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1 Mon blog est un blog militant indépendant, sans prétention, bien évidemment non-commercial et totalement amateur. Les images (photos , dessins, vidéos), les textes dont je ne suis pas l'auteur ainsi que les musiques et chants seront supprimés de mon blog sur simple demande par courriel.

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CE QUE NOS LECTEURS DOIVENT SAVOIR :

Le blog Commun Commune est un blog indépendant des partis politiques et des syndicats - Sa ligne éditoriale est humaniste, progressiste et franchement euro-critique.  Il a vocation à nourrir le débat, y compris sur des sujets qui peuvent faire polémique, dans un esprit ouvert, hors tout sectarisme et tabous. Dans ce cadre, défenseur de la liberté d'expression, il donne à connaître des points de vue divers - hors tous propos racistes et/ou antisémites - y compris ceux qu'il ne partage pas forcément.

Si, par mégarde, un manquement à ces règles venait à apparaitre nous vous remercions de bien vouloir nous le signaler afin que nous procédions aux rectifications nécessaires. 

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« Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. »

Bertolt Brecht

Les vérités qu’on aime le moins à apprendre sont celles que l’on a le plus d’intérêt à savoir.

Proverbe chinois

Ça devient difficile d'être de gauche, surtout si l'on est pas de droite

Guy Bedos 

« Si tu trembles d'indignation à chaque injustice, alors tu es un de mes camarades. »

Ernesto Che Guevara

 

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DÉCLARATION de l’ACADÉMIE FRANÇAISE

sur l'ÉCRITURE

dite « INCLUSIVE »

adoptée à l’unanimité de ses membres dans la séance du jeudi 26 octobre 2017

Prenant acte de la diffusion d’une « écriture inclusive » qui prétend s’imposer comme norme, l’Académie française élève à l’unanimité une solennelle mise en garde. La multiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. On voit mal quel est l’objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture – visuelle ou à voix haute – et de prononciation. Cela alourdirait la tâche des pédagogues. Cela compliquerait plus encore celle des lecteurs.

Plus que toute autre institution, l’Académie française est sensible aux évolutions et aux innovations de la langue, puisqu’elle a pour mission de les codifier. En cette occasion, c’est moins en gardienne de la norme qu’en garante de l’avenir qu’elle lance un cri d’alarme : devant cette aberration « inclusive », la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures.

Il est déjà difficile d’acquérir une langue, qu’en sera-t-il si l’usage y ajoute des formes secondes et altérées ? Comment les générations à venir pourront-elles grandir en intimité avec notre patrimoine écrit ? Quant aux promesses de la francophonie, elles seront anéanties si la langue française s’empêche elle-même par ce redoublement de complexité, au bénéfice d’autres langues qui en tireront profit pour prévaloir sur la planète.

 

 

Archives

 

Publié par DIABLO

À l'occasion du 10e anniversaire de la victoire populaire écrasante sur le putsch fasciste au Venezuela, « Granma » publie en exclusivité l’épilogue du livre « Abril sin censura », écrite par German Sanchez Otero, à l'époque ambassadeur de Cuba dans ce pays frère. Paru aux éditions Correo del Orinoco, le livre a été présenté à Caracas dans le cadre de la commémoration de cette geste populaire bolivarienne.

German Sanchez Otero Granma

putsch-venezuela3.jpg

« Il y a des coups dans la vie. Très durs. Je ne sais pas…! », écrivit en vers le grand poète péruvien Cesar Vallejo au sujet de l’ineffable éclat spirituel que l’adversité peut susciter chez l’être humain.

 

Le peuple de Bolivar parvint à transformer le dur putsch du 11 avril en certitude et en lauriers. Il fut l’acteur principal qui empêcha la résurgence du projet fasciste en Amérique latine et dans la Caraïbe – à l’aube de ce siècle –, et qui évita la chute de la Révolution bolivarienne qui en était à peine à sa troisième année d’existence. Comment cela a-t-il été possible ?

