La VICTOIRE SOVIÉTIQUE dans la Seconde Guerre mondiale et la RÉÉCRITURE DE L’HISTOIRE par les pays occidentaux – Un entretien avec l’historienne Annie LACROIX-RIZ
Annie Lacroix-Riz, historienne, professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université Paris VII et militante politique, revient sur la victoire soviétique dans la Seconde Guerre mondiale et la réécriture de l'histoire par les pays occidentaux.
RT France : Bonjour, pouvez nous nous expliquer pourquoi ce jour est aussi important dans l'histoire contemporaine russe ?
Annie Lacroix-Riz : On peut penser que c’est parce que c’est le jour de la signature, je dirais qu’il symbolise quelque chose d’important puisque la résistance ou l’acharnement allemand ont été portés jusqu’à la dernière extrémité : c’est le 9 mai que tombe Prague et par conséquent c’est évidemment une image du caractère long, acharné, impitoyable de cette guerre qui a été pour la Russie une véritable guerre d’extermination. Le fait évidemment que le 8 mai ait été célébré, même s’il pouvait y avoir un représentant soviétique, pratiquement comme une victoire occidentale, ça exigeait je présume autre chose mais cette autre chose, je viens de le dire, c’est quelque chose qui illustre remarquablement à quel point, sur le plan militaire, cette victoire de mai 1945 a été une victoire soviétique.
Parce qu’on le sait depuis plus de 50 ans puisque ça apparaissait dans un ouvrage américain célèbre de Gabriel Kolko sur la politique de guerre des États-Unis, grosso modo la guerre a été impitoyable pour la Russie et c’est la Russie qui a supporté la quasi-totalité de l’effort militaire. Il vient d’être d’ailleurs réédité, parmi tant d’autres, un ouvrage qui rappelle la correspondance entre Staline et Churchill - je pense à un ouvrage à trois, dont un historien russe décédé. Sur cette correspondance, elle rappelle qu’à toutes les étapes jusque, grosso modo, au débarquement du 6 juin, l’Union Soviétique a supporté la guerre à partir de juin 1944, dont il faut rappeler aussi à l’Ouest que c’est possible parce que l’Union Soviétique livre l’Offensive Bagration qui suppose un tel effort que ça libère des forces pour les Occidentaux.
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