Rapport de la Cour des comptes : « Cour des miracles »
Avez-vous un jour été appelé à élire les membres de la Cour des comptes et à leur déléguer ainsi une part de souveraineté nationale ? Ne fouillez pas inutilement dans votre mémoire, la réponse est non. Cela n’a pourtant pas empêché la vénérable institution de commettre un rapport annuel s’arrogeant le droit de dicter aux gouvernements actuel et futur les choix politiques à opérer pour «réduire les déficits». Avec une prétention savante que n’aurait pas désavouée le Diafoirus de Molière, la Cour appelle «à un effort accru et difficile d’une diminution de la dépense publique». Et de citer à titre de produits issus de sa docte cogitation «la prolongation au-delà de 2012 du gel de la valeur du point de la fonction publique» ainsi qu’une «désindexation des prestations sociales par rapport à l’inflation». Sa potion magique est confectionnée avec la peau des autres, mais pas n’importe lesquels. Les docteurs Jekyll de la Cour des comptes se gardent bien de préconiser la taxation des revenus financiers au même taux que les revenus du travail, ou encore la limitation des revenus annuels des privilégiés... Sus au «populisme»!
Ces experts de la pensée unique libérale ont néanmoins à souffrir d’un handicap : les orientations qu’ils profèrent affichent au grand jour le degré de leur pertinence en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie et déjà en France. Le démenti est terrible. C’est celui de la souffrance des peuples et de la récession. Le fait que le président-rapporteur de la Cour des comptes soit Didier Migaud, par ailleurs socialiste, ne change rien à l’affaire. Sauf en termes de circonstances aggravantes.
Christian AUDOUIN
Editorial de L’ECHO de la Haute-Vienne
Jeudi 9 Février 2012