 

Le livre Abril sin censura ne prétend pas ajouter de nouvelles idées aux interprétations pertinentes des analystes et des dirigeants vénézuéliens et d’autres pays sur le coup d’État d’avril et sur la victoire du peuple bolivarien ; en premier lieu celles du président Hugo Chavez, artisan de la stratégie révolutionnaire qui fit avorter le putsch en moins de 48 heures. L’auteur nous fait part du simple récit des faits, tels qu’ils se sont passés, pour révéler les vérités et les leçons de cette page lumineuse de l’histoire contemporaine de Notre Amérique.

 

Avant d’ouvrir ce livre, le lecteur avait peut-être une opinion, qu’il a pu confirmer ou enrichir. Ou peut-être sa vision a-t-elle changé sur un aspect ou l’autre. Voire ses conclusions. Peu importe. Pour ma part, j’aimerais demander aux lecteurs de me permettre d’exposer quelques idées. Je le fais avec la prudence de quelqu’un qui a dû éplucher une montagne de notes, de témoignages, de chroniques, d’interviews, de matériel filmique et d’autres sources, et se souvenir d’une infinité de dialogues avec des amis – vénézuéliens et cubains – qui ont vécu sur plusieurs théâtres ces journées marquantes.

 

putsch-venezuela1.jpg1. Le coup d’État fut préparé et organisé pendant au moins neuf mois. Lorsque le bloc des forces de l’opposition et leurs mentors des États-Unis arrivèrent à la conclusion qu’Hugo Chavez ne renoncerait pas à son projet bolivarien, ils optèrent pour la voie violente afin d’instaurer un pouvoir capable d’extirper jusque dans sa racine la Révolution bolivarienne. Un premier pas serait la suppression des pouvoirs constitutionnels et l’imposition d’un gouvernement de facto fascisant.

 

2. Après le 11 septembre 2001, les États-Unis ont affiché ouvertement leur aversion pour le gouvernement de Chavez, ainsi que leur intention de le renverser. Les nombreuses déclarations des porte-parole du gouvernement de Bush confirmaient que ce pays avait donné leur feu vert et leur soutien aux putschistes vénézuéliens pour accélérer la chute d’Hugo Chavez et du processus révolutionnaire au Venezuela. Le gouvernement bolivarien se dressait comme un obstacle de plus en plus sérieux à la politique extérieure de Bush, notamment vis-à-vis du continent, et pour le contrôle des cours mondiaux du pétrole et des hydrocarbures vénézuéliens, qui constituent la plus importante réserve de la planète.

 

3. – La stratégie du putsch et la séquence des événements prévus avaient été conçues avec la précision d’une montre suisse. Les conspirateurs vénézuéliens auraient-ils pu entreprendre ces projets sans le soutien des experts yankees ? C’est difficile à croire. Seule la phase de l’exécution du coup d’État semble avoir été réalisée avec une certaine autonomie.

 

4.- Je me range à l’avis de Rodolfo Sanz qui, dans son livre "Dialectica de una victoria", parle d’une conception théorique du coup d’État. Il fallait provoquer un massacre pour en rejeter la responsabilité sur le président afin de permettre aux Forces armées d’invoquer l’article 350 de la Constitution pour l’arrêter et le juger pour crimes de lèse humanité. Pour ce faire, l’ordre qui serait à l’origine de la tuerie devrait avoir été donné par Hugo Chavez, et exécuté par les Forces armées, auxquelles on imputerait la responsabilité du massacre. Ce qui explique pourquoi la marche de l’opposition devait arriver jusqu’au Palais de Miraflores pour obliger les militaires à la réprimer par les armes.

 

5.- Comment se sont déroulés les faits ? Voyons.

Chavez n’a jamais donné l’ordre de tirer sur les opposants. Au contraire.

 

putsch-venezuela2.jpgLes morts et les blessés ont été provoqués par des francs-tireurs à la solde des putschistes, et il y a eu des victimes dans les deux camps.

