Problèmes du COMMUNISME organisé [2] : l'oubli de la RÉVOLUTION
Une action politique révolutionnaire ne doit pas évoquer la révolution de manière verbale et incantatoire, comme un spectre, mais elle ne doit pas non plus oublier la révolution, rupture du temps et du droit, qui n’est pas à un horizon théorique indistinct, mais qui doit toujours être pensée comme à porté sinon de la main, mais à moyen terme, dans l’échelle de temps des projets humains les plus matures, mettons dix à vingt ans. Qu’elle se produise effectivement dans ces délais, c’est une autre chose. Il faut agir dans ce sens avec cette logique, et si les dirigeants ont échoué à procurer des progrès dans ce délai tout de même long, il leur faut passer la main à d’autres.
Le parti doit donc s’organiser en vue d’une tâche révolutionnaire concrète à échéance raisonnable, non dans l’avenir indéterminé, et cette tâche sera introduite de la manière la plus simple comme une « réforme » tout à fait raisonnable en vue d’améliorer l’existence, une proposition qui avance avec des pas de colombe et qui pour cela doit à la fois paraitre raisonnable et légitime aux masses, et inacceptable à la bourgeoisie, et/ou surtout impossible matériellement à satisfaire. Ce qui implique de repolitiser les masses autour de buts politiques concrets et quantifiables.
Pour que cette réforme idéale et impossible à satisfaire, scandaleusement, de la base même de la structure économique et sociale puisse être proposée, il faut que l’impression d’échec historique qui entoure les expériences du socialisme réel soit levée par une active propagande qui ait récusé d’avance les divers bilans du socialisme dressés par les ennemis. Qu’on se le dise ! 95% de ce qu’on raconte à ce sujet à l’école, à l’université, à la télévision et sur les réseaux sociaux est faux ou mensonger, ou tout au moins non établi scientifiquement. Tout l’inverse des crimes fascistes, non seulement établis avec certitude, mais carrément revendiqués par leurs auteurs ! Que ces erreurs et ces mensonges soient propagés souvent de bonne foi n’y change rien. Il n’y a d’ailleurs aucune raison pour qu’il en soit autrement, les idées dominantes étant les idées des classes dominantes.
Quand le « communisme » pour parler comme tout le monde, triomphera à nouveau quelque part, il fera scandale de toute manière, fût il composé d’une armée de saints d’une parfaite douceur et d’une chasteté irréprochable, et vaille que vaille il prendra sur bien des points ces mêmes mesures qui ont tant scandalisé dans le passé, avec les correctifs de l’expérience et de l’ambiance historique (s’il triomphe dans un contexte autre que celui de la grande boucherie de 1914, il saura ne pas commettre d’excès sanglants) mais ce qui ne changera pas, c’est qu’il luttera contre l’expression politique de la bourgeoisie, avec autant de détermination que celle-ci a lutté contre lui depuis plus d’un siècle, et que les prisons (il y en aura) seront peuplées d’un certain nombre de citoyens dont le seul crime aura été de vouloir continuer à être plus riches que les autres. L’interdiction des partis bourgeois n’étant à éviter que pour des raisons pratiques, un ennemi légal étant le plus souvent plus facile à combattre qu’un ennemi clandestin. Et parce que la présence menaçante d’un ennemi ouvert et déclaré limite la tendance à la sclérose des cadres. Et non pour des raisons morales, de ces raisons qui ont complètement envahi la conscience trouble et velléitaire des postcommunistes.
La dictature du prolétariat doit être une dictature de classe et non d’appareil. Même si en temps de guerre, elle recourt aussi, et comme les autres pouvoirs qui ont existé dans le passé, à la dictature pure et simple. J’ai beaucoup de réserve quant au rôle historique d’Allende, hommage rendu à son sens du sacrifice et à sa dignité. Sa stratégie aurait du prévoir le coup d’État du 11 septembre 1973. Il aurait dû en organiser un préventivement ! il y aurait moins de rues Salvador Allende dans la banlieue parisienne, mais la révolution aurait peut être triomphé en Amérique Latine, qui sait ? Quoiqu’il en soit, expérience chilienne a au moins eu la vertu de lever le masque de la soi disant démocratie libérale.
En conclusions provisoire de ces quelques réflexions, j’invite le lecteur à parcourir patiemment les Cahiers de Prisons de Gramsci, 2000 pages déconcertantes au premier abord, mais pleines d’une détermination révolutionnaire inentamée, et de relire sans préjugés les quelques classiques de Joseph Staline encore disponibles sur les quais de la Seine, comme exemples impressionnants « d’une idée devenue force matérielle en se diffusant dans les masses ».
Toutes choses égales par ailleurs, ces textes posent les problèmes de la pratique révolutionnaire réelle, celle qui commence le jour d’après le grand soir. Il nous en faudrait écrire les équivalents, au XXIème siècle.
Petite notation de fin : à ceux qui seraient choqués de la référence à Staline, je rappelle que sans Staline (et l’ensemble des réalitéssignifiées par ce personnage historique), Hitler l’emportait. Mais ces vertus outragées, je crois qu’elles s’en seraient accomodées, à moins d’avoir l’infortune d’être comptées dans le peuple juif. Était-ce si grave au fond ? Imaginez un peu que LE COMMUNISME l’ait emporté !
G.Q.
Le 28 février 2014
SOURCE: Réveil communiste