Municipales à Paris : Le PCF à la dérive
Les communistes parisiens ont voté sur la stratégie du PCF pour les municipales. La question était de se prononcer sur une alliance ou non avec le PS dans la capitale. Seuls 30% des communistes parisiens ont pris la peine de donner leur avis, ce qui en soit est déjà significatif : un tel vote n’avait pas lieu d’être, puisque la question en elle-même (s’allier ou non avec le PS) est déjà une aberration. En effet, la seule raison d’une telle alliance avec un parti qui mène une politique libérale faite d’austérité et de régression sociale est bien évidemment le souci de conserver des sièges d’élus.
Le PCF s’enfonce donc encore un peu plus dans sa dérive électoraliste, commencée il y a plusieurs décennies. Il est certain que les dirigeants et les militants qui les appuient (57% des votants parisiens, soit environ 17,5% des communistes parisiens) n’ont pas tiré les leçons de toutes ces années de suivisme électoral qui ont abouti à la déliquescence du Parti, tant en termes électoraux qu’en termes idéologiques.
Le manque de courage politique aura été la signature évidente de toutes ces années de dérive vers la collaboration de classes. A moins qu’il ne s’agisse purement et simplement que d’un choix délibéré de trahison.
Car le peuple ne peut que se sentir trahi par ces alliances plus que douteuses avec un PS au pouvoir qui l’opprime au profit des riches et des puissants. Que des communistes se rangent aux côtés de leurs oppresseurs, voilà qui va encore à juste titre creuser l’écart entre le PCF et les travailleurs. Faut-il rappeler aux dirigeants du Parti que les citoyens, loin des intrigues de salon, doivent se battre tous les jours pour se défendre et assurer tant bien que mal leurs fins de mois ? La « stratégie » des communistes pour que quelques-uns puissent conserver leurs sièges sera appréciée comme il se doit par les électeurs.
Les raisons invoquées officiellement, par exemple atteindre 30% de logements sociaux dans la capitale, ne sont que des prétextes. Certes, les logements sociaux sont indispensables, mais ce n’est pas 30% de logements sociaux que nous voulons, c’est 100% ! En agissant ainsi, le PCF ne fait que confirmer son accompagnement du capitalisme, puisqu’il s’agit, comme pour tous les réformistes, non pas de renverser ce système inique générateur d’injustices permanentes, mais simplement d’arrondir les angles en le maintenant en place. La collaboration de classes serait-elle la voie royale du PCF ?
Concernant le Front de Gauche, les alliances avec le PS conduiront soit à renforcer le Parti de Gauche de Mélenchon, soit à affaiblir encore plus un Front qui malgré tout restait un espoir pour nombre de citoyens.
Pire, en cette période très dure pour le peuple, l’alliance du PCF avec le PS apporte de l’eau au moulin du FN de Marine Le Pen, dont le slogan venu des mouvements fascistes des années trente, « Tous les mêmes, tous pourris », sera confirmé aux yeux des citoyens les plus modestes. Surtout si l’on y ajoute l’effacement idéologique du PCF, devenu inaudible à force d’être consensuel.
Le PCF vit encore sur ses luttes passées, lorsqu’il menait efficacement la lutte au nom de tous les travailleurs et pour l’avènement d’une société égalitaire. Il y a longtemps qu’il a abandonné ses positions de classe. Combien de temps encore fera-t-il illusion auprès des travailleurs ?
Nombre de communistes, pour qui la lutte des classes est une réalité de tous les jours et pour qui la collaboration de classes ne peut que conduire à renforcer l’exploitation des citoyens, ont déjà déserté un parti dans lequel ils ne se reconnaissent plus. Mais nombre d’entre eux continuaient malgré tout à soutenir le Parti par leurs votes. Nul doute que d’aucuns iront cette fois-ci grossir les rangs des abstentionnistes. Or, on l’a vu lors de toutes les dernières consultations électorales, ce sont les abstentionnistes qui permettent au FN d’augmenter ses pourcentages.
Cette dérive électoraliste supplémentaire, pour quelques bols de soupe institutionnelle, va pousser un peu plus le PCF vers sa disparition, et pousser un peu plus un certain nombre d’électeurs dans les bras de l’extrême droite.
Quand un parti qui se dit communiste n’a plus pour seul objectif que d’assurer sa survie institutionnelle en allant à l’encontre des intérêts du peuple, alors un tel parti mérite-t-il encore d’exister ? C’est la question que nombre de communistes peuvent se poser.
Michel Strausseisen