 

Un petit nombre d’opposants parvint à s’approcher du Palais par le flanc ouest et fut repoussé par le Garde nationale à l’aide de gaz lacrymogènes, sans faire de victimes. Les manifestants qui devaient marcher sur le Palais par l’avenue Baralt-Puente Llaguno-Urdaneta, derrière la Police métropolitaine qui leur frayait le passage, furent stoppés dans leur progression par la mobilisation du peuple bolivarien, et en particulier par la résistance d’un petit groupe de téméraires qui, munis d’armes courtes, affrontèrent la police et les francs-tireurs à hauteur de Puente Llaguno. Autrement dit, jamais la marche n’arriva à Miraflores grâce à la résistance héroïque du peuple qui s’était mobilisé autour du Palais, notamment sur Puente Llaguno.

 

Voyant que les choses ne s’étaient pas passées comme prévu, Venevision réalise un montage télévisé présentant les Cercles bolivariens comme les responsables de la tuerie, ajoutant qu’ils avaient obéi aux ordres du président. La machine de propagande se met aussitôt en branle. On fait appel à la technique gœbbelsienne, selon laquelle par la répétition constante on peut transformer un mensonge en vérité. La vidéo truquée est maintes fois retransmise par toutes les chaînes privées pour accuser Chavez et confondre l’opinion publique nationale et internationale, pour paralyser les forces populaires et obtenir le soutien des commandements militaires et les rallier à la cause des putschistes. Dans la soirée du 11 avril et dans la matinée du lendemain, ces objectifs sont partiellement atteints. Surtout à cause de la confusion provoquée dans les secteurs chavistes par l’allocution lue par le général Lucas Rincon, chef du Haut commandement, affirmant que le président avait « renoncé ».

 

Lorsque les putschistes ont rejeté les conditions posées par Hugo Chavez pour renoncer à ses fonctions – des conditions impossibles à remplir, et Chavez le savait –, ils décident alors de faire pression sur lui en menaçant de bombarder le Palais, la décision courageuse du président de refuser de démissionner et de se laisser incarcérer au Fort Tiuna a été un facteur clé qui précipita l’échec du coup d’État. À partir de ce moment, les principaux chefs putschistes – civils et militaires – s’embrouillent et en quelques heures, le 12 avril, ils perdent rapidement le contrôle de la situation. Le 13, ils sont pratiquement vaincus.

 

Un élément très important, c’est que huit heures à peine après l’incarcération du président au Fort Tiuna, le peuple vénézuélien et le reste du monde aient pu savoir que Chavez n’avait pas démissionné. D’abord à travers les paroles de sa fille Maria Gabriela – une idée de Chavez que Fidel matérialisa aussitôt depuis Cuba. Et un peu plus tard à travers le vaillant discours du Procureur général Isaias Rodriguez. À partir de là, la situation a basculé. C’est même ce qui empêcha, avec la mobilisation populaire, l’assassinat du président, comme l’avait décidé le noyau dur des putschistes.

 

Le déploiement populaire, à partir du 12, jusqu’à l’irruption massive du 13 avril, fut encore une fois déterminant dans le dénouement. Comme lors des mobilisations du 11, les Cercles bolivariens vont jouer un rôle décisif, et, même s’ils n’ont pas d’instances verticales de direction, ils deviennent des organisations motrices qui organisent et dirigent de nombreux groupes dans les quartiers populaires et sur les lieux de travail.

 

Le fait que plusieurs généraux, la quasi-totalité des sous-officiers et des troupes, notamment à Maracay, Fort Tiuna, ainsi que de la Garde d’honneur de Miraflores, se soient opposés au coup d’État, et la mobilisation populaire en faveur du président, provoquèrent une victoire record du processus bolivarien.

