Le SYNDICALISME rassemblé contre la véritable convergence des LUTTES !
En déplacement Lyon ces derniers jours Philippe Martinez en appelle à un syndicalisme uni et dans le même mouvement affirme : "La CGT oeuvre sur le plan social. La France insoumise, c'est autre chose" répondant par avance de manière négative à la proposition de l'organisation commune sous direction syndicale d'une puissante manifestation commune syndicats mobilisés contre la loi licenciement XXL et les organisations politiques dénonçant le "coup d'état social" !
Cette attitude est préjudiciable au mouvement en construction et à son issue pour les travailleurs pour une double raison :
UN SYNDICALISME RASSEMBLÉ AU CONTENU PLUS QUE FRELATÉ
Les organisations FO et CFDT qui se sont engagées auprès de la CGT dans le combat l'ont fait en rupture et en contradiction avec L. BERGER et J.-C. MAILLY.
Cela résultant d'initiatives indépendantes de la CGT et des organisations associées mettant la pression sur la CFDT et FO.
Mais un fait majeur demeure : ces directions approuvent quant au fond la mise en œuvre des contre-réformes que Macron a l'intention de mettre en œuvre et n'ont absolument pas l'intention de mobiliser les travailleurs pour y faire obstacle.
Et à présent J.-C. MAILLY, franchissant le pas, se comporte en véritable agent de propagande du pouvoir.
Alors pourquoi entretenir l'idée d'une possible action commune à ce niveau (Commission exécutive du 19 septembre dernier) ?
Sur quel contenu ?
Avec quels objectifs ?
Pourquoi prendre le risque de diluer, d'affaiblir considérablement les objectifs du mouvement en cours en perdant de vue qu'Emmanuel Macron et ses soutiens ont l'intention de s'en prendre à l'ensemble des conquis du monde du travail de manière radicale et que cette volonté de destruction concerne les domaines essentiels de la vie des travailleurs et du peuple plus généralement : protection sociale, retraites, fonction publique, services publics, logement, territoires et structures territoriales, patrimoine industriel public, la généralisation des conventions collectives de branche ...
En sachant pertinemment que ces directions syndicales n'ont absolument pas l'intention de s'opposer résolument à ce projet proprement politique, mais se contentent de faire mousser auprès de leurs adhérents de soi-disant compensations aux lourds reculs imposés par les contre-réformes.
Afin de justifier leurs trahisons !
Cette recherche d'unité factice de sommet est donc une voie sans issue, voire une manière de démobiliser en profondeur le mouvement social en cours, comme si l’on n’avait décidément rien appris des trahisons à répétition de l’état-major jaune de la CFDT !
UN REFUS DE LA MAIN TENDUE PAR LES POLITIQUES PROGRESSISTES
Une chose serait un refus justifié par une analyse circonstanciée des orientations de la France insoumise puisque la proposition d'une action commune vient de là.
Mais ce refus est justifié par une approche de principe revendiquée au-delà de ces circonstances.
Cette attitude repose en effet sur des analyses erronées au nom à la fois de l'indépendance syndicale et de la séparation étanche entre le champ et les compétences syndicales et le champ politique.
Dans la CGT cette prévention remonte notamment au 40ème Congrès de Grenoble en 1978 en lien avec la douloureuse expérience de soutien au Programme commun de gouvernement entre le parti communiste et le parti socialiste.
"Le 40e congrès a tiré les enseignements relatifs à ce type d'engagement de soutien à un programme politique et gouvernemental : la CGT ne doit pas s'écarter fondamentalement de son propre programme revendicatif dans sa démarche auprès des salariés."
Mais ce constat ne se trompe-t-il pas lourdement de diagnostic ? Et la conclusion n'aurait-elle pas été fondamentalement différente si au fil des années ce processus avait débouché sur des conquêtes durables des travailleurs comme en 1945 et non pas finalement sur le chômage de masse, les politiques d'austérité, la précarisation de pans entiers de la société ... à partir du reniement à ses engagements de départ d'un parti socialiste à présent largement rallié à Macron ?
