Stratégie élyséenne (éditorial de L’ECHO de la Haute-Vienne)
Alors que l’on s’agite sur les primaires du côté des écologistes et des socialistes, la droite choisit les thèmes de la prochaine campagne comme un joueur de poker choisirait ses cartes. En reculant le droit à la retraite d’un trimestre supplémentaire, soit 41 ans de cotisations et deux trimestres, le gouvernement a pris le risque d’être encore plus impopulaire. Risque bien calculé car il lui permettra d’endosser l’habit de celui qui assume ses responsabilités, qui ne fera pas de la France une Grèce bis, et qui le désignera comme le champion toutes catégories de la lutte contre les déficits.
Si la crise est mondiale, Nicolas Sarkozy a sa part de responsabilité dans sa gestion au niveau de la France, échouant sur la dette, le pouvoir d’achat, le chômage, épuisant notre système social... Il sait qu’il a perdu sa crédibilité auprès des citoyens et de ses anciens amis qui si, il n’y a pas si longtemps, légitimaient toute son action en étant aux affaires, tentent désormais de s’attirer la sympathie des électeurs en dénonçant les échecs gouvernementaux.
Cela va servir les intérêts du chef de l’Etat qui n’a plus qu’une seule stratégie: cultiver le fait d’être impopulaire pour incarner celui qui ose affronter les difficultés quitte à prendre les mesures qui fâchent. Le coup est osé. Il a l’avantage de faire passer tous ses opposants pour des irresponsables économiques, des incapables qui mettront la France en faillite. D’ailleurs, depuis le début de son mandat, le chef de l’État a décrété ce terme tabou, preuve que sa stratégie de campagne présidentielle est travaillée de longue date. La gauche ne pourra gagner que si son programme se démarque réellement d'un accompagnement fataliste du libéralisme. C’est là que se trouve le vrai courage politique.
Thierry Spriet
Le 8 juillet 2011