Grève à l'usine PSA d'Aulnay-sous-bois : briser le mur du silence
Vous lirez, ci-dessous, le texte du tract que le Groupe CRI a diffusé samedi 24 mars dans la manifestation parisienne des travailleurs en grève de l’usine PSA d’Aulnay sous bois en Seine-Saint-Denis. Que l’on partage ou non l’intégralité de son contenu , ce texte a le mérite de briser le mur du silence élevé par les grands médias autour de ce mouvement gréviste.
IL EST URGENT QUE LA GRÈVE S'ÉTENDE À TOUT P.S.A .!
LES SYNDICATS DOIVENT Y APPELER ET L'ORGANISER !
LES SALARIÉS PEUVENT SE RÉUNIR PARTOUT ET L'IMPOSER !
Les grands groupes automobiles font des profits colossaux. La direction de PSA essaie de faire croire qu'elle a des difficultés, en affichant pour 2006 un bénéfice net de « seulement » 176 millions d'euros. Mais c'est parce qu'elle a inscrit 855 millions de provisions dans son bilan : son bénéfice réel est donc de plus d'1 milliard ! Quant à Renault, ses profits explosent, atteignant 2,9 milliards ! Dans le même temps, les suppressions d'emplois se multiplient : il y a en a eu 10 000 en 2006 et 20 000 sont prévues pour 2007. Les intérimaires sont les premiers touchés par ces mesures. Les patrons proposent des augmentations de salaires dérisoires : 1,5 % chez Renault, 1,6 % à PSA, alors que la hausse des prix a atteint 1,6 % en 2006. Les conditions de travail ne cessent de se dégrader : allongement du temps de travail, hausse des cadences, pression sur les congés maladies, etc. Cela s'est tragiquement exprimé par les suicides en série de travailleurs à Renault-Guyancourt.
Ces maux ne sont pas le fruit des circonstances : c'est la logique même du système capitaliste. Pour attirer les capitaux, les patrons s'efforcent de faire un profit maximum. Par leur lutte, les travailleurs obtiennent des victoires partielles, mais elles sont toujours provisoires : dès que le rapport de force se modifie, les patrons reprennent ce qu'ils ont dû céder. Dans les vingt-cinq dernières années, profitant de la capitulation croissante des bureaucraties syndicales réformistes, de l'affaiblissement des syndicats et du recul de la conscience de classe, les patrons ont repris une grande part de ce qu'ils avaient dû céder après la Seconde Guerre mondiale face à la menace d'une révolution. Ils ont obtenu des gouvernements de droite comme de « gauche » toute une série de mesures de régression sociale (allongement du nombre d'annuités pour la retraite, baisse des remboursements de l'assurance maladie, accroissement de la précarité et de la flexibilité, etc.) Car tous les partis qui acceptent le capitalisme, qu'ils soient de droite ou de gauche, ne peuvent qu'aider les patrons dans leur recherche du profit maximum. De même, les bureaucraties syndicales, parce qu'elle sont réformistes, signent des accords honteux, en faisant gober aux ouvriers les arguments du patron concernant ses prétendues difficultés, au lieu d'aider les travailleurs à se mobiliser. Ainsi, à PSA, la part des salaires dans les coûts de production est-elle passée de 16% à 7%. Pour en finir avec les salaires de misère, les cadences infernales, la pression permanente, la précarité, il n'y a pas d'autre solution que d'arracher les grandes entreprises aux capitalistes, d'imposer leur nationalisation sans indemnités ni rachat et sous contrôle des travailleurs. Mais ce n'est pas pour avoir l'État capitaliste comme patron ! Cette lutte implique le combat pour un gouvernement qui ne soit pas au service des capitalistes, qui rompe avec le capitalisme : un gouvernement des travailleurs, élu et contrôlé démocratiquement comme l'est le comité de grève à l'échelle de l'usine.
Les ouvriers de PSA-Aulnay se sont mis en grève le 28/02 pour l'embauche des intérimaires, la hausse de salaire de 300 euros pour tous et l'embauche à 1525 euros minimum. Le catalyseur du mécontentement a été la grève victorieuse des ouvriers d'un sous-traitant de PSA, Magnetto. Profitant de la nécessité pour leur patron de livrer les commandes, ils ont obtenu en 3 jours de grève 130 euros d'augmentation (+ 10 %), l'embauche d'une dizaine d'intérimaires et 5 jours de congés supplémentaires. La CGT d'Aulnay a popularisé cette lutte par un tract auprès des salariés de PSA. Mais la grève d'Aulnay, si elle rencontre la solidarité de nombre d'entre eux, reste pour le moment minoritaire. Entre le 28/02 et le 17/03, la grève a empêché 7 000 C2 et C3 d'être produites, soit environ 40 % de la production normale.
Or la direction de PSA veut d'autant moins céder qu'une victoire de la grève d'Aulnay, même partielle, ferait tâche d'huile. Dans ces conditions, comment gagner ? Les grévistes, organisés dans un comité de grève élu démocratiquement, cherchent à juste titre l'appui des autres salariés de PSA, des usines de la métallurgie environnantes et des syndicats. Mais pour gagner, il faut non seulement de la solidarité, mais l'extension de la grève à d'autres usines, à commencer par celles de PSA ailleurs en France. En effet, c'est la condition pour porter un coup plus sévère à la production de PSA et par là à ses profits.
Or l'extension de la grève est tout à fait possible : l'exemple d'Aulnay a entraîné des débrayages dans d'autres usines du groupe, généralement à l'initiative de la CGT, notamment à Mulhouse, Rennes et Poissy. Les grévistes ont défilé au cri de : « Augmentez les salaires, pas les actionnaires », de « Et un et deux et trois cent euros ! » et de « Aulnay, Mulhouse, Sochaux, Poissy, même combat ! C'est tous ensemble qu'il faut lutter ! » De plus, cette effervescence s'inscrit dans un contexte de montée de la combativité dans la métallurgie, notamment dans l'automobile, avec plusieurs grèves victorieuses depuis le début de l'année (General Motors Strasbourg, Renaut-Sovab-Batilly, Renault-Trucks-Venissieux, etc.) et de nombreux débrayages un peu partout, auxquels s'ajoute la puissante grève du 6 mars chez Airbus.
Il ne fait donc pas de doute que si les syndicats appelaient les travailleurs de PSA, des équipementiers et sous-traitants à la grève sur la base des revendications d'Aulnay, les travailleurs s'y engageraient massivement. C'est pourquoi le comité de grève d'Aulnay devrait s'adresser aux syndicats, à tous les niveaux, pour qu'ils appellent à la grève jusqu'à satisfaction ; Il faut se battre pour que, dans toutes les usines de PSA, les directions syndicales convoquent des Assemblées générales et proposent cette grève ; Sans attendre, les travailleurs ont la capacité de s'auto-organiser, d'édifier leurs comités d'usine pour construire et imposer cette grève.