 

6. Il ne fait aucun doute que la bouffonnerie de Pedro Carmona s’autoproclamant président, et sa décision de fouler aux pieds la Constitution bolivarienne l’enfoncèrent encore plus. Cependant, même si les putschistes avaient préservé certaines normes constitutionnelles, comme par exemple maintenir l’Assemblée nationale – comme ils ont essayé de le faire lorsqu’ils se sont vus perdus, et sur les conseils de l’ambassade yankee –, les événements auraient suivi à peu près le même cours.

Le coup d’État n’avait aucune possibilité de se consolider, et ce pour les raisons suivantes :

Hugo Chavez n’avait pas démissionné. Il était prisonnier et sa vie était en danger. Il n’était pas responsable des morts, au contraire. La justification du putsch était basée sur des mensonges et des manipulations médiatiques. Les progrès de la Révolution bolivarienne – y compris le développement de la conscience, de l’organisation et le soutien populaire –, tout comme les espoirs qu’elle avait suscités, ainsi que le leadership de Chavez auprès du peuple et des forces armées, allaient peser de tout leur poids. Ainsi, depuis le début, le putsch était voué à l’échec, même si les auteurs avaient tenté d’orchestrer un putsch de velours.

 

7.- Quelles sont les personnes qui ont constitué le bloc putschiste ? Quels rôles ont-elles joué à chacune des étapes ? À Quels conflits d’intérêts étaient-ils confrontés ? Dans son excellent ouvrage El golpe de Estado del 11 de abril, le dirigeant bolivarien Guillermo Garcia Ponce fourni une caractérisation très perspicace.

 

Les groupes les plus extrémistes, mi fascistes mi irrationnels, ont assumé la direction du coup d’État contre Chavez. D’anciennes figures de la politique traditionnelle furent déplacées et leurs postes furent occupés par des voyous de l’Est de Caracas ou par des partisans de la position d’apartheid de la politique vénézuélienne. Ces derniers allaient se hisser aux premiers plans : le contre-amiral néo-prussien Carlos Molina Tamayo ; le chef d’entreprise Carmona Estanga ; le secrétaire privé de l’ancien président Carlos Andrés Pérez ; le paramilitaire Isaac Pérez Recao et des chefs exécutifs de banques et d’entreprises étrangères (…). En deuxième ligne se trouvaient, sous l’influence de laboratoires de rumeurs et de manipulations comme le quotidien El Nacional, la chaîne Globovision, certains employés de PVDSA, des journalistes mercenaires, des bureaucrates de la Mairie métropolitaine, les fils à papa de la petite bourgeoisie de Caracas, certains renégats de longue date connus pour leur passé opportuniste, et trois douzaines de généraux sans troupes…

 

Ajoutons à cette liste la haute hiérarchie de l’Église catholique vénézuélienne, la mafia syndicale de la Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV) et les propriétaires des principaux médias privés. Les hauts responsables de l’Église se sont placés en première ligne de front jusqu’à la dernière minute, tandis qu’après avoir été déplacée, la CTV dirigée par Carlos Ortega, décida de se racheter une conduite en niant sa compromission avec le gouvernement de facto, pour décrocher postes et privilèges.

 

Pour leur part, le 12 avril, certains propriétaires de médias vénézuéliens, et vraisemblablement aussi étasuniens, ainsi qu’un groupe de politiciens de l’opposition, réalisent dans quel bourbier ils se sont enlisés en apprenant le refus de Chavez de démissionner et que le président est maintenu en isolement. Ils sont horrifiés de constater que le peuple s’est mobilisé dans la rue pour protester et libérer son président, et que les militaires s’étaient fermement prononcés contre le coup d’État, notamment à Maracay et Fort Tiuna, deux bases encerclées par la population qui exigeait la restitution de Hugo Chavez dans ses fonctions. C’est pourquoi à partir de la matinée du 13 avril, ils tentent de convaincre Carmona et la clique putschiste de réactiver l’Assemblée nationale et les autres pouvoirs, sauf la présidence. Sans Chavez !

