Grève générale en Espagne : " Viva España"
Hier, nos voisins espagnols ont manifesté dans toutes les grandes villes du royaume et ont déclenché une grève générale contre les mesures d’austérité proposées par le nouveau gouvernement ultra-libéral de Mariano Rajoy. Un tel camouflet alors qu’il n’est chef du gouvernement que depuis le 20 novembre 2011, soit depuis quatre mois, est assez inédit dans l’histoire de la démocratie ibérique. Mais le peuple espagnol a sa dignité. Il refuse d’avaler les couleuvres sous la forme de la destruction annoncée de 630000 emplois dès cette année et un chômage record à 24,3% des actifs d’ici à décembre, prétexte à une réforme du travail.
Bruxelles et l’économie libérale appliquent dans toute l’Europe les mêmes recettes, sans doute parce qu’ils n’ont rien d’autre à proposer. Pour les salariés, c’est la peste ou le choléra. On ne leur laisse pas le choix tout en sachant que ça ne marche pas.
Ce qui se passe à Madrid doit nous faire réfléchir. Le socialiste Zapatero a perdu les élections parce qu’il ne faisait pas une politique de gauche. Mariano Rajoy est en difficulté parce que la différence avec son prédécesseur, sur les volets social et économique, est inexistante. L’un accompagnait le libéralisme, l’autre le conforte. Pas une voix, si ce n’est celle des Indignés et des syndicats, ne semble émerger dans la classe politique espagnole pour offrir autre chose.
La montée du Front de gauche serait donc une chance pour la France car il propose de tourner le dos à un modèle unique et néfaste. Certes, ça secoue, mais au bout du chemin, il y a la possibilité d’un monde meilleur. C’est une nouvelle version du «pari de Pascal»: si on gagne, on gagne tout, si on perd, on ne perd rien. Mais si on gagne, alors l’Europe des peuples peut s’en inspirer et retrouver l’espoir.
Thierry SPRIET
Editorial de L'ECHO de la Haute-Vienne
Vendredi, 30 Mars, 2012