Virus EBOLA : « une maladie de pauvres dans les pays pauvres »
Le virus Ebola a été identifié en 1976. En 2014 plus de 4.000 cas ont été recensés dont plus de 2000 victimes. Le virus sévit dans trois pays parmi les plus pauvres du monde (Guinée, Liberia et Sierra Leone) qui ont connu des guerres laissant des systèmes de santé exsangues. L’OMS craint que l’épidémie touche plus de 20.000 personnes et a décrété une « urgence de santé publique mondiale ».
Dans Les Echos du 7 septembre 2014, Hervé Raoul, directeur du Laboratoire P4 Inserm-Jean Mérieux, estime que « Si on avait les moyens de mettre en place un circuit adapté – ce qui signifie diagnostiquer rapidement la présence du virus, placer le malade en zone d’isolement, identifier et suivre les contacts qu’il a eus –, on serait capable de maîtriser le virus ». Toujours selon Les Echos, l’industrie pharmaceutique est peu investie. Le journal note dans son édition du 5 septembre que si quelques sociétés américaines font des recherches c’est parce que « les Etats-Unis avaient classé le virus Ebola parmi les armes potentielles du bioterrorisme ».
Quant au Dr Dominique Kerouedan, experte en santé publique des pays en voie de développement, elle précise dans le Figaro du 12 août : « mettre en place un système de santé publique demande beaucoup d’argent : recruter des personnels, les former, se doter d’un système informatique… cela implique des budgets importants.(…) Les populations n’ont plus confiance en leurs autorités sanitaires, notamment depuis la mise en place d’un système de tarification de base, imaginé par la Banque mondiale dans les années 1980 (initiative de Bamako), qui s’est ajouté à des pratiques de racket des malades. Les gens ne peuvent pas se faire soigner. (…) Il y a des centres de santé où il n’y a même pas d’eau ! Comment voulez-vous combattre une épidémie d’une telle ampleur ? Selon moi, l’émergence dans cette région d’une maladie infectieuse d’une telle gravité est le reflet du désengagement international en faveur des systèmes de santé. »