 

À noter que tous les dirigeants de l’opposition ont participé à l’exécution du putsch, et qu’il y avait consensus en ce qui concerne deux objectifs principaux : annuler la Constitution bolivarienne et renverser par la force le président Hugo Chavez. Chacun a fait sa part de travail, mais  il est important de rappeler qu’ils étaient tous impliqués dans le complot : les militaires séditieux ; la Fedecamaras – au nom de l’oligarchie – ; la CTV ; les partis Acción Democrática, COPEI, Proyecto Venezuela, Bandera Roja, Movimiento al Socialismo, Causa R, Primero Justicia et d’autres ; les propriétaires des médias privés et leurs principaux dirigeants et porte-parole ; la hiérarchie de l’Église catholique ; l’ancien président Carlos Andrés Pérez, le trafiquant d’armes et mafieux Isaac Pérez Recao ; plusieurs gouverneurs, maires, députés, juges, procureurs et de nombreux fonctionnaires publics de la 4e République ; les dirigeants de PDVSA et des milliers de technocrates de cette entreprise d’État ; des dirigeants de fondations et autres institutions de la dénommée « société civile », des renégats de gauche comme Teodoro Petkoff et une vaste gamme d’intellectuels organiques de la droite et d’autres soi-disant « progressistes »…. Ils ont été impliqués dans une, deux ou plusieurs des actions suivantes : ils ont participé aux mobilisations, ils ont défendu le changement anticonstitutionnel dans des écrits ou dans des déclarations, ils ont fourni de l’argent ou comploté dans les casernes et ailleurs… Un petit groupe a conçu un plan général, et un noyau dur plus restreint s’est chargé de l’appliquer selon ses intérêts particuliers (Carmona, Pérez Recao et certains hauts officiers…).

 

Mais, et j’insiste là-dessus, ils sont tous complices dans le putsch. Preuve en sont les déclarations de politiciens, les documents envoyés à la presse par le patronat et des associations de la « société civile », ainsi que les éditoriaux et les articles parus les 12 et 12 avril : depuis le « Ciao Hugo », de Petkoff, publié le 12 avril dans son journal Tal Cual, jusqu’à l’éditorial du quotidien El Nacional paru le lendemain. Après, le ciel s’est assombri avec l’échec. Ils ont tenté de se démarquer et de préserver leurs forces pour d’autres tentatives…

 

Constat très symptomatique : les centaines de milliers de personnes qui ont participé avec enthousiasme à la marche du 11 avril, sans exception, sont restées chez elles et aucun de ses dirigeants n’a eu le courage de les convoquer lors de la mobilisation populaire et militaire contre le coup d’État. Les vérités écrasantes qui, malgré la censure qui sévissait également dans l’Est de Caracas se faisaient jour, ont déprimé et paralysé ceux qui quelques heures plus tôt avaient marché dans les rues, résolus à conquérir le Palais de Miraflores. Ils s’étaient éveillés heureux le 12, mais ce même soir et surtout le 13, ils ont commencé à s’inquiéter, et dans nombre de cas à se poser des questions liées aux manipulations dont ils auraient été victimes. Le 13, dans l’après-midi, l’inquiétude s’est transformée en angoisse, et le 14 ils se sont réveillés déçus et perplexes.

 

Les secteurs réactionnaires de la classe moyenne vénézuélienne ont ainsi dévoilé leurs faiblesses : décidés et euphoriques quand ils se croyaient vainqueurs, timorés dans les moments difficiles. Même leurs éléments fascistes, comme ceux qui ont attaqué l’ambassade de Cuba le 12 – avec la complicité tacite du maire Capriles Radonski – ont pris la fuite lorsqu’ils ont été informés, dans la matinée du 13 avril, du retournement de situation en faveur de la Révolution.

 

Le putsch d’avril, à l’instar d’autres cuisants échecs de l’histoire, est resté sans force, sans soutien et sans défenseurs. Kennedy aurait parlé de coup d’État « orphelin ». Il faudrait réviser l’histoire de l’Amérique latine et de la Caraïbe au cours des cent dernières années, jalonnée de coups d’États. Combien ont échoué ? On le saura un jour. Il semble clair que, plus qu’une conséquence de la conception ou de l’exécution du putsch, le dénouement au Venezuela est le fruit de l’existence d’une singulière révolution populaire et armée, et d’un leader exceptionnel.

