GRÈCE : Congrès du PAME - Prise de parole de Jean-Paul Delescaut, Secrétaire général de l’ UD CGT Nord
Camarades,
Nous vous apportons le salut fraternel des camarades et des syndicats du Nord de la France.
C’est avec enthousiasme et un immense plaisir que l’Union départementale des syndicats CGT du Nord de la France a répondu à l’invitation du syndicat frère PAME dont une délégation était venue, à Lille, apporter son soutien et exprimer sa solidarité alors que nous étions sous le coup de l’attaque scélérate de l’état bourgeois qui nous a condamné pour « apologie du terrorisme ».
Au-delà du plaisir, c’est également un honneur d’être présents aujourd’hui parmi vous.
L’Union départementale des syndicats CGT du Nord de la France est une structure interprofessionnelle qui compte un peu plus de 32 000 adhérents. Elle est présente dans tout le département du Nord au travers de 17 Unions locales dont 3 sont affiliées à la Fédération Syndicale Mondiale.
A leur création, les Unions départementales ont été pensées comme des outils de lutte dans le cadre de la double besogne : défendre les intérêts économiques et moraux immédiats des travailleurs tout en luttant pour « l’abolition du patronat et du salariat », c’est-à-dire pour un changement de mode de production, un véritable changement de société.
Aujourd’hui les discours sur la crise du syndicalisme, et plus particulièrement celui de la CGT, sur son caractère « figé et archaïque », sur les mutations nécessaires pour s’adapter, etc. sont nombreux et reviennent régulièrement dans les médias.
Ces discours proviennent d’une multitude d’acteurs extérieurs mais aussi intérieurs qui font pression pour que notre syndicat change profondément de nature et rompe avec son histoire de lutte des classes. C’est ce qu’exigent le patronat, le gouvernement mais aussi les réformismes politique et syndical.
Patronat, gouvernement et réformistes, main dans la main, visent à faire des centrales syndicales des corps intermédiaires de la République, intégrés au système bourgeois et ayant renoncé à toute indépendance et à toute idée de changement de société. C’est tout l’enjeu, en France, de la loi de 2008 dite de la « représentativité », qui organise la concurrence entre centrales syndicales aux dépens des travailleurs et de l’instauration du « dialogue social » dont l’objectif est la cogestion sur les bases patronales.
C’est aussi, après son départ de la Fédération syndicale mondiale en 1995, tout l’enjeu de l’adhésion, en 1999, de la CGT, à la Confédération européenne des syndicats qui représente la quintessence de l’intégration bourgeoise, de la cogestion, de la collaboration de classe et de la soumission de la classe ouvrière.
Il s’agit de légitimer les intérêts de classe du patronat, de légitimer tous les coups portés à la classe ouvrière avec la complicité de directions syndicales nationales et supranationales dont le travail est de faire passer la pilule amère des baisses de salaire, de la précarité, des plans de licenciements, de la destruction méthodique de tous les conquis sociaux, etc. auprès des travailleurs.
Pour ce faire à l’extérieur, l’impérialisme lâche quelques miettes pour se garantir des syndicalistes de cour à son service. A l’intérieur, ces appointés du patronat cherchent à transformer l’organisation sur deux axes majeurs : casser le fédéralisme et changer de paradigme.
Pensé pour servir la lutte des classes, le fédéralisme qui caractérise la CGT, c’est-à-dire l’articulation du champ professionnel et du champ territorial, qui permet d’unifier les luttes partielles et de les intégrer dans la lutte générale est incompatible avec un syndicalisme d’accompagnement et de cogestion. Pour contourner cette organisation qu’ils ne sont pas encore parvenus à détruire, les appointés du patronat ont inventé le « syndicalisme rassemblé », c’est-à-dire des unions de sommet portant des revendications a minima qu’il s’agit de négocier à froid dans des instances dédiées, dans des temps imposés et sans création en amont d’un quelconque rapport de force. Bref en dehors des travailleurs.
Voilà contre quoi et ce pour quoi nous nous battons depuis octobre 2016 dans l’Union départementale des syndicats CGT du Nord et dans la Confédération. Dans ce combat la CGT du Nord n’est pas seule mais, il faut bien le constater, nous sommes encore minoritaires même si nous avons fortement progressé. Telle est la leçon que nous tirons du 53ème congrès de la CGT de mars 2023 qui a été pour le moins fort agité et telle est la situation du syndicalisme de classe aujourd’hui en France.
Ce combat interne, qui est aussi celui de nombreux militants syndicaux dans de nombreux pays, y compris ici en Grèce, est d’une importance capitale car, si la société est en mutation, le capitalisme dans son stade suprême l’impérialisme ne change en rien dans sa nature. Il continue de pousser sa logique meurtrière toujours plus loin. Les travailleurs vivent, aujourd’hui plus qu’hier, une précarité et une surexploitation grandissantes dans une société déchirée par des divisions artificiellement créées et entretenues et dans un monde où réchauffement climatique et guerres conduisent à reposer l’équation de Rosa Luxemburg : socialisme ou barbarie.
En ce sens, le syndicalisme de classe et de masse que nous défendons et que vous pratiquez, camarade du PAME, n’est pas un simple choix idéologique. Nous le savons tous : il est avant tout une nécessité historique.
Nous ne sommes pas seuls chez nous. Nous ne sommes pas seuls dans le monde. Notre présence parmi vous aujourd’hui le démontre.
L’impérialisme n’est pas encore vaincu mais il est attaqué et en reflux dans nombre de pays et de régions du monde comme au Mali, au Sénégal, au Niger ou bien encore au Venezuela pour ne citer que quelques exemples. Cuba, la Corée du Nord résistent. La Syrie n’a pas été vaincue. La Chine, quoiqu’on en pense est en train de supplanter les USA. Les BRICS, auxquels adhèrent de nouveau pays, sont en train d’imposer un monde multipolaire contre l’hégémonie US et UE. Les lignes bougent.
Et au cœur de toutes ces contradictions, l’héroïque peuple palestinien martyrisé par l’entité sioniste ne baisse pas la tête. Sa résistance est la nôtre. Nous ne pourrons jamais être libres, nous ne pourrons jamais prétendre à un destin démocratique en Occident tant que le peuple palestinien ne sera pas libre car comme l’a écrit Karl Marx : « Un peuple qui en exploite un autre ne saurait être libre. »
Joe Biden a déclaré en 1986 : « Si Israël n’existait pas il faudrait l’inventer. C’est le meilleur investissement que nous n’ayons jamais fait pour protéger nos intérêts dans la région. » Ainsi, on ne touche pas à l’état vassal israélien sous peine de sanction. Nous en savons quelque chose. L’impérialisme suppose la guerre. La guerre suppose que le peuple se taise, ne revendique pas, marche au pas et abdique sa liberté.
Dans votre message de soutien et de solidarité que vous nous avez envoyé à la veille de la manifestation nationale du 1er octobre vous écriviez : « Aujourd’hui, il est extrêmement important, dans toute l’Europe, de renforcer les luttes communes des travailleurs… » Nous souscrivons entièrement à cela. L’Union des travailleurs dans chaque pays, l’union des travailleurs par-delà les frontières : c’est la plus grande peur des bourgeois. Notre unité est leur cauchemar.
Prolétaires de tous les pays et peuples opprimés unissons-nous pour l’abolition de l’exploitation de l’Homme par l’Homme, pour le pain, la paix, la liberté !
SOURCE : Facebook
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