UKRAINE: Marche aux flambeaux FASCISTE à Kiev pour le Nouvel an : 5 000 manifestants celebrent le collaborateur ukrainien Bandera
Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/
L'Europe nouvelle est en marche à Kiev. Elle défile dans des marches aux flambeaux, célèbre les héros de la collaboration avec le nazisme, exacerbe le nationalisme tout en prêtant allégence à une Europe capitaliste qui détruit le cadre national qui rend possible la résistance à ce nouvel ordre barbare. L'Ukraine constitue une maquette effrayante de l'Europe nouvelle.
Selon les organisateurs, ils étaient 5 000. Pour la police, entre 2 et 3 000. Les images de la fête du Nouvel an à Kiev sont loin de la légèreté du reste du monde. Point de confettis, de lunettes, de voeux aussitôt oubliés, mais de bien pesants portraits, drapeaux, torches, slogans.
Une insoutenable pesanteur pour fêter le 106 ème anniversaire de Stepan Bandera, dont le portrait est brandi par les manifestants, éclairé par les torches qui donnent à la scène un effrayant parallèle avec d'autres temps et lieux de l'histoire.
L'Ukraine aux Ukrainiens, Bandera, reviens ! : l'Europe nouvelle en marche
Considéré par les nationalistes comme un héros national, l'anti-communisme de Bandera couplé à sa russophobie et son anti-sémitisme dans son nationalisme intégral l'a conduit à collaborer avec les Nazis en 1941, et à organiser des pogroms de vaste ampleur à la tête de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN).
Ce 1er janvier, les drapeaux bleus et jaunes (ceux de l'Ukraine, avant de l'OUN, maintenant arborés par le parti fasciste Svoboda) cotoient les bannières rouge et noir (celle de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne de Bandera après 1941, aujourd'hui de la formation néo-nazie Secteur droit).
Les slogans ne souffrent guère d'ambiguité sur la teneur de la marche : "l'Ukraine aux Ukrainiens", "Bandera reviens, et remets de l'ordre dans tout cela!", ainsi que le désormais habituel : "Gloire à l'Ukraine, gloire aux héros!".
Le slogan, qui avait celui de Bandera et qui a été repris par les indignés à crânes rasés de Maidan.
"Nous allons gagner cette juste guerre. Dieu est avec nous" (Porochenko)
Le leader de Svoboda, Oleg Tyanhybok ne s'y est pas trompé. Avant le défilé, il confiait à la presse ukrainienne que "le gouvernement actuel est venu au pouvoir avec les slogans de Bandera, il doit maintenant suivre ses idées".
Tyanhybok a aussi réclamé que Bandera soit rétabli dans le titre de "héros national ukrainien". Un titre que lui avait octroyé Iouchtchenko en 2010 et qui avait été retiré par Ianoukovitch en 2013, quelques semaines avant qu'íl soit renversé.
La marche aux flambeaux avait comme un parfum de procession, les slogans reflétaient un esprit de croisade.
Ce ne sont pas seulement les "Gloire à la nation, mort à l'ennemi!" entendus dans le cortège, mais aussi les récurrents appels à lutter contre Moscou, souvent rapproché dans la rhétorique de Svoboda au judéo-moscovisme.
Même le président-roi du chocolat Porochenko, lors de son message du Nouvel an a lancé un appel mystique : "Nous allons bien gagner cette guerre patriotique car elle est juste, pour nous. La vérité est de nôtre côté. Dieu est avec nous".
Gott mit uns. Ce genre de proclamations a de quoi faire frémir ce qui garde une conscience historique. La Russie s'est empressée de dénoncer le défilé, alors qu'un journaliste russe s'est fait agressé par les manifestants à Kiev.
"Quelque chose de pourri en Ukraine, en Europe" pour le président tchèque
Ainsi, l'envoyé russe pour les droits de l'Homme au Ministère des Affaires étrangères Konstantin Dolgov : "Les marches aux flambeaux en Ukraine démontrent quón continue à avancer sur la voie nazie ! Et c'est au coeur de l'Europe civilisée".
Compte tenu de ses intérêts géopolitiques, c'est de bonne guerre. Cela n'empêche pas la Russie de soutenir des forces d'extrême droite dans certains pays d'Europe.
Même le président tchèque, Milos Zeman, a exprimé ses doutes sur ce qui se passe en Ukraine, en des termes forts. Pour lui, la marche aux flambeaux de Kiev lui rappelle l'Allemagne d'Hitler. Et pour lui il y a quelque chose de "pourri" dans le fait que ni l'Ukraine ni l'UE ne la condamne.
"Il y a quelque de chose de pourri en Ukraine", confiait-il à la radio F1 : "J'ai vu cette vidéo de la manifestation à Kiev, et les manifestants brandissaient des portraits de Stepan Bandera. Cela m'a rappelé Reinhard Heydrich".
Heydrich était un des architectes de l'Holocauste et Gouverneur du Reich pour les territoires correspondant à l'actuelle République tchèque.
"La parade même était organisée à la manière des marches aux flambeaux nazies, avec les participants qui criaient : 'Morts aux Polonais, aux Juifs et aux communistes sans pitié", a développé Zeman.
Le président tchèque concluait en soulignant qu'il y avait quelque chose de pourri dans le fait que l'Union européenne ne condamne pas ces actions : "N'oubliez pas que Bandera est considéré comme un héros national en Ukraine, son image flotte à Maidan, sa statue se trouve à Lvov. En réalité, c'était un assassin de masse".
L'anti-communisme, vecteur privilégié pour la réhabilitation des collabos
Un même scepticisme se retrouvait dans les mots des responsables du Centre Simon Wiesentahl (CSW). Pour le directeur du Bureau de Jérusalem, Ephraim Zuroff :
"Les responsables de l'Holocauste sont les dernières personnes sur terre qui méritent d'être glorifiées, peu importe leurs vertus nationalistes. Ce phénomène, si courant dans l'Europe de l'est post-communiste, en particulier en Ukraine et dans les pays baltes, montre clairement que ces pays ne remplissent pas pleinement les obligations d'une véritable démocratie."
Le Centre Simon Wiesentahl développe l'analyse en dénoncant une marche qui est un bon exemple de trois phénomènes séparés :
"la dissimulation ou la minimisation du rôle des collaborateurs nazis locaux dans les crimes de l'Holocauste ; la promotion d'une équivalence entre crimes nazis et crimes communistes ; et glorification des combattants de la liberté anti-communistes (les nouveaux héros de ces pays), qui étaient des collaborateurs locaux, participant aux crimes de la Shoah".
L'anti-sémitisme viscéral de ces formations d'extrême-droite ne les empêche pas de trouver comme un de leurs principaux soutiens financiers le millardaire israélo-ukrainien Igor Kolomoiksy – qui se revendique comme juif dans l'espace public –, bailleur de Secteur droit comme des formations para-militaires néo-nazies en Ukraine orientale.
Tel-Aviv a même mis en place une "ligne ouverte" avec ces formations pour dialoguer avec les forces d'extrême droite et désamorcer leur anti-sémitisme, ou mieux, le distinguer de l'anti-sionisme.
Cela a visiblement plutôt marché. Lors de l'offensive israélienne sur Gaza, l'organisation néo-nazie Secteur droit a organisé des rassemblements en solidarité avec ... l'Etat israélien. Anti-sémitisme et pro-sionisme peuvent décidément aller de pair.
Il y a quelque chose de pourri en Ukraine. Il y a surtout quelque chose de pourri en Europe. Les mots du président tchèque résonnent comme un avertissement lucide au vu de la dérive droitière, chaque jour plus manifeste en Ukraine.