 

8.- Il est bon de nous arrêter sur l’allégeance idéologique des auteurs du coup d’État qui ont formé le gouvernement de facto. En premier lieu le patronat, représenté en la personne de son principal dirigeant ; les principaux responsables de l’Église catholique ; et finalement un petit groupe de généraux réactionnaires. Ces personnes définissent la composition du dénommé « gouvernement de transition », qui comptera aussi des membres de l’Opus Dei. Je partage l’avis de Rodolfo Sanz : « Cette trilogie, Opus Dei, technocratie patronale pétrolière, militarisme et paramilitarisme, devint le noyau hégémonique des putschistes en ces journées d’avril ».

 

Leurs faits et gestes pendant cette brève période les trahissent : ils s’orientent vers la pleine restauration de la 4e République, avec des actions de nature fasciste, y compris les répressions sous forme de razzias contre des dirigeants du processus bolivarien, le peuple chaviste, et un symbole qu’ils haïssent : l’ambassade de Cuba. Du 12 au 13 avril, plus de 70 personnes furent assassinées, et plusieurs centaines furent persécutées et incarcérées. Que ce serait-il passé en une semaine, en un mois ou en un an ?

 

9.- Une autre question indispensable. Quelles furent les principales conséquences du putsch ?

Le premier grand échec subi par le bloc oligarchico-impérialiste au Venezuela à partir du 2 février 1999 fut l’approbation de la Constitution bolivarienne. Et le deuxième l’avortement de putsch d’avril 2002. D’autres viendraient ensuite, et il y en aura certainement d’autres.

 

Les événements d’avril nous montrent le vrai visage des ennemis de la Révolution. En ces brèves journées, un peuple civil et en uniforme d’orientation bolivarienne a mieux saisi la portée de la Constitution et du projet de changements dirigé par Chavez. La conscience politique du peuple et des militaires s’est développée, et les engagements avec le projet révolutionnaire se sont consolidés. Les masses ont joué un rôle décisif, tout comme l’alliance civico-militaire perçue par Chavez comme un facteur stratégique clé de la Révolution bolivarienne.

 

Le putsch se présenta comme une occasion pour débarrasser les rangs militaire des éléments putschistes et rétrogrades. Il révéla aussi de nouvelles trahisons dans le domaine civil, et des éléments qui servaient de cheval de Troie passèrent au camp ennemi.

 

L’opposition fut temporairement désarticulée. Ses rangs étaient affaiblis par les divisions et les scissions, et la crédibilité des médias privés en prit un sacré coup. Cependant, la trahison de Luis Miquilena permit aux adversaires du processus bolivarien de contrôler la majorité du Tribunal suprême, ainsi qu’une bonne partie des tribunaux et du Ministère public, dans leurs instances inférieures, mais décisives. Ce qui permit au Tribunal suprême d’affirmer qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’État mais d’un « vide de pouvoir ». Par ailleurs, les chefs d’accusation retenus contre les responsables furent abandonnés. Beaucoup d’entre eux s’enfuirent à l’étranger, y compris Carmona, Pérez Recao et plusieurs hauts officiers impliqués.

 

Il n’y a pas de mots plus éloquents pour expliquer cette situation que ceux employés par Roy Chaderton Matos, nommé ministre vénézuélien des Affaires étrangères après la putsch : « Il se trouve que nous avons eu sur notre terre magique un président séquestré sans ravisseurs, incarcéré sans geôliers, des autorités "auto-assermentées" sans usurpateurs, des parlementaires, des gouverneurs et des maires attrapés et tabassés sans lyncheurs… Autrement dit, des responsabilités sans responsables, des attaques sans attaquants et des violations sans coupables. Comment alors nous surprendre en invertissant la logique de cette séquence, de découvrir des juges sans justice ? Il n’y a pas de responsables. Il n’y a pas de responsabilités. Seuls des fantômes dans la fébrile fantaisie garciamarquienne ».

