L'ALLEMAGNE en procès. Pourquoi et par qui ? - Par Jean LÉVY
Outre Poutine, Xi Jinping et Trump, comme leaders politiques, la Russie, la Chine et la Corée du Nord comme États, "Le Monde" est sur le point d'ajouter à sa liste noire, l'Allemagne et son actuel chancelier, Olaf Scholz.
Nous avons déjà noté les admonestations exprimées dans ce quotidien à l'égard de notre voisin d'outre-Rhin, qui, il y a peu de temps encore, constituait, au sein de notre continent, et selon les formules : le "couple idéal" et "le moteur" de l'Union européenne.
Les sourires de ces temps harmonieux ont fait place aux grimaces.
"Le Monde", daté du 3 novembre, fait la part belle au rappel à l'ordre.
Occupant une demi-page du journal, , Chloé Ridel, la directrice-adjointe de l'Institut Rousseau, n'y va pas par quatre chemins : sa prestation a pour titre :
"Si l'Allemagne ne change pas de modèle, il faudra l'y contraindre".
L'auteur fait d'abord allusion à la période où la Grèce, traitée en colonie par l'UE et pillée par l'Allemagne d’Angela Merkel, et au lieu bruxellois où se prennent les décisions européennes, le sujet en discussion étant nommé "l'éléphant", en tant que sujet bien encombrant.
De cette évocation, la directrice-adjointe de l'Institut Rousseau pose la question : "Mais l'éléphant était-il celui que l'on croyait ?" et y répond : catégoriquement :
"Depuis vingt ans, un éléphant a pris beaucoup de place dans cette pièce quitte à écraser les autres pour son confort (...) Cet éléphant, c'est l'Allemagne".
Et de poursuivre l'acte d'accusation :
"Par une forme d'aveuglement devant les nouvelles réalités du XXIème siècle et face au régime autoritaire de Vladimir Poutine, par sa volonté d'imposer son orthodoxie budgétaire, par son refus d'amender un modèle économique tourné vers l'exportation qui lui réussissait mais qui affaiblissait l'autonomie européenne, l'Allemagne s'est comportée comme un hégémon (celui qui exerce l'hégémonie) (...)
En fait, les critiques adressées aux dirigeants allemands portent sur la stratégie que met en oeuvre le nouveau chancelier. En allant à Pékin rencontrer le président chinois pour finaliser de nouveaux accords économiques - et la cession partielle à une compagnie chinoise du port de Hambourg - l'Allemagne poursuit une politique d’État, centrée sur l'exportation.
Première puissance industrielle et monétaire de l'Union européenne, reconnue comme telle par le Traité de Maastricht (alors que la France acceptait d'être la championne du...Tourisme (Et de devenir ainsi le "bronze-cul" de l'Europe), notre voisine imposait sa prédominance économique en exportant tous azimuts sa production industrielle.
En priorisant les intérêts économiques allemands au détriment de la solidarité bruxelloise, Olaf Scholz défend le principe de souveraineté nationale, si décrié dans notre pays.
Cette politique conduit aujourd'hui l'Allemagne à préserver ses partenaires commerciaux, essentiellement la Chine, mais aussi la Russie, fournisseur du gaz à prix convenu. Et cela, au moment où la crise économique frappe les états où domine le capital financier. Celui-ci poussant à l'affrontement commercial et militaire avec les nations réticentes à leur soumission au "nouvel ordre mondial', mis en œuvre à Washington sous la houlette de l'Otan.
Dans cette situation, la politique d'outre-Rhin du 'chacun pour soi' heurte ses partenaires européens, d'où les campagnes contre Olaf Scholz et sa politique, vis-à-vis de laquelle «Le Monde" se fait l'un des procureurs les plus zélés.
JEAN LÉVY