GRÈCE: «L’étranglement financier a remplacé les canons impérialistes»
Déclaration de Panagiotis Lafazanis:
Panagiotis Lafazanis, ministre de la Reconstruction productive, de l’Environnement et de l’Energie, a fait le lundi 29 juin 2015 la déclaration que nous reproduisons ci-dessous. Elle s’inscrivait dans le cadre de nombreux appels lancés à l’occasion de la manifestation sur la place Syntagma à Athènes, le 29 juin dès 19h30. Plus de 30’000 personnes y ont exprimé – comme à Thessalonique et dans de nombreuses autres villes – avec vigueur leur appui au rejet des propositions des «institutions» telles que faites le 25 juin. Panagiotis Lafazanis, outre sa fonction de ministre, est un des leaders de la «plateforme de gauche» qui réunit entre autres le Courant de gauche (dont il est l’animateur principal) et le Red Network (dont la colonne vertébrale est DEA, membre de Syriza).
Parmi les appels syndicaux, il faut retenir celui de META, la gauche syndicale aussi bien d’ADEDY (secteur public) que du GSEE (secteur privé), qui indiquait que le «Non» ne se limitait pas à l’austérité imposée par les usuriers, mais «participait de la défense de la démocratie ainsi que des droits sociaux et du travail». META invitait les travailleurs et les chômeurs, les retraités à être présents la manifestation pour le «Non», car un «Oui» aux propositions des créanciers impliquerait: «l’austérité et la récession; l’humiliation des travailleurs et des retraités; la destruction des structures de la sécurité sociale, du système de santé publique, de l’éducation; des licenciements dans les secteurs publics et privés; plus de chômage et plus de pauvreté; la privatisation et le bradage de la richesse publique; la destruction complète de la fabrique productive du pays; la disparition du paysannat; et le nœud coulant de la dette passé au tour du cou du pays et de la société». Nous reviendrons demain sur la campagne médiatique faite à la canonnière et les «propositions» et «contre-propositions» dont se délectent les médias, mais qui traduisent sur le fond l’intensité d’un affrontement de classe au sein de la société grecque et au sein des pays de l’Union européenne dont les gouvernements sont alignés derrière les porte-parole des «institutions». Les hésitations de membres importants de la direction de Syriza tels que Giorgos Stathakis et Yannis Dragasakis – dans la bataille des rumeurs – sur un accord possible et un éventuel report du référendum ne rendent pas la tâche facile au camp du «Non». Car cela accroît les interrogations sur les suites d’un «Non». (Rédaction A l’Encontre)
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«Jamais auparavant un pays n’a été traité par les centres de pouvoir euro-atlantiques avec un tel plan aussi cru et brutal d’épuisement et d’extorsion comme la Grèce. Notre pays a été impitoyablement détruit durant cinq ans par les programmes des mémorandums [2010 et 2012]. Et depuis cinq mois il est traité par les «institutions» [BCE, FMI, Commission européenne] d’une manière machiavélique lamentable et soumis à une lente torture.
Au cours de périodes précédentes, les extorsions contre les petits pays étaient conduites au moyen des canons impérialistes. Ces derniers, actuellement, ont été remplacés par la strangulation du crédit et la fermeture contrainte des banques [sous l’effet du plafonnement des liquidités d’urgence décidé par la BCE et de la sortie massive de capitaux des privilégiés qui a commencé dès 2010].
En ces heures de dure épreuve, le peuple grec est appelé à ne pas se plier face aux extorsions et, au contraire, à montrer sa force, son endurance et son esprit de combat dignes des grandes traditions grecques.
Les plans machiavéliques sales contre notre pays et le peuple grec ne doivent pas passer. Au contraire, ils doivent trouver face à eux un front uni populaire intraitable de résistance, de persévérance et dessinant une perspective.
Le pays a besoin d’atteindre calmement le référendum du dimanche 5 juillet afin que dans les urnes le peuple grec déclare par son vote un puissant et combatif «Non» aux propositions [des «institutions»] d’écrasement et d’épuisement de ses enfants.
Pour la Grèce, il n’existe pas une seule voie, celle de l’allégeance à l’euro propre aux propositions d’austérité et à la perpétuation des mémorandums ainsi qu’à une escalade de destructions et de pillage.
La Grèce n’est ni otage, ni tombée dans un piège. A l’opposé, elle a, s’appuyant sur la volonté et le combat du peuple grec, de nombreuses manières de s’affronter à ceux qui insistent pour imposer à notre pays des carcans néocoloniaux et les politiques de pillage.
Un puissant «Non» du peuple grec déposé dans les urnes dimanche sera avant tout un grand «Oui» à une Grèce indépendante et souveraine qui est déterminée, malgré et contre toutes les difficultés du moment, de défendre sa dignité, ses traditions démocratiques et l’avenir de son peuple.» (29 juin 2015, traduction A l’Encontre)
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