Une fondation de L'ARMÉE ALLEMANDE au nom d'un criminel de guerre NAZI qui a fait tuer 106 résistants ardennais : débaptisons-la !
Article AC -sur invitation de GH (*)- pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/
La fondation Karl-Theodor Molinari (KTMS) organise des séminaires pour défendre la re-militarisation de l'Allemagne et de sa société. Elle porte le nom d'un général ouest-allemand qui s'est distingué pour ses crimes de guerre, condamné à mort à la Libération puis réhabilité en Allemagne de l'ouest. Un cas exemplaire, sur lequel il est temps de faire justice.
Un travail historique a été fait depuis les années 60, notamment par Philippe Lecler, repris récemment par Roland Petrini et René Visse, pour démontrer la culpabilité de ce grand officier allemand d'1 m 96 responsable d'un des crimes les plus odieux de l'occupation.
Une fondation active dans la re-militarisation du pays
Karl-Theodor Molinari est aujourd'hui un nom respectable en Allemagne, celui d'une fondation reconnue par la Bundeswehr (l'armée allemande), associée à l'EUROMIL (Organisation européenne des associations militaires).
Elle multiplie les séminaires, recherches, programmes éducatifs pour expliquer la nécessité pour l'armée allemande d'intervenir à l'étranger, de se réarmer, et de tisser un lien plus étroit entre l'armée et la société allemande.
Mais qui est ce fameux Karl-Theodor Molinari, lui qui a fini sa carrière en 1970 au grade élevé de major-général (général de division), mais qui a servi pendant la Seconde guerre mondiale comme lieutenant-colonel de la Wehrmacht, décoré de la croix de fer ?
Depuis longtemps, les historiens ardennais – comme ceux de la RDA en parallèle – ont traqué sa trace. A la mi-1944, il se trouve dans les Ardennes françaises, à proximité du « maquis des Manises » composé de 250 hommes, commandé par Jacques Paris de la Bollardière.
Qui est ce criminel de guerre condamné à mort par contumace à la Libération ?
Outre les résistants expérimentés, le maquis est vite renforcé par les réfractraires du STO. Peu prudents, ceux-ci paradent dans les rues de Revin, allument des feux visibles sur les hauteurs, s'exposant aux dénonciations des collabos, délateurs et agents de la Gestapo.
La Kommandatur de Charleville commandée par le colonel Grabowski identifie sans peine le maquis. Elle ordonne le 12 juin à la 36 ème division de Panzer d'attaquer le maquis. La 1 ère compagnie est dirigée par un jeune officier de 29 ans, d'1 m 96 : Karl-Theodor Molinari.
Le combat tourne rapidement à l'avantage des Allemands. Molinari annonce à Grabowski la « capture des terroristes » et de 5 t de matériel. La suite est épouvantable. Certains sont abattus sur place, d'autres fusillés dans la forêt, enfin le reste torturés.
Les témoins rappellent notamment cet officier de très grande taille qui a rassemblé des prisonniers dans un jardin privé avant de lier leurs mains avec un fil de fer, d'ordonner à ses soldats de les frapper avec leurs crosses, de sauter sur leurs corps réduit rapidement à l'état de loques. Cinq par cinq, ils sont transportés, puis abattus, dans le dos et enterrés au lieu-dit « Le bois des chênes ».
Après la guerre, le lieutenant-colonel Molinari – décoré de la croix de fer et celle de chevalier de la croix de fer – rencontre la justice militaire française : le tribunal militaire de Metz le condamne le 13 avril 1951 à mort par contumace. Mais qu'en advint-il de ce criminel de guerre ?
Un criminel de guerre réhabilité en RFA
La vie de M.Molinari après 1945 est remarquable, illustrant bien comment la RFA a fait table rase avec son passé nazi : en les réintégrant après une phase de purgatoire.
En effet, Karl-Theodor Molinari se recycle après-guerre dans le business, il s'occupe d'une scierie dans la région de Cologne. Il devient militant puis élu de la CDU (droite chrétienne-démocrate), dont il devient le représentant régional.
En 1956, la Bundeswehr ré-créée manque d'officiers. Elle en appelle à Molinari, lavé du soupçon de crime de guerre. Sa carrière est un modèle : colonel à la fin des années 50, il devient général en 1961, finissant au grade de major-Général, commandant la IV ème division militaire à Mayence.
Il occupe également un rôle très politique puisqu'il est le président-fondateur de l'Association des forces armées – qui porte désormais son nom – en 1957. Et il joue un rôle dans la modernisation de l'armée allemande, conseillant pour la réalisation du char d'assaut Leopard.