 

Pour leur part, les Cercles bolivariens criminalisés par les fascistes ont gagné en prestige et se sont multipliés dans presque tout le pays. Des dirigeants syndicaux critiques de la mafia de la CTV ont accéléré les initiatives pour construire une force syndicale autonome et à la fois engagée avec le processus de changements. Au sein de PDVSA, même si la quasi-totalité des dirigeants putschistes regagnèrent le postes, les positions des ouvriers et des fonctionnaires patriotes – ils étaient conscients qu’un nouvel affrontement avec les patrons serait inévitable –se renforcèrent.

Une autre leçon du putsch fut l’importance du rôle des médias alternatifs populaires, comme par exemple Catia TV, dans l’ouest de Caracas ; l’utilisation de la messagerie de textes numériques et d’autres variantes de transmission d’informations, d’idées et de consignes, qui allaient faire du Venezuela le pays d’Amérique du Sud comptant le plus grand nombre de chaînes de télévision, de stations de radio et de journaux alternatifs. Ces médias ont pour but de promouvoir, dans une optique critique, l’œuvre révolutionnaire, et ils constituent un réseau qui, grâce à cette expérience, est aujourd’hui mieux à même de défendre cette œuvre et à parer à toute éventualité semblable à celle d’avril.

Les partis de l’alliance bolivarienne formulèrent de saines critiques sur le manque de plan pour affronter le complot putschiste, et ils adoptèrent des mesures pour rendre plus efficace leur soutien au gouvernement et au président. La meilleure synthèse des leçons tirées du putsch par les dirigeants est peut-être l’affirmation de Chavez selon laquelle ils avaient perdu « leur virginité ».

 

Au sein des Forces armées, le président, en sa qualité de commandant en chef, instaura un système autonome de communications directes avec les commandements des bataillons et d’autres unités, afin d’assurer un contact permanent dans des conditions normales et exceptionnelles.

 

L’impact international du putsch assura un bilan très favorable au gouvernement et à la Révolution, renforçant l’opposition à toute tentative de coup d’État au Venezuela ou dans n’importe quel autre pays de la région. Nombre d’analystes dans le monde, y compris aux États-Unis, accusèrent le gouvernement de Bush d’être l’instigateur du putsch, et pour le moins d’avoir reconnu le « gouvernement » de Carmona. Ce qui plaça les États-Unis sur la défensive.

 

Pour sa part, la gauche et certaines forces progressistes latino-américaines – qui entretenaient des réserves et des préjugés envers Hugo Chavez du fait de ses origines militaires et de ses idées de changement novatrices –, ont fini par comprendre qu’il y avait bel et bien un processus révolutionnaire au Venezuela, et que ce pays avait besoin de solidarité.

 

10.- Un dernier commentaire. N’oublions jamais les leçons du coup d’État d’avril 2002 au Venezuela, ni l’odyssée des authentiques démocrates et patriotes de ce pays frère. « N’oublions jamais ! », ai-je signalé, à la première personne du pluriel, à l’intention des Vénézuéliennes et des Vénézuéliens, et du reste des peuples de Notre Amérique.

 

Ne jamais oublier les auteurs et les exécutants du putsch, par-delà leurs disputes et leurs divergences opportunistes.

 

Ne jamais négliger jusqu’où ils sont capables d’aller pour détruire le rêve bolivarien.

 

Ne pas se laisser tromper par les mensonges de ces individus – ou d’autres qui pourraient surgir –, qu’ils soient grossiers ou déguisés sous de belles paroles.

Savoir déceler les intentions qui se cachent derrières tous les accoutrements changeants de ces personnages, derrière ces campagnes électorales démagogiques qui tendent vers le même but que le coup d’État du 11 avril.

