Sarkozy pour la taxe Tobin : Touché par la grâce?
Revoilà la taxe Tobin! Ce projet de taxation des transactions financières cher aux altermondialistes et aux partis de la gauche alternative, resurgit dans l’actualité sous les auspices de... Nicolas Sarkozy! Voilà que le chef de l’Etat français en fait une priorité «contre vents et marées», proclamant son intention de l’appliquer unilatéralement à la France si persiste «l’urgence d’attendre» affichée par ses partenaires européens dont Angela Merkel. Alors, subitement touché par la grâce antilibérale «notre» président? Ça vaut le coup d’y regarder de plus près.
On ne peut que remarquer la proximité des prises de position présidentielles en faveur de la TVA sociale et de cette taxe destinée aux mouvements financiers spéculatifs. Le feu et l’eau en affichage, en quelque sorte, la seconde énoncée pour mieux faire avaler le premier. Mais «grattons» encore. Appliquée à l’échelle de l’Europe selon un taux de 0,01%, elle pourrait rapporter chaque année quelques 40 milliards d’euros. Sans être négligeable, ce produit fiscal ne mettrait cependant pas en péril le capitalisme. Il ne représenterait, en résultat global sur l’ensemble de la communauté européenne, que l’équivalent du montant du remboursement annuel de la dette française. Cela dit, on est loin d’en être là, puisque l’accord de mise en place coordonnée n’existe pas à Bruxelles. Alors de quoi parle exactement Nicolas Sarkozy?
Si dans le contexte actuel, la France ne peut pas seule avoir recours à la taxe Tobin, il lui reste la possibilité d’instaurer une taxe sur les achats et ventes d’actions à la Bourse de Paris, ce que les Anglais ont instauré à Londres depuis longtemps. A quel taux et pour quel rapport? Nul ne le sait, mais il est certain que tout cela n’aurait rien à voir avec les vertus et l’efficacité d’une véritable taxation des transactions portant notamment sur les obligations et les produits dérivés. Encore une vraie fausse joie.
Christian AUDOUIN
(Éditorial de L'ECHO de la Haute-Vienne – Mardi 10 Janvier 2012)