En CISJORDANIE, la toute-puissance des COLONS israéliens
Les colons sont près de 475 000 à vivre en Cisjordanie occupée. Depuis le 7 octobre, ils multiplient les attaques contre les Palestiniens en toute impunité. Reportage auprès de ceux qui assument, avec l’aval du gouvernement israélien, une colonisation sans fin.
Ma’ale Levona (Cisjordanie occupée).– « Imaginez-vous passer du bon temps avec votre famille et profiter d’un paysage vierge spectaculaire. » La phrase est accrocheuse. Chaque mot a été soigneusement choisi pour vendre un futur projet immobilier à Ma’ale Levona. Une colonie de Cisjordanie occupée située à une vingtaine de kilomètres de Ramallah. Près de 900 personnes, en majorité des familles, vivent dans ce qui ressemble de loin à un village dortoir perché au-dessus de champs d’oliviers. Cette colonie, illégale au regard du droit international, a été construite en 1983. Depuis, elle ne cesse de s’agrandir sur les terres palestiniennes des localités de Sinjil, Al-Lubban ash-Sharqiya et Abwein.
Shlomi vient d’arriver à Ma’ale Levona. Il y a six mois, à la tête d’une société de BTP, ce père de famille a acheté une maison pour sa femme et leurs quatre enfants. « Je suis monté en Israël, il y a plusieurs années maintenant », explique fièrement le Français originaire de Marseille en faisant la visite de ce qu’il présente comme son « petit paradis ». À l’arrière de son pantalon, coincé dans sa ceinture, on devine facilement un pistolet.
« Je ne le laisse jamais, ma femme aussi porte une arme. C’est de l’autodéfense comme aux États-Unis. C’est la même logique pour nous, se vante presque Shlomi. Depuis le 7 octobre, le portail à l’entrée est toujours fermé et gardé par des militaires. Le risque zéro n’existe pas mais je me sens en sécurité ici. Tsahal a renforcé sa présence autour du village. »
Un village : c’est ainsi que ce père de famille quarantenaire désigne l’endroit où il vit. « Je n’aime pas le mot “implantation”. Je ne me sens pas comme un colon, je me sens comme un juif sur ma terre », explique-t-il. « Implantation » est pourtant le terme utilisé par les autorités israéliennes. « On ne va pas partir de Ma’ale Levona. C’est chez moi, même si je suis français, assure Shlomi. Ma dernière fille est née ici, elle n’a que la nationalité israélienne. Un pays a été construit il y a 75 ans, avant il n’y avait rien autour de nous. Que du sable et des cailloux ! »
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