Université - recherche : Les socialistes dans le droit fil de Sarkozy
Le projet de loi de la ministre socialiste FIORASSO sur l’organisation de l’Université et la recherche prolonge et approfondit les réformes engagées sous le gouvernement Sarkozy. En accélérant la concentration des Universités et des centres de recherche dans un nombre restreint de pôles capitalistes « concurrentiels » au plan mondial, ce projet les place sous leur coupe directe. C’est ce que la Ministre appelle «le transfert des connaissances, l’innovation et la compétitivité ».
Transférer les connaissances, à partir de la nation jusqu’aux grands groupes monopolistes européens et mondiaux c’est exactement ce que préconisait Sarkozy ! La Ministre pare l’innovation de toutes les vertus mais ce qu’elle ne dit pas, c’est qu’elle permet de modifier le partage des marchés et surtout de trouver de nouvelles bases pour l’exploitation du travail salarié. Dans ces conditions les grands groupes capitalistes interviennent de plus en plus directement sur la recherche scientifique et ses orientations dont ils s’accaparent les résultats à leur seul profit au nom de la « compétitivité ».
Dans le même temps, le système d’enseignement et de formation doit être intimement contrôlé pour produire les salariés qualifiés utilisables pour les nouveaux procédés de production. C’est à ce phénomène que nous assistons aujourd’hui avec une production avancée de la recherche en très grande partie financée par le peuple et une appropriation privée des résultats au seul profit des groupes monopolistes. Les réformes engagées depuis des décennies sont à mettre en parallèle avec les exigences de la mondialisation capitaliste.
La concentration plus forte des pôles de recherche et d’enseignement supérieur et leur contrôle effectif par les monopoles capitalistes a évidemment des conséquences pratiques qui se traduisent par une plus grande exploitation de la force de travail et la précarisation accrue des emplois. En France, le PS veut aussi en finir avec une recherche publique où les travailleurs scientifiques ont conquis des droits sociaux et des garanties en termes de liberté dans leur travail intellectuel ce qui leur a garanti jusqu’à présent une certaine indépendance y compris dans l’utilisation de leurs travaux.
La loi Fioraso qui prolonge la loi Pécresse va dans le sens des besoins des monopoles capitalistes. Prenons un exemple : Sanofi, multinationale de la pharmacie, liquide une partie de sa recherche et de son personnel tout en bénéficiant du crédit impôts recherche à hauteur du salaire de plus de 1500 chercheurs. Comme beaucoup d’autres cette société entend intervenir fortement dans les programmes des recherches universitaires. Mais la concurrence accrue entre les monopoles capitalistes pose la question de la propriété intellectuelle, celle de regrouper et externaliser la recherche en gardant le monopole des résultats et donc en privatisant les profits. Il en résulte un cloisonnement des recherches qui ne favorise pas leur développement. Le capitalisme est donc un frein objectif au développement des connaissances et à leur mise en œuvre au profit de la société toute entière et tout particulièrement au service des salariés.
Il ne s’agit donc pas de nier le rôle que joue la recherche dans l’évolution des procédés de production et dans les productions elles-mêmes, pas plus que de nier ce que la production apporte à la recherche.
Sortir de la crise par la formation, la recherche et l’innovation est devenu le véritable leitmotiv pour ceux qui tentent d’imaginer une sortie de crise sans en finir avec sa racine, l’existence du système capitaliste, de sa recherche du profit maximum par l’exploitation du travail salarié et l’accaparement des ressources naturelles. Ajoutons quand même que les mêmes thuriféraires de l’innovation se gargarisent de conversion écologique et sociale, de transition énergétique, de responsabilité sociale et environnementale des entreprises sans se soucier la moindre seconde des rapports sociaux d’exploitation qui engendrent la crise.