La fausse interprétation de « LA MARSEILLAISE»
Démontons la fausseté et la perversité de l'interprétation raciale de ce passage sur le "sang impur".
Rappelons ici plusieurs points essentiels :
1) Le « sang impur » de la Marseillaise désigne le sang du peuple français, que les révolutionnaires revendiquent comme tel par opposition au "sang bleu" de la famille royale et au "sang noble" de l'aristocratie.
2) Ce « sang impur » dont parle la Marseillaise a pour vocation "d'abreuver nos sillons". Il s'agit donc de présenter le peuple comme "martyr de la liberté" et son sacrifice comme fertilisant la terre de France avec les idéaux de Liberté, d'Égalité et de Fraternité.
3) Cette interprétation est absolument confirmée par le couplet n°4 de la Marseillaise :
Tremblez, tyrans et vous perfides
L'opprobre de tous les partis,
Tremblez ! Vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
Tout est soldat pour vous combattre,
S'ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre !
Les « jeunes héros » révolutionnaires sont ainsi prêts à mourir ("tombent") et « la terre » va alors « en produire de nouveaux » : c'est exactement l'illustration du sang du peuple (le "sang impur") qui « abreuve les sillons ».
4) En se glorifiant ainsi d'avoir le « sang impur », les révolutionnaires ont transformé en signe distinctif positif l'appréciation méprisante que l'aristocratie éprouvait pour le Tiers Etat. Ce type de retournement est typique de l'esprit provocateur et bravache du peuple français et on le retrouve fréquemment dans notre histoire.
Par exemple :
4.1.) C'est le même esprit de contradiction qui a fait que le peuple français s'est assimilé au « coq gaulois ».
Il s'agissait pourtant d'une comparaison animale péjorative, qui s'était développée chez les ennemis européens de Philippe Auguste avant la bataille de Bouvines et qui remonte probablement même à l'Empire romain puisqu'on la trouve chez Suétone [http://fr.wikipedia.org/wiki/Coq_gaulois].
Les révolutionnaires de 1789 comme de 1830 et de 1848 revendiquèrent justement le "coq gaulois" comme emblème, ce qui était une façon de faire un bras d'honneur à leurs ennemis.
4.2.) De même, les révolutionnaires de 1789 se baptisèrent crânement de « Sans culottes », non pas parce qu'ils étaient nus (!) mais parce que le port de la "culotte" était justement l'un des signes distinctifs de l'aristocratie et le fait de ne pas en porter était signe de vulgarité pour la noblesse.
Les nobles portaient une « culotte » (sorte de bermuda en satin s'arrêtant au niveau des genoux) et de longs bas de soie, tandis que le peuple portait des « chausses » (ancêtre de notre pantalon ou de notre « jean »).
4.3.) De même, de nos jours, les associations en faveur des immigrés clandestins ont imposé dans le langage public la qualification de « sans papiers », qui est un retournement provocateur.
Les « sans papiers » se glorifient de ce que justement les autorités leur reprochent, tout comme les « Sans culottes » de 1789 ou les « sang impurs » de la Marseillaise se faisaient gloire de ce que les aristocrates leur reprochait.
5) Par ailleurs, l'interprétation raciste du couplet de la Marseillaise relève d'une TRIPLE IMPOSSIBILITÉ :
5.1.) C'est une interprétation anachronique
Les théories racistes ne se sont développées que dans le courant du XIXe siècle, et tout spécialement après l'ouvrage du Comte de Gobineau : son « Essai sur l'inégalité des races humaines » date de 1853. [cf. par exemple http://fr.wikipedia.org/wiki/Racisme]. Donc longtemps après la conception de la Marseillaise.
Le principal théoricien qui fit suite au Français Gobineau fut l'Anglais (devenu quasiment allemand) Houston Stewart Chamberlain (1855-1927), qui vécut en Allemagne dès l'âge de 14 ans, qui devint un passionné des milieux intellectuels wagnériens et épousa Eva, fille de Richard Wagner.
L'ouvrage qui le rendit célèbre, "Fondements du XIXe siècle", date de 1899, c'est-à-dire... 107 ans après la Marseillaise. Chamberlain y affirme que la race supérieure décrite par Gobineau (« race » indo-européenne que Chamberlain désignait sous le terme de « race aryenne ») était l'ancêtre de toutes les classes dirigeantes d'Europe et d'Asie, qu'elle n'avait pas cessé d'exister et qu'elle subsistait à l'état "pur" en Allemagne.
5.2.) C'est une interprétation conceptuellement fausse
Les théories racistes portent d'abord et principalement sur les différences de "races", et donc sur l'opposition supposée entre les Aryens blancs, les Africains noirs, les Asiatiques jaunes.
Il n'y est pas du tout question du "sang", ni de « sang impur », mais de la « race ».
5.3.) C'est une interprétation historiquement absurde
« La Marseillaise » fut à l'origine le « Chant de guerre pour l'armée du Rhin ». Faisant suite à la déclaration de guerre de la France à l'Autriche, c'était un chant de guerre révolutionnaire et un hymne à la liberté. Ses paroles consistent en une exhortation au combat pour la victoire et le salut de la révolution, et la libération des peuples de l'empire.
C'est le Dr François Mireur, venu à Marseille afin d'organiser la marche conjointe des volontaires du Midi (Montpellier et Marseille) pour aller se battre, qui publiera ce chant à Marseille, pour la première fois. De fait, ce sont les troupes des Fédérés marseillais qui, l'ayant adopté comme chant de marche, l'entonnèrent lors de leur entrée triomphale, aux Tuileries, à Paris, le 30 juillet 1792.
Ainsi, les ennemis que les Révolutionnaires de 1792 appelaient à combattre avec la Marseillaise étaient :
- les troupes des émigrés nobles français (qui se prévalaient d'avoir le sang pur),
- et les troupes de l'Europe coalisée, notamment germanique, dont les théoriciens du racisme de la fin du XIXe siècle certifieront qu'ils constituent la "race aryenne pure".
L'interprétation raciste du refrain de la Marseillaise est donc spécialement absurde puisque ce sont justement les ennemis des révolutionnaires français qui se prévalaient ou se prévaudront d'avoir le sang pur.
CONCLUSION
De quelque côté qu'on l'examine, l'interprétation raciste de « la Marseillaise » apparaît comme historiquement, conceptuellement, politiquement, sociologiquement, chronologiquement fausse. Cette interprétation est une malveillance ; elle constitue le contraire même de l'esprit républicain de 1792.
Le fait que cette interprétation puisse néanmoins s'étaler - sans qu'aucune contradiction ne lui soit jamais apportée - à longueur d'antenne de radios et de télévisions prouve que ceux qui en parlent sont soit des incompétents, soit des personnes qui participent délibérément à la volonté de plonger les Français dans la détestation d'eux-mêmes, de la France, du drapeau français, de la souveraineté et de l'indépendance nationales.
Ils sont intellectuellement en parfaite connivence avec M. Le Pen et ses fameux « dérapages » dont tout le bilan politique, après 28 ans d'insanités médiatisées, a justement été de faire croire aux jeunes Français que la France était un pays raciste et xénophobe.
Et tout cela pour le plus grand profit de qui ?
Nous savons bien que cette ignoble réécriture de notre histoire n'a profité qu'à une seule chose : à la vassalisation de la France par l'empire euro-atlantiste qui a décidé de sa destruction.