Plus que l'échec d'un engagement syndical sur le terrain politique c'est l'échec d'une stratégie d'alliance et d'un rassemblement à prédominance électorale sous domination social-démocrate qui sont en cause !
Le contre-exemple de 1945 est d'ailleurs là pour infirmer ce positionnement frileux, démobilisateur avec l'immense risque de conduire le mouvement social une nouvelle fois à la défaite.
En 1943 grâce à l'action clandestine de la CGT et de Benoît Frachon en particulier le mouvement syndical se réunifie (Accords du Perreux) et la CGT participe en tant que telle aux travaux du Conseil National de la Résistance aux côtés des organisations de résistance, des personnalités, ... des partis politiques démocratiques.
Et c'est cette collaboration dans un rapport de force favorable aux travailleurs (un patronat largement discrédité, une CGT à 5 millions d'adhérents à la Libération) qui trouvera une traduction dans le programme "Les Jours heureux" et avec l'appui décisif des ministres communistes comme Ambroise Croizat, Marcel Paul, Maurice Thorez débouchera sur les conquis encore actifs (bien que puissamment attaqués) comme la Sécurité sociale, les nationalisations de secteurs clés de l'économie, le statut de la Fonction publique ...
Que serait-il donc arrivé à l'époque si les dirigeants de la CGT à l'instar de Philippe Martinez à présent avaient déclaré "la CGT œuvre sur le plan social, le CNR c'est autre chose !"
Un tel positionnement illustre à quels reculs et à quelle dépolitisation absurde des dirigeants syndicaux sont parvenus et qui menace la capacité d'intervention réellement efficace du mouvement ouvrier et du mouvement social.
La question majeure qui est posée est donc moins celle de l’indépendance « du » syndicalisme par rapport à « la » politique en général, même si nul ne conteste qu’évidemment les syndiqués doivent rester maîtres de l’orientation syndicale, mais celle de l’union de combat des syndicalistes DE CLASSE et des militants politiques du progrès social contre le capitalisme et ses politiques de casse.
Clamer « indépendance, indépendance ! » masque de fait la dépendance étroite de certains syndicalistes d’accompagnement à l’égard de la Confédération européenne des syndicats, (CES) et à travers elle, à l’égard des POLITIQUES édictées par le grand patronat européen et français. Le cas actuel de Mailly, qui n’a à la bouche que l’« indépendance syndicale », mais qui ne cesse de défendre Macron et de briser l’élan du mouvement social, illustre bien cette duplicité.
Ce débat et cette confrontation doivent donc avoir lieu en particulier dans la CGT pour que soient levés les obstacles à une véritable intervention globale et concertée des travailleurs et du peuple, afin de renouer victorieusement avec la défense des conquis et de nouvelles conquêtes.
Membres du Conseil National de la Résistance
le 27 mai 1943
48, rue du Four - PARIS
Outre Jean Moulin et ses deux collaborateurs, Pierre Meunier et Robert Chambeiron, ont participé à la réunion du 27 mai 1943 :
les représentants des huit grands mouvements de résistance :
Pierre Villon du Front national de la résistance créé par le Parti communiste français
Roger Coquoin pour Ceux de la Libération,
Jacques Lecompte-Boinet pour Ceux de la Résistance,
Charles Laurent pour Libération-Nord,
Pascal Copeau pour Libération-Sud,
Jacques-Henri Simon pour Organisation civile et militaire,
Claude Bourdet pour Combat,
Eugène Claudius-Petit pour Franc-Tireur ;
les représentants des deux grands syndicats d'avant-guerre :
Louis Saillant pour la CGT,
Gaston Tessier pour la CFTC ;
et les représentants des six principaux partis politiques de la Troisième République :
André Mercier pour le PCF,
André Le Troquer pour la SFIO,
Marc Rucart pour les radicaux,
Georges Bidault pour les démocrates-chrétiens,
Joseph Laniel pour l’Alliance démocratique (droite modérée et laïque),
Jacques Debû-Bridel pour la Fédération républicaine (droite conservatrice et catholique).
source: wikipédia
Article original sur le blog du FSC :