Le Sénat adopte le M.E.S. : " Sans effort! "
Si la surprise n’était pas vraiment attendue en provenance des sénateurs socialistes, leur abstention, hier soir, sur le Mécanisme européen de stabilité (MES), ne crée pas moins un curieux paysage parlementaire.
Dans un Sénat récemment reconverti à gauche, le gouvernement est parvenu, sans le moindre effort, à faire adopter le dispositif de super-austérité concocté par le couple ultralibéral Sarkozy-Merkel ! Comme leurs collègues de l’Assemblée Nationale, les parlementaires Front de gauche et Europe-écologie ont voté contre.
Plus que jamais, les dirigeants et les parlementaires socialistes sont empêtrés dans une Europe construite à partir des dogmes de la «concurrence libre et non faussée», où les profits et les banques règnent sans scrupule, et où les intérêts sociaux sont délibérément sacrifiés par les politiques d’austérité. Le «mécanisme», qui bénéficie désormais du feu vert de la représentation française, est conçu pour que les exigences de rentabilité financière – sous couvert d’aide aux Etats en difficulté – soient directement placées sous la responsabilité supranationale de la Commission européenne, de la BCE et du FMI, avec interdiction faite aux Etats de regimber. Evidemment, personne ne peut plus ignorer à quelles impasses économiques et à quels drames humains mènent ces politiques, depuis que la Grèce, le Portugal ou l’Espagne plongent dans le vide sous leur pression. Raison pour laquelle la droite européenne, Sarkozy en tête, accélère le rythme d’adoption institutionnelle et refuse de consulter les citoyens par référendum. Cadenas et bouches cousues ! Le laisser-faire socialiste est un renoncement plus que regrettable...
Christian AUDOUIN
Editorial de L'ECHO de la Haute-Vienne
Mercredi 29 Février 2012