Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger tente de se libérer de la colonisation française - Par Jean LÉVY
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Niger : ce que l’on sait de la tentative de coup d’État en cours
LE POINT SUR LA SITUATION - Depuis mercredi, le président est séquestré, avec sa famille, à l'intérieur de sa résidence par la garde présidentielle. La junte a fermé les frontières et instauré un couvre-feu.
Des militaires putschistes du Niger, en proie à la violence djihadiste et jusqu'alors allié des pays occidentaux, ont annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi à la télévision nationale avoir renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021.
«Nous, Forces de défense et de sécurité (FDS), réunis au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez», celui du président Bazoum, a déclaré le colonel major Amadou Abdramane, entouré de neuf autres militaires en tenue. «Cela fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale», a-t-il ajouté.
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Au Niger, l’armée affirme avoir renversé Mohamed Bazoum
Dans la nuit du 26 au 27 juillet, des militaires nigériens ont annoncé avoir pris le pouvoir après avoir retenu toute la journée le chef de l’État dans sa résidence.
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Niger : pourquoi la France surveille-t-elle la situation de près ?
Séquestré par des militaires qui affirment l'avoir renversé, le président nigérien Mohamed Bazoum a démenti ce coup d'État jeudi sur Twitter. Une situation qui préoccupe la France.
La France a réagi très vite mercredi après-midi. Paris surveille la situation de près, d'abord parce que 10 à 15% de l'uranium nécessaire à nos centrales nucléaires viennent du Niger. Ensuite pour des raisons sécuritaires : le Mali et le Burkina Faso, pays voisins, ont déjà basculé dans l'autoritarisme.
Au Niger, Paris a redéployé son dispositif de lutte contre les djihadistes. 1.500 soldats français sont aujourd'hui à Niamey avec des avions de chasse et des drones. Les opérations antiterroristes sont fréquentes, en accord avec le président nigérien, sur les frontières avec le Mali et le Burkina Faso.
Si Mohamed Bazoum est renversé, eh bien en Afrique de l'Ouest, il ne restera plus que le Tchad en pays allié. Partout ailleurs, le sentiment anti-français, alimenté par la Russie et Wagner, augmente.
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Niger : le président Mohamed Bazoum retenu dans son palais par la garde présidentielle
L'accès à la présidence du Niger à Niamey était bloqué ce 26 juillet en raison d'un «mouvement d'humeur» de la garde présidentielle. Suite à l’échec de «pourparlers», l’armée se tiendrait prête à intervenir.
Le président nigérien Mohamed Bazoum est retenu ce 26 juillet à Niamey par la garde présidentielle à l'issue de «pourparlers» qui ont échoué et l'armée a lancé «un ultimatum» à la garde, a appris l'AFP de source proche de la présidence.
«Au terme des pourparlers, la garde présidentielle a refusé de libérer le président, l'armée lui a lancé un ultimatum», a déclaré cette source sous couvert d'anonymat, à la suite d'un «mouvement d'humeur» de membres de la garde présidentielle qui ont bloqué l'accès de la présidence à Niamey.
Une histoire marquée par les putschs
Dans un message publié sur Twitter, rebaptisé «X», la présidence du Niger indique que ce 26 juillet au matin, «des éléments de la garde présidentielle (GP) ont engagé un mouvement d'humeur anti-républicain et tenté en vain d'obtenir le soutien des forces armées nationales et de la garde nationale».
«L’armée et la garde nationale sont prêtes à attaquer les éléments de la GP impliqués dans ce mouvement d’humeur s’ils ne reviennent pas à de meilleurs sentiments», ajoute la présidence, en affirmant que «le président de la République et sa famille se portent bien».
L'histoire du Niger, pays pauvre en proie à la violence djihadiste, est jalonnée de putschs et de tentatives de coups d'Etat. Depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960, il y en a eu quatre : le premier en avril 1974 était dirigé contre le président Diori Hamani, alors que le dernier en février 2010 a renversé le président Mamadou Tandja. Les tentatives de putsch, elles, ont été nombreuses.
Vu sur l’application RT News
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LES COMMENTAIRES de JEAN LÉVY
Après le Mali et le Burkina Faso... avec le Niger, c'est tout le Sahel qui tente de se libérer de la tutelle française.
Seul, à l'Est, le Tchad, où une rébellion menace le pouvoir central, demeurait pour l'instant dans le giron français.
A l'ouest, la Mauritanie, a obtenu son indépendance en 1960 Le président Moktar Ould Daddah, mis au pouvoir par la France, adopte en 1964, la constitution qui fit de la Mauritanie un État autoritaire et le Parti du peuple mauritanien (PPM) devint le seul parti autorisé.
Depuis le 1er janvier 2019, la Mauritanie et les Etats de la Cédéao constituent une zone de libre-échange... dernier vestige de la colonisation.
Mais pour combien de temps ?
Nous assistons donc au repli précipité de la présence française dans l'ensemble du Sahel, et la mise en cause de la prédation de ses richesses minières par l'ancienne puissance coloniale.
LES VRAIES RAISONS DE LA PRÉDATION COLONIALE
Le Niger possède le troisième gisement d’uranium au monde comme l’ensemble de la région du Sahel.
C’est dans ce périmètre, que s’aiguisent les stratégies occidentales pour le contrôle des richesses naturelles : pétrole, gaz, or, phosphate, diamants, cuivre, fer, charbon, nickel, zinc, bauxite, uranium, plutonium, manganèse, cobalt, argent, chrome, étain, sels minéraux.
Et les conflits d’intérêts dans la région attisent les appétits des grands groupes internationaux. Outre Areva, premier producteur mondial d’uranium, American Corporation, BHP, Gencor, Ashanti Goldfields, Barrick Gold, Rand Gold sont à pied d’œuvre au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali, au Niger et en Mauritanie.
Tout s'écoule pour ces sociétés privées, et la France n'est plus en mesure d'y résister.
Une nouvelle ère commence pour l'Afrique.