Molinari n'a jamais été inquiété par la justice allemande et est mort de façon naturelle le 11 décembre 1993.
L'enquête ré-ouverte : historiens de RDA et communistes ardennais
Sans les enquêtes soulevées par la RDA, sans l'action courageuse en France de militants et partisans communistes, rien aujourd'hui ne serait connu sur ce Karl-Theodor Molinari, blanchi par Bonn.
Car Molinari est bien connu des services est-allemands.Il figure sur le « Livre brun » des anciens criminels de guerre nazis, réhabilités en RFA. Si il faut toujours être prudent en ce contexte de guerre froide, les faits qu'il révèle sont troublants de véracité.
En France, un ancien résistant, élu communiste à Vivier-au-Court, Marcel Noiret, décide de mobiliser ces anciens camarades résistants, la presse, les élus, jusqu'à en informer le Président Pompidou.
Le travail paye … mais en Allemagne. Après la nomination de Moolinari comme chef de la région de Mayence – un quart de la RFA – l'affaire commence à être connue au-delà du DKP (Parti communiste allemand) et rencontre un écho dans la presse nationale, comme Der Spiegel.
L'enquête de Der Spiegel avance et révèle des éléments troublants, après consultation du dossier du procès de Metz, et l'écoute d'une cinquantaine de témoins. Oui, Molinari était dans les Ardennes en juin 1944. Oui, il se trouve une fiche Molinari parmi les 500 000 fiches rassemblant les crimes nazis. Un fait négligé lors de l'enquête de respectabilité de la Bundeswehr en 1957.
Molinari doit s'expliquer. Après l'avoir nié, il reconnaît sa présence mais prétend que c'est Grabowski qui donnait les ordres et ce qu'est Arendt, responsable d'une compagnie de fantassins, qui les a exécutés. Lui n'a appris le massacre que 27 heures plus tard.
Ses lieutenants qui l'avaient tous chargés à Metz reviennent sur leurs témoignages, invoquant une erreur de traduction. Non, Molinari n'était pas là. Bien que de nombreux témoins signalent cet officier de très grande taille en noir. On voit mal par ailleurs comment il aurait pu échapper à un ordre donné par son supérieur.
Mais Molinari est intouchable – certains ont parlé de relations avec les services secrets britanniques – en tout cas il est dans les milieux de pouvoir allemands.
En 1970, il assiste au congrès de la CDU et son enquête sur son passé est arrêtée. Le procureur charge Grabowski, mort entre-temps.
L'affaire est un scandale. Si la presse ouest-allemande dénonce la subversion communiste contre la RFA, les soldats protestent contre ce général-criminel et refusent de servir sous ses ordres. Le Général Molinari est prié de prendre une retraite anticipée.
De Marie-Claude Vaillant-Couturier à René Visse : le combat pour l'histoire
En France, rares sont les courageux à avoir porté cette affaire sur la scène publique. Outre l'ancien résistant communiste Marcel Noiret, on trouve un député UDR et surtout Marie-Claude Vaillante-Couturier, résistante, députée communiste qui demande le 5 décembre 1969 que des poursuites soient entamées contre le criminel de guerre Molinari.
Aujourd'hui, on ne lâche pas le combat pour l'histoire. Outre un article excellement bien documenté et objectif de Roland Petrini (pour le Centre français de recherche sur le renseignement), c'est aujourd'hui René Visse, dirigeant historique du PCF dans les Ardennes, député entre 1978 et 1981, qui mène le combat .
René Visse a récemment envoyé une lettre au Ministère de la Défense pour exiger que la fondation soit débaptisée. Un courrier repris dans la presse locale, ainsi que dans l'hebdomadaire du PCF des Ardennes, « Nouvelles des Ardennes ».
Nous vous encourageons à signer la pétition exigeant la dissolution de la Fondation Karl-Theodor Molinari :http://www.petitions24.net/exigeons_la_dissolution_de_la_fondation_ktms. C'est une urgnece politique, historique.
Il est temps de mener le combat pour l'histoire au moment où le nazisme, sous ses formes anciennes et nouvelles, est blanchi dans nos manuels d'histoire, nos émissions de TV, dans la tournure des événements en Europe de l'est, dans la remilitarisation de l'Allemagne : exigeons la dissolution de cette Fondation qui porte le nom d'un criminel de guerre !
(*)Nous le remercions le camarade Georges Hallermayer, journaliste à Junge Welt, pour l'envoi de cette information et sa sollicitation à la publication.