TALENCE (Gironde) : VICTOIRE des agents des services hospitaliers de L’HÔPITAL BAGATELLE
LES AGENTS DES SERVICES HOSPITALIERS
DE L’HOPITAL BAGATELLE DE TALENCE (Gironde)
ONT GAGNÉ
par le Mouvement politique d’émancipation populaire (M’PEP).
Le 2 juillet 2014.
Les salarié-e-s de l’entreprise ELIOR SERVICE sous-traitant à l’hôpital Bagatelle à Talence (Gironde – 33) ont fait grève du 14 mai au 13 juin. Elles manifestaient leur mécontentement et demandaient de meilleures conditions de travail au travers d’une augmentation des effectifs, le rétablissement d’horaires d’embauche en cohérence avec l’organisation des services de soins, une juste reconnaissance salariale et une requalification professionnelle.
Depuis 2005 le service ASH (agents de service hospitalier) a été externalisé et depuis les conditions de travail ne cessent de se dégrader. En effet, les prestataires répondant à l’appel d’offre de Bagatelle sont contraints de faire baisser le coût de la prestation pour espérer remporter le marché. Quand on vend de la main-d’œuvre, la seule source de réduction du coût est le personnel. Les ASH se trouvent contraintes de faire en 10h le travail de 14 h et comme elles n’y arrivent pas, elles reçoivent des lettres d’avertissement. Qui est responsable ? Le prestataire ou le donneur d’ordre ? Tout le monde se renvoie la balle. Le prestataire fait des bénéfices sur le dos des salariées, le donneur d’ordre fait des économies sur le dos des salariées et les salariées trinquent. Pressions, flicages, harcèlements, c’est le lot quotidien des ASH.
Encadrées par l’UL CGT de Bègles, soutenues par le FDG et le MPEP mais aussi par des citoyens, jetées hors des murs de l’hôpital sous prétexte qu’elles font trop de bruit pour les malades, elles se mettent devant l’entrée avec fanions et banderoles et collent des affiches de chaque côté de l’abribus disant : « klaxonnez, on vous aime ! » et ça marche, ça klaxonne !
Au bout de 32 jours de grève, le 13 juin en fin de soirée, elles ont gagné. Sans leur détermination et la chaîne de solidarité qui s’est développée autour d’elles, rien n’aurait été possible.
Une fois de plus cette victoire démontre que lorsqu’on lutte, on peut gagner !
Acquis obtenus :
-Embauche de trois ASH en CDI + 6 apprentis.
-Rappel de salaire de 120 euros à chaque salarié CDI présent au moment de la nouvelle organisation de décembre 2013, grévistes ou non-grévistes.
-Les salariés travaillant dans les services de soins et ne bénéficiant pas de la classification AS3B se verront appliquer cette nouvelle classification et ce dès le mois de juin depuis l’affectation aux services de soins avec rappel de salaire dans la limite d’un rappel de 18 mois.
-Clause de mobilité réduite à la CUB et 20 km du domicile du salarié. Avant toute application de cette mesure les institutions représentatives du personnel devront être consultées.
-Paiement de 50% des salaires des grévistes avec étalement sur 6 mois du remboursement desdits salaires.
Pour mieux comprendre
Depuis l’Acte unique européen (1986), l’économie capitaliste s’est organisée pour s’approprier les services publics qui représentaient un manque à gagner substantiel pour elle. Depuis, l’Union européenne encourage et organise la libéralisation et, à terme, la privatisation des services publics dont l’existence serait contraire au principe de libre concurrence. Un « détail » : dans le traité de Lisbonne le mot service public n’existe plus.
La réforme de l’assurance-maladie (2004) a modifié le mode de financement de l’hôpital, assuré jusque-là par une subvention globale attribuée à chaque établissement. Depuis, les principales ressources de l’hôpital dépendent du nombre et de la qualité des actes médicaux (tarification à l’acte - T2A).
Les directeurs des établissements sont devenus des managers qui veillent à la compétitivité sous le contrôle des Agences régionales de santé (ARS). En 2009, la loi « Hôpital, patients, santé, territoires » (HPST) accélère le processus qui est imposé par la « Révision générale des politiques publiques ». (RGPP). En 2011, le Pacte pour l’euro (retour à l’équilibre des finances publiques) fait pression sur les salaires du public pour « qu’ils viennent soutenir les efforts de compétitivité dans le secteur privé »…
Au prétexte qu’il coûtait cher à la collectivité, et que les politiques d’austérité l’imposaient, l’Hôpital public a ainsi subi un puissant démantèlement préjudiciable aux patients comme aux personnels : réduction des lits, réduction des établissements, inégalité de traitement sur le territoire français, rentabilisation des services, urgences réduites ou fermées, modifications des statuts des personnels, externalisation des services (laboratoires, radio, ménage…).
Un Etat moderne doit pouvoir se doter d’un système hospitalier public de qualité avec tout le personnel hautement qualifié et protégé par des statuts. Mais les règles de l’Union européenne l’interdisent. Quel est le gouvernement qui aura le courage de reprendre sa souveraineté monétaire et promouvoir une politique sociale digne de ce nom ?
On ne peut que saluer le courage et la détermination des salariés de l’entreprise ELIOR SERVICE. C’était un combat juste pour le bien de tous.
Pour y voir plus clair sur l’hôpital :
http://www.m-pep.org/spip.php?article3436
Directive services :
http://www.m-pep.org/spip.php?article1989