il manque un PARTI COMMUNISTE [Danielle Bleitrach]
J’ai du mal à me mettre aux compte-rendus de la tournée formidable des Ukrainiens communistes en France, tant ce fut un exploit qui nous donne envie de passer à une étape ultérieure. Mais aussi au négatif, tant le silence médiatique à commencer par celui de la presse communiste paraît inouï…
Cette véritable interdiction, cet étouffoir des cris que constitue le système de propagande aujourd’hui prouve au meilleur des cas la cécité de ceux qui devraient aujourd’hui mobiliser l’opinion publique face aux terribles dangers qui nous menacent… Il ne s’agit pas de l’Ukraine ou d’un quelconque conflit existant dans le monde, il s’agit de la paix ou de la guerre et ce qui va avec de la fascisation d’un continent comme réponse à la possible rébellion devant les politiques impérialistes… Nous sommes bien au cœur de l’urgence…
On ne peut pas imaginer que tous les journalistes soient de parfaits imbéciles qui se laissent duper par la propagande qu’ils diffusent… Que personne ne mesure où tout cela nous conduit… Ceux qui ont choisi sciemment hier comme aujourd’hui de faire silence sur ce qui s’est installé en Ukraine et qui aujourd’hui conduit ce malheureux pays au désastre, au fascisme, à la guerre civile, ne peuvent pas être réellement convaincus que l’origine en soit le « méchant Poutine »… Donc ils acceptent d’aller sur la pente où tout cela nous mène… Ils se conforment à l’omerta des médias en toute connaissance de cause. Nous sommes devant un cas de complicité avec les crimes de masse au service des intérêts capitalistes…
Si cependant cette tournée fut une épopée avec partout des gens, des militants, communistes pour la plupart mais pas seulement, c’est que la prise de conscience est là et si elle est là, elle est ailleurs. Simplement tout est fait pour la maintenir dans des isolats, d’empêcher la jonction. Ils appliquent en quelque sorte en matière d’information et de lutte, la technique du chaudron. Ils nous encerclent et nous privent de toute transmission. C’est là qu’un parti communiste fait le plus défaut…
Nous avons trouvé des gens déterminés, conscients qui ont fait l’impossible, des jeunes en particulier, mais aussi le poids de toutes les complicités dans le silence non seulement face au massacre d’Odessa mais à celui qui se prépare demain et dont nous serons tous victimes, à commencer par ces jeunes qui sont menés vers le drame du fascisme et celui de la guerre… Ma conclusion est simple, ce qui nous manque le plus est un parti communiste qui assure la transmission entre tous les combattants et provoque ce qui est possible, un élan antifasciste, en faveur de la paix dans la justice pour tous…
Il faut un parti communiste qui ne se contente pas de publier des communiqués mais soit en capacité d’organiser la résistance populaire… Il existe des forces de gauche, des patriotes, mais ce qui caractérise un parti communiste et en fait l’outil indispensable dans cette période historique à laquelle nous sommes confrontés c’est l’unité, l’organisation, l’élan démultiplié par la conviction idéologique mais aussi osons-le mot la discipline, l’orientation vers l’action, toutes choses qui donnent une véritable capacité de rassemblement et d’intervention sur le cours des événements. Toutes ces qualités enfin n’ont un sens que si elles sont mise au service d’une perspective, celle de la paix, celle de la liberté qui ne peuvent exister sans la justice et donc la fin de l’exploitation, le socialisme, le vrai. Sans cette perspective, sans une stratégie, le combat contre ce qui nous menace ne produit qu’émiettement, division… Si ce parti ne se construit pas aujourd’hui et rien ne prouve qu’il y ait encore les moyens de cette organisation des communistes, la nécessité se fera de plus en plus sentir, mais son absence coûtera très cher en terme de souffrances et peut-être un jour de vies. Ma préoccupation principale est celle de cette jeunesse que nous laissons trop démunie…
Il y a des expériences de cette reconstruction après la débâcle et sans chercher où que ce soit des modèles, le dialogue est indispensable sur les résistances… C’est tout le sens de cette rencontre de Vénissieux avec cette confrontation de militants venus de divers continents, menant une lutte anti-impérialiste… Est-ce un hasard si ce sont les analyses du camarade de Cuba et celles des camarades ukrainiens qui ont paru faire le mieux la synthèse de la richesse de toutes les expériences de résistance? Partout le courage est là mais l’union dans un parti révolutionnaire ayant un objectif, le socialisme, la fin du capitalisme apparaît comme le principal facteur indispensable à une contre-offensive.
c’est là l’essentiel de ce que je retire de cette magnifique tournée, des échanges avec les camarades ukrainiens, autant que de toutes ces rencontres à travers la France.
Danielle Bleitrach