Face à Macron : politisons notre colère ! - Par Jean LÉVY
Depuis le mois de janvier dernier, la population manifeste sa profonde colère contre Macron et sa politique, la réforme du système des retraites étant le phare de la contestation.
Les grèves, et surtout les défilés de masse organisés par les syndicats unis, ont regroupé des foules énormes dans les villes moyennes et les gros bourgs jusqu’à représenter 20%, 30% et jusqu'à 50% de la population !
La colère a également pris et prend toujours la forme d'occupation de sites - de grandes surfaces, de sièges sociaux de multinationales, de gares, des carrefours - et de manifestations spontanées, dites « sauvages », dans les centres villes et les quartiers.
Malgré cette séquence d'irruption populaire dans la vie de notre pays, d'une durée jamais atteinte dans notre histoire sociale, le pouvoir, dont Macron est l'emblème, utilisant tous les moyens antidémocratiques de la Constitution, a fait voter et justifier sa réforme des retraites, promulguée à la hâte après la décision politique du Conseil constitutionnel.
Mais la bataille n'est pas terminée. Et la population le fait savoir.
A l'inverse, le pouvoir veut mettre un terme à ce mouvement populaire, annonçant au-delà de 100 jours, délais qu'l s'est donné pour reprendre les choses en mains et poursuivre sa politique sur d'autres chantiers.
Les Français dans leur masse ne l'entendent pas de cette oreille. Ils n'ont pas digéré le recul de l'âge de départ en retraite à 64 ans et continuent dans la rue de le prouver. Et ils préparent à l'occasion du 1er mai, une manifestation d'une ampleur inconnue à l'appel de l'intersyndicale unie pour montrer que le combat continue.
Et cela, en présence de délégations ouvrières de nombreux pays, le mouvement en France porte l'exemplarité qui pourrait faire tache d'huile au-delà de nos frontières, des luttes ouvrières se développant déjà en Grande-Bretagne depuis l'été dernier, en Belgique, en Allemagne et dans bien d'autres Etats.
Mais sans attendre le 1er mai, Emmanuel Macron ne peut plus se déplacer en France sans affronter la colère de la population des villages et des villes traversées. Concert de casseroles, hués et invectives s'expriment partout en France, d'Alsace en Roussillon, contre le Président détesté.
Mais Macron est bravache : il tente, par sa présence affirmée auprès de la foule en colère, de se présenter comme un homme de bonne volonté, ouvert au dialogue et qui ose physiquement affronter des gens surexcités qui n'ont que l'injure à la bouche et des casseroles sur qui taper.
Voyez le scénario qu'il veut, par ses médias, nous opposer.
Ne serait-il pas temps de changer de tactique pour au-delà des injures publiques des arguments politiques ?
Macron jure ses grands dieux qu'il veut réindustrialiser la France, qu'il s'y emploie pour le bien des Français à longueur de journées. Que le mal est ancien, dû à ses prédécesseurs.
Ne pourrait-on pas lui opposer qu'il est lui-même aux affaires depuis de nombreuses années. Il était déjà en 2012, cela fait neuf ans, secrétaire général adjoint de l'Élysée, puis nommé ministre, en 2014, chargé de l'Économie.
C'est à ce poste là qu'il a vendu le secteur des turbines d'Alstom aux Américains, indispensables à nos sites nucléaires et à notre porte-avions.
Pour un défenseur de notre industrie, on pouvait mieux faire !
Ne pourrait-on pas, par exemple, rappeler au Président le scandale Mc Kinsey, société américaine, à maintes fois par lui choisit à coups de centaines de millions pour déterminer notre politique de la Santé, ou de l'école, ou des retraites à la place de notre Fonction publique, dont c'était l'objet ?
Et que c'est cette société qui a traité la campagne électorale du Président...
Ne croyez pas que sur des pancartes déployées, ces rappels seraient plus payants que des injures criées un court moment ?
Certes, la personnalité d'Emmanuel Macron, son mépris évident, allument la colère populaire...Mais attention, s'il n'était plus de se montrer en public, il compte rester à l'Élysée...Et, s'il devait en partir, nombreux sont les sosies qui voudraient lui succéder, tous les Macrons-bis, tout nouveau, tout beau, qui visent l'Élysée.
Le problème Macron n'est donc qu'une question politique.
JEAN LÉVY