible, qui aient servi de référence. Et ce n’est pas principalement la question du bipartisme alternatif qui en représente l’intérêt : c’est la conception même de la politique conçue comme une branche du marketing avec des « hommes politiques » chargés de placer une marchandise, les objectifs du Grand Capital, aux électeurs !
Avec François Bayrou, on atteint le summum de cette conception du commis voyageur en politique.
Ce monsieur, ancien ministre, s’est toujours distingué par ses votes pour les politiques réactionnaires. Et depuis 2007, malgré les contorsions pour essayer de se distinguer de Sarkozy, lui et ses amis n’ont cessé d’apporter leur écot à la politique du même … Sarkozy. Sur toutes ses propositions programmatiques, Bayrou réussit le tour de force de critiquer le sortant sur la forme pour annoncer dans la foulée qu’il fera exactement la même politique. Ce ne serait rien d’autre donc que des problèmes de présentation. Un seul exemple, à propos de l’enseignement : il affirme à la fois qu’il faut remettre en cause la politique de suppression des postes pour enchaîner en affirmant qu’il s’agira pour lui de réduire les dépenses publiques à leur niveau de 2009, ce qui signifie aucune augmentation ! La différence, mais elle est purement opportuniste : alors que Sarkozy et Hollande tentent de capter la méfiance de l’opinion publique visà- vis de l’Union Européenne (car la démagogie coule à flot), Bayrou, lui, reste de marbre : l’Europe est la solution à tout !
Mais quand on connaît les positions de l’UMP et du PS sur la question, une fois terminées les poses, on s’aperçoit bien que l’Europe n’est pas un sujet de différenciation. Dans le dispositif politique de la bourgeoisie monopoliste, Bayrou n’est en fait rien d’autre que le joker pour le cas où Sarkozy ne parviendrait pas à rassembler l’électorat réactionnaire.
Et en même temps, ses qualités en font un candidat potentiel pour 2017, et un point d’appui pour la réalisation d’une recomposition des forces politiques autour des thèmes de l’unité nationale, de la Troisième Force…
Bref c’est Sarkozy, mais avec un niveau de culture et une présentation plus respectable. Mais ça ne fait pas une politique différente, pas même à la marge.
l’Union des Révolutionnaires Communistes de France
Le 9 avril 2012