 

Et il faut toujours se rappeler que l’apparente unité de l’opposition s’est effritée en quelques heures, avec l’émergence des ambitions économiques et des rivalités pour le contrôle du pouvoir entre un petit nombre de dirigeants de cette opposition. On pourrait donc se poser la question suivante :

 

Ces personnes qui ne visent que leurs intérêts mesquins pourraient-elles garantir la stabilité, la paix sociale ou les formidables acquis de la révolution ?

 

Les tout puissants du Nord et leurs complices nationaux ne devraient pas oublier non plus le slogan des vainqueurs d’avril 202 : « todo once tiene su trece » (tout onze a son treize). Ce qui veut dire objectifs clairs, mobilisation populaire, unité civico-militaire, combativité, organisation, patriotisme, confiance dans le leader, optimisme et être prêt à donner leur vie pour défendre les conquêtes et les idéaux de la Révolution bolivarienne.

 

Le 12 avril à l'aube : l'appel de Fidel

À 0h 38, un aide de camp lui dit : « Président, vous avez un appel du commandant Fidel Castro. L’air un peu anxieux, Hugo Chavez s’empare aussitôt l’appareil. Déjà dans l’après-midi du 11 avril, Fidel avait tenté d’entrer en communication avec lui. Au téléphone, Fidel cherche à s’enquérir de la situation régnante. Chavez lui répond :

– « Nous nous sommes retranchés dans le palais. Nous avons perdu les forces militaires qui pouvaient décider. On nous a enlevé les signaux de télévision. Je n’ai pas de forces à utiliser et j’analyse la situation.

– De combien de forces disposes-tu avec toi ? — lui demande aussitôt Fidel.

– De 200 à 300 hommes épuisés.

– Tu as des tanks ?

– Non, il y avait des chars, mais ils les ont retirés vers leurs casernes.

– De quelles autres forces peux-tu disposer ?

– Il y en a d’autres, qui sont éloignées et je n’ai aucune communication avec elles — répond Chavez. Il veut parler du général Baduel et de ses paras, de la division blindée de Maracaibo et à d’autres unités loyales.

Fidel fait une brève pause et, avec beaucoup de délicatesse, lui dit : « Tu me permets de te donner mon avis ? Ce à quoi Chavez lui répond sans hésiter : « Oui ».

– Pose les conditions d’un arrangement honorable et digne, et préserve la vie des hommes que tu as, qui sont tes hommes les plus loyaux. Ne les sacrifies pas et ne te sacrifies pas non plus, ajoute Fidel de son accent le plus persuasif.

– Ils sont tous prêts à mourir ! – répond Chavez, ému.

– Je le sais, mais je crois pouvoir penser avec plus de sérénité que toi en ce moment –, ajoute Fidel sans perdre une seconde, tandis que Chavez reste concentré sur chaque mot. Ne démissionne pas, exige des conditions honorables et des garanties pour ne pas être victime d’une félonie, parce que je pense que tu dois te préserver. Et puis tu as un devoir envers tes compagnons. Ne t’immole pas ! »

Fidel était très conscient de la profonde différence qu’il y avait entre la situation d’Allende, le 11 septembre 1973, et celle de Chavez, ce 12 avril 2002. Le président chilien n’avait pas un seul soldat. Chavez pouvait compter sur une grande partie des soldats et des officiers de l’armée, surtout les plus jeunes. Fidel lui réitéra :

- Ne démissionne pas ! Ne te démets pas ! ».

 

Source : «Granma internacional» 

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C
<br /> FIDEL CASTRO EST UN HOMME EXPERIMENTE ET D'UNE GRANDE SAGESSE, IL A SU DEFINIR LA CONDUITE A SUIVRE A CHAVEZ. CES PAROLES HISTORIQUES RESTERONT GRAVES DANS LA MEMOIRE COLLECTIVE DU PEUPLE<br /> VENEZUELIEN. UNE FANTASTIQUE VICTOIRE A ETE OBTENUE GRACE A LA FORCE INCOMMENSURABLE DE CELUI-CI.<br />
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