Propos sur la DICTATURE – Par Bertrand Renouvin

Dans l’avion qui le ramenait d’Israël le 24 janvier, Emmanuel Macron s’est répandu en propos étranges ou scandaleux, parmi lesquels se trouve une phrase souvent commentée : “Une dictature c’est un régime où une personne ou un clan décide des lois”. Certains ont dit avec plus ou moins d’ironie que la définition lui convenait à merveille. N’exagérons pas !
Au sens moderne, une dictature est un pouvoir absolu exercé dans une relation immédiate – sans médiations – avec le peuple. Tel n’est pas le cas. Nous sommes confrontés à une subversion oligarchique de nos institutions politiques et administratives mais celles-ci conservent une capacité de résistance, démontrée par le Sénat lors de l’affaire Benalla et par la sévérité de l’avis rendu par le Conseil d’Etat sur le projet de réforme des retraites. Cette résistance est faible et, depuis vingt ans, la dérive oligarchique nous a entraînés hors de la tradition républicaine : la finalité du pouvoir n’est plus l’intérêt général, mais l’intérêt d’un clan qui mène ses opérations dans une confusion croissante des pouvoirs et des fonctions.
La Constitution de la Vème République respectait le principe fondamental de séparation des pouvoirs. La force de l’exécutif était assurée mais le régime parlementaire demeurait et il y avait une nette distinction entre le président de la République, en charge de l’essentiel, et le Premier ministre. Le phénomène majoritaire a souvent permis d’organiser une chaîne de décision reliant la Présidence, le gouvernement et l’Assemblée nationale mais les périodes de cohabitation nous ramenaient à la réalité parlementaire du régime (1). Nous avons souvent fait la critique de cette organisation des pouvoirs, qui instituait le conflit entre le Président et le Premier ministre et qui ne permettait pas d’affranchir l’arbitrage présidentiel des enjeux partisans.
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