Un homme est mort : HOMMAGE à René VAUTIER, le cinéaste interdit
« Je suis le cinéaste français
le plus censuré »
(René Vautier)
Un homme est mort. Il nous a quittés le 4 janvier 2015. Un homme est mort était déjà le titre de son film sur l’assassinat par les gardes mobiles de l’ouvrier Edouard Mazé, lors d’une grève à Brest, en 1951. Il a été censuré, comme il le sera toujours, car sa vie a été une succession de saisies, de caméras brisées, de pellicules détruites et d’inculpations. Il aura 160 films interdits (sur 180).
Mais pourquoi tant de haine ? Parce que Vautier s’est toujours révolté contre les injustices, il a combattu aux côtés des opprimés, pour la liberté des peuples ; il a été le porte-voix des luttes ouvrières ; il s’est dressé contre le nazisme, le colonialisme, l’armée, la guerre d’Algérie, le racisme, le Front national, le capitalisme, les fermetures d’usines.
Et il a commencé de bonne heure. Résistant à 12 ans, à 18 ans il réalise son 1er film sur une manifestation d’étudiants parisiens : la police lui casse sa caméra et lui brise un bras. En 1949, la Ligue de l’Enseignement lui commande un film qui montrera le bilan entièrement positif du colonialisme en Afrique de l’Ouest Française. Vautier en fait le réquisitoire : il montre l’exploitation et la répression, puis conclut : « La colonisation, c’est le règne des vautours ! » Cela lui vaut un an de prison, en vertu d’un vieux décret Laval (ministre des colonies en 1934). On lui vole sa pellicule, et il en récupérera de quoi monter un court-métrage de 15 minutes : Afrique 50.
Les chansons : « Fous pas ton pied dans cette merde… »
Quand la guerre d’Algérie éclate, il déclare : « L’Algérie sera indépendante » (Une nation, l’Algérie), et deux ans plus tard, il rejoint les maquis du FLN, qui lui inspirent L’Algérie en flammes. En 1958, il est à Sakiet-Sidi-Youssef et il filme le bombardement du village par les français.
Après l’indépendance de l’Algérie, c’est lui qui formera les premiers cinéastes du pays (Mohamed Lakhdar Hamina…) : il est le père du cinéma algérien. Et c’est Avoir 20 ans dans les Aurès (1972), réalisé par un cinéaste breton et algérien, un brûlot sur les horreurs de la guerre d’Algérie, à partir du récit d’une désertion: comment de jeunes bretons antimilitaristes deviennent des tortionnaires, à l’exception de l’un d’entre eux, qui s’enfuit avec le prisonnier qu’il devait abattre.
Les films d’intervention sociale sont une « arme contre le pouvoir » et s’adressent à des spectateurs militants : « Ecrire l’Histoire en images tout de suite » (René Vautier)
Le film est publié sur internet
Le réalisateur
Ci-dessous une des dernières interviewes